Un jour, un gars qui avait arrêté net de boire, m'a dit la chose suivante:
"L'
alcool, ça coûte cher, ça rend malade, et après les problèmes sont toujours là , voir encore plus graves".
Il avait raison, mais moi j'étais bien pris, au point que quand je lui disais que je venais, il avait de la 8.6 spécialement pour moi, tout comme je lui amenais des Gitanes, parce qu'il était à 5 paquets, mais là c'est lui qui était coincé.
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Vous pouvez sauter la narration de mon "pathos", pour en venir à l'actualité signalée par une ligne de *****************************
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Première chose, j'ai très longtemps pensé qu'il était plus dur d'arrêter de fumer que de boire, avant de me rendre compte que ça dépendait des individus.
C'est vrai q'ayant 65 ans, "j'enterre" plus de potes de crabes du fumeur que d'alcoolisme, comme ma belle soeur, il y a 7 mois, 45 ans, et demain un gars super sympa que j'ai connu arpète en 1971 quand j'ai bossé dans l'imprimerie. Il avait 57 ans, un boulot en or, mais saloperie de clope...
Je vais essayer de ne pas parler de l'illicite dans ce post, surtout de ma dépendance. Je n'ai jamais vu ma mère boire, alors que son 2ème mari (avec qui j'ai donc vécu), était torché quasiment tous les jours; Il y avait le rituel par dessus l'impasse: "Oh, François, tu viens en boire un"? Et c'était la tournée des caves des voisins alentours; Bien que je le dépasse de 16 cms à 17 ans, j'étais "le gamin" ou son "beau fils", mais dans les tournées qui se succédaient, j'étais obligé d'y passediazepam, quietapine,
cannabis,
alcool, r, quand ils ne sortaient pas la gnôle.
Mon père, lui, engagé dans la marine en 1939, torpillé à Gibraltar en 1943, ne buvait que du rouge, et très raisonnablement, disons au max, un litre par jour en mangeant, mais hélas, c'est sa 2ème femme qui se torchait! Un jour un de ses collègues avait été muté en Martinique, et il a voulu me faire goûter le vieux rhum qu'il avait reçu, sauf que sa femme a certifié ne l'avoir jamais vue; Mais je savais bien car sa fille aînée d'une première union faisait la souillon, et un jour ou elle avait pris l'ascenseur avec moi, j'ai vu des flasks dans le cabas; Elle m'a expliqué que c'était "pour maman, mais faut pas le dire à papa".
Bon, si je ne me souviens pas de ma première cuite (j'avais 3 ans) c'est qu'il ne fallait pas laisser trîner des verres de muscat à portée d'un grand bébé...
1962 arrivée dans une ville de 5000 habitants dans le Cantal, ma seule préoccupation était les filles, les surboums, et la mob promise que je n'ai jamais eu; environ 2 ans après, J-A., un ami (décédé à 30 ans d'alcoolisme), pratiquait avant l'heure le binge drinking; Puis on faisait les bals ensemble et quand la drague ne marchait pas, ben devinez?
Je me souviendrais toujours d'un type qui m'a surement sauvé la vie, j'avais chouré une bouteille de pastis au bout d'un comptoir, et à 2 on se l'est torchée au goulot! Je m'étouffais dans mon vomi, quand le gars en question m'a pris vigoureusement un bras sous le ventre en me foutant de grandes baffes dans le dos.
Des comme ça, j'en ai des dizaines en mémoire.
1965, je fais connaissance d'un dénommé Sami, qui avait un look ravageur, blond, cheveux longs lunettes noires tout le temps, et alors qu'on piétinait sur des airs de "Jerk", lui se contorsionnait ét faisait de l'air guitar à genoux devant la scène; mais surtout, il avait un énorme crucifix en ébène et argent et un étui en peau de chèvre, le tout sur un lacet autour du cou; L'étui c'était son shilom (pas de
joints en ce temps), et le bas de son crucifix se dévissait, pour y planquer son Chitral ou son Mazar, même du Bombay black; Bien sur, autour du cou, le "safi" indispensable.
Les claques qu'il m'a fait prendre en me racontant sa route! d'ailleurs il m'a connecté dans un rade vers l'opéra de Marseille, rue du Baignoir il me semble, et on y descendait avec sa 4L pourrave, en mettant 2 jours pour remonter; Puis il a disparu, et en 67, malgré quelques incursions marseillaises, j'ai repris mes petites habitudes festives alcoolisées, jusqu'au 14 juillet, ou dans un accident, ma copine de 17 ans est morte sous mes yeux dans un accident de voiture; Le pote qui conduisait était grammé, j'ai arrêté net, ravagé de chagrin.
Comme j'avais loupé le bac, ma mère m'a trouvé un taf d'élève éduc dans une école de sourds, puis il a fallu que j'aille servir la mère-patrie, à savoir aller passer 11 mois sous les cocotiers d'un atoll du pacifique nommé Hao. Là , la binouse et le cambusard, c'était obligatoire! A l'accueil de Faaa (aéroport et transit de Tahiti, on avait la bière pression gratos, alors on prenait des boîtes d'un litre d'Evian (que je n'ai vu que là bas), on vidait la flotte et on torchait la Manuïa ou la 33 à volonté!
Une fois sur l'atoll, c'était guère mieux: J'étais à la tour de contrôle, 2ème classe, et mon taf le matin, était de passer au bar, prende un carton de 33 mousses, le monter, poser sur un tabouret, et faire givrer la clim pendant que je balayais en attendant les sous-offs... à 13h, la journée était finie, et je redescendais les cadavres avant d'aller manger, puis sieste, plongée, voile, glandouillage, cette fois à la sangria! Car le cambusard était gratos, il suffisait d'aller remplir un seau au mess troupe, couper des fruits dedans, sucre, et mettre de la glace; Dur dès fois de se lever du hamac, d'autant que le soir il y avait toujours une chouille dans un bâtiment proche ou dans le nôtre... L'armée? Excellente occasion pour picoler!
bon, rentré en france je retrouve ma future femme, du taf comme correcteur d'imprimerie, sérieux, toussa, gamin, projets d'appart, sauf que moi qui pesait 69 Kgs fin 70 (pour 1m86, ma mère m'appelait Gandhi, j'étais partiquement à à 90 en 3 ans! Bon, beau-papa fromager qui faisait péter sa pièce de bleu de 3kg5 toute les semaines, ça y faisait, mais aussi le litre de rouge pour 2 repas était devenu un par repas, plus les arrosages au boulot, sorties du soir dans un pub assez souvent n'y étaient pas pour rien; En gros j'aimais bien boire, d'autant qu'on avait monté une confrérie rabelaisienne avec des potes, et qu'on y faisait punch et sangria dans des poubelles plastique, les grosses bleues.
Mon divorce n'a rien eu à voir avec l'
alcool, mon ex ayant préféré son chef de service, un ingénieur qui gagnait 7 fois mon salaire (!) Bast.
mais quoi de mieux qu'une telle situation pour sombrer? Ben je vais en faire hurler certains, c'est l'acide qui m'a sauvé; en effet, j'en prenais tellement que l'
alcool était secondaire vu qu'il ne me faisait rien en trip. Sauf le champagne Laurent-Perrier rosé qui chatouillait agréablement, surtout au lit: faire l'amour des heures en buvant ce nectar et sous acide, une des plus belles expériences de ma vie...
Je raccourcis: pendant mes études, je me tenais à carreau, c'était fumette et acide, mais sage au taf.
Fin du pavé...
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Ma grande addiction a commencé en 1998; Jusque là j'avais un très bon boulot (à mon compte), une femme que j'adorais, que je gatais, c'était certain, je finirais ma vie avec elle!
Coup de tonnerre début 97, contrôle fiscal, 70 000f d'impôts avec "prime" de 300% pour déclaration frauduleuse!
Vu que c'était ma cop's qui s'occupait de ma compta, il y avait un lézard (j'ai su par la suite qu'elle avait omis plein de choses), et je me suis retrouvé avec mes comptes bloqués, impossibilité de travailler, la ruine...
Heureusement, j'avais un peu plus de 50 000balles en liquide, mais je me suis retrouvé au RMI; Puis engueulade un jour, car il manquait 500 balles; Elle avait 2 fils, et le plus jeune 12 ans voulait des "nike".
Grosse colère, le gamin a dit qu'il ne voulait plus me voir, et j'ai failli être à la rue, j'ai même un peu fait la manche, habité une piaule crasseuse, et elle m'a jeté comme un tampax usagé (c'est l'idée qui m'est venue).
Alors pour voir du monde, n'importe qui, ça a été les rades, puis trop cher pour moi, la 8.6, qui faisait vraiment 8°6 et non pas 7°2; je passais mes journées sous un marché couvert ou sur des bancs, et je me rappelle que pour ne pas avoir a faire des aller/retour je demandais de la glace au poissonier (après, la fraîcheur, je m'en foutais, tant qu'il y avait la quantité.
J'étais tellement raide qu'une fois, un copain est venu me réveiller en me disant qu'il avait vu qu'on m'avait taxé ma montre, je n'avais rien senti.
J'ai trouvé un appart de misère, à côté d'un bar, dont j'avais aidé les patrons à leur installation, et même sans une thune, j'avais de bons amis qui me disaient: "pas d'argent entre nous: bois"!
C'était la bière au mètre, les spéciales, les mélanges, en plus de la 8.6 (un jour j'ai retrouvé une étiquette de cette bière collée sur mon pare-brise).
En 1999, j'ai eu un sursaut: remplacement d'un collègue avec beaucoup de monnaie à la clé (j'ai pu me payer une moto, voyage à New-York, un beau VTT, en seulement 72 jours de boulot, oui mais des journées de 16 à 18h), sauf que j'étais toujours sous pression, mais là , au rouge et au pastis que m'offraient les paysans de la montagne...
Puis c'est vraiment retombé après, plus de taf, déprime, et comme je devenais sourd, AH cotorep 80%.
Les premières années après 99, tous les mois de Janvier je m'imposais un mois de pause, que je respectais plus ou moins, mais on va dire que depuis 93, il n'y a pas eu beaucoup de jours ou j'aie peu bu, et quasiment aucun ou je n'ai pas bu; C'était du genre, j'étais sur le voilier de mon cousin à St-Mandrier, je m'escampais jusqu'a la supérette, je prenais 4 bières fortes , j'en buvais 2 sur un banc vers les boulistes, 2 de l'autre côté du port, et en revenant, j'en prenais 4, 2 avant de rentrer au bateau, puis jouant les naïfs je ramenais les 2 autres en lui en proposant une, qu'il refusait; le soir on invitait ou était invités à la cérémonie de la "kémia", et les doses de pastaga sur un bateau, c'est pas les boules de bistrots.
Une chose cependant, depuis cette époque, je me réservais une lucidité après m'être levé pour faire
une chose par jour, genre administration, toubib, banalités...
Puis, dès l'aprèm, je reprenais mon imprégnation, sans vraiment de plaisir, mais comme un junk attend le fix salvateur.
a une époque, j'ai essayé de reprendre de l'activité physique, mais je suis trop cassé de partout, et le tunnel a continué, jusqu'au début de ce mois (mai 2013) ou je devais me rendre dans l'Eure du 8 au 12 pour la concentre annuelle de mon club, une bouffée d'oxygène, même si c'est une chouille de plus, mais sur la route, sobre au max; Mais tout se liguait contre moi: Un ami découvre que mon cadre se coupait en 2, et me ressoude ça au MIG, plus quelques amélioration, un autre réduit une fuite d'air à l'arrière (elle fait quand même 97CV ma mémère, pour ses 220 kgs), et paf! Personne pour garder ma chienne, que j'emmène d'habitude, mais son harnais avait laché.
désespéré, j'en parle à mon frère, qui accepte, vraiment pour "me rendre service". je lui donne ma parole que si j'arrive à faire cette concentre, j'arrête de boire! attention, de boire de façon compulsive, mais je n'exclus pas un coup de vin en mangeant chez des amis ou quelques autres exceptions, je sais que ça ne va pas me pousser à reboire le lendemain, j'ai vu ma volonté quand j'ai stoppé net le
tabac il y a 15 ans (bien sur, pour un
bédo je peux en mettre, mais je préfère les cultures d'amis au shilom ou au
bang)...
Et voilà , ça fait 20 jours que je tiens, et je sais que ça durera, à mo âge, faut ménager la machine, et je m'y prends tard.
Je me marre quand je vais dans un magasin, je tourne la tête en passant devant les binouses, et je regarde les jus de fruits
Pour ce qui est des risques et des aides:Voir mon pédigree dans ma présentation, et j'ajoute que j'ai bossé 2 ans en alcoologie, que je sais qu'il n'y a pas de risque de DT, vu que je m'hydrate suffisamment, que j'ai un organisme robuste, et c'est gonflé, mais j'emprunterais une expression à keith Richards: "ce que je prends moi, vous tuerait peut-être, vous"...
De plus, je pense que j'ai un très bon métabolisme de l'
alcool déshydrogénase, car je n'ai jamais la gueule de bois, jamais mal au crâne, mais vraiment jamais.
Pas de béquille thérapeutique non plus; mon traitement disons "psy", c'est une alternance de'Imovane et de
Noctamide pour dormir, et pas mal de
lexomil, mais il y a longtemps que ce n'est plus efficace, alors des fois, je ne prends que les médocs pour la tension et l'acide urique.
Au passage, j'ai un stock de
Tramadol 200LP, car il n'est plus efficace pour mes douleurs, je prends des AINS qui me conviennent mieux, et même pour un mal de dents, après 2
Tramadol, une bonne vieille paire d'efferalgan me calme quelques heures.
Voilà , "to be continued"!