Désolé pour le titre du post, j'ai rien trouvé d'autre que le nom d'un groupe electro commercial à la con. Je saute enfin le pas ce soir et je m'inscris, après quasiment une dizaine d'années à lire le forum sans oser y participer. En même temps, ayant eu des problèmes de "paradis artificiels" depuis le début de l'adolescence, je sais pertinemment que ma famille et mes proches consultent régulièrement ce forum...
Alors voilà, moi c'est OrgaWZ ; je suis
TDAH suivi depuis l'enfance (CMPP), ancien enfant dit "précoce" (AKA "surdoué", mais je déteste ce terme, je ne me suis jamais estimé supérieur à qui que ce soit et la preuve c'est qu'actuellement je suis hébergé gratuitement et ne suis même pas en mesure d'assumer un emploi à mi-temps...) ; j'ai un problème avec l'autorité en tant que concept primaire depuis ma naissance, et n'ai jamais réussi à me plier à une quelconque contrainte malgré des conséquences parfois désastreuses. J'ai toujours été attiré par les substances provoquant un état de conscience modifié, comme un gamin naïf qui veut tout essayer en premier lieu. Pas par mal-être ni par besoin d'évasion au début, mais simplement pour une raison à la con : je me faisais CHIER. Et l'ennui, ça tue.
Malin et sans AUCUNE limite, j'ai commencé à consommer, d'abord en teuf, et ceci alors que je n'avais pas quinze ans. Du
speed et des peutris d'abord : c'est pas cher, on en a facilement et ça "tient" longtemps. A l'époque je voyais les consommateurs de
coke comme de gros débiles, eux qui finissaient leur truc à 80 balles le gramme en deux heures quand un gramme de bon
speed me faisait une nuit. Evidemment, même si je profitais de mes "capacités" pour prendre les gens pour des cons et m'en tirer en slalomant entre les gouttes de pluie, j'ai vite dû "me démerder" pour trouver de quoi payer mes produits.
Sauf qu'au début, comme je ne consommais qu'en teuf et je ne vivais que pour ça, du coup ça allait. Habitant une grosse ville du sud connue comme une
haschich city (pas difficile à deviner où, ô fada
), je n'avais qu'à me démerder 30 balles, prendre un morceau de
shit commercial à 20e, un à 10, les faire partir au double du prix d'origine, et après c'était parti. On achète 4 ou 5 grammes de deuspi avec les thunes du chichon, en se faisant arranger, on revend au prix de détail on rachète etc etc, en teuf ça va super vite et en deux trois heures j'avais plusieurs centaines d'euros à disposition. Sans compter les traces "pour goûter" ou pour faire goûter, etc. On sait comment ça se passe en friparti...
J'ai fini par vivre de ça, garder des sous et du prod' des teufs du weekend, consommer de plus en plus la semaine, enfin je la fais courte histoire de passer les détails sordides et inutiles. Problème, j'avais une mentalité de gamin totalement naïf, et le fait d'arriver à me démerder "de l'argent illimité" tous les week ends n'a rien arrangé, bien au contraire. J'ai continué à me démerder comme ça, en consommant de plus en plus en dehors des soirées. Mais bon, je faisais du son, y'avait plein de copains et de la tekno à fond, c'était toujours une consommation festive... Enfin, dans ma tronche du moins. Je ne me rendais pas compte que je construisais ma propre prison future. Une méchante surdose m'a conduit à l'hosto en 2006 (on était 5 ou 6 en after d'after de soirée trance en squatt, on a tous sorti un keps d'un prod différent, on a tout vidé à même la table, écrasé, mélangé et tapé, je sais que c'est ce qu'il y a de plus con et dangereux à faire mais c'était y'a douze ans et j'étais un vrai ptit con à l'époque...). Ca ne m'a pas arrêté, bien au contraire.
Et puis est arrivée la
coke. Au début, il n'y avait que très peu de "fours" qui en vendaient (chez nous on parle de "réseau", de "bloc", de "charbon" mais JAMAIS de "four", c'est ici que j'ai appris la signification du terme). Mais j'avais mes plans et j'en gardais toujours quelques grammes de la teuf du weekend précédent. Petit à petit, ça a pris énormément d'ampleur. J'ai commencé à en faire partir pour le compte d'un mec de cité. J'étais encore au lycée à l'époque, à l'école de la seconde chance. J'ai fini par taper tout ce que je devais vendre. J'ai vu trois mecs débarquer chez moi, calibres à la main. C'est ma mère qui leur a ouvert. Je n'en dirai pas plus (elle est vivante, ne vous inquiétez pas. Et moi aussi. Je t'aime Maman !), mais ça a été le début de la véritable galère. J'ai dû partir en planque le temps que ces histoires "se tassent", je devais pas assez non plus pour qu'on me cherche vraiment jusqu'à loin. Parallèlement, j'ai connu ma première véritable histoire d'amour et me suis fiancé. A l'époque, je ne me rendais pas compte que mon mode de vie n'était absolument pas viable à long terme. J'étais plus fort et plus malin que tout le monde et c'était tout ce qui comptait. En teuf, tout le groupe me confiait les thunes et j'étais fier de les faire fructifier.
J'ai continué à consommer de plus en plus jusqu'à me retrouver dans des milieux où c'était banal comme de se servir un verre d'eau. Puis je me suis retrouvé seul. Plus de contact avec ma famille, ni proche ni plus éloignée. Obligé de donner dans des combines de plus en plus craignos pour pouvoir continuer. Toujours dans la fuite en avant. J'ai finalement pris un taf de livreur de pizzas pour avoir au moins une façade légale pour justifier mes revenus ; parallèlement, j'enchaînais les faux constats, les coups d'assure, les crédits à la conso. sous une fausse identité ; j'ai bien essayé de vendre du prod', mais par rapport à ce dont j'avais besoin niveau conso, c'était juste impossible. Cette période s'est terminée par 92h de geole et une jolie condamnation, heureusement j'ai bénéficié d'une injonction thérapeutique, en ambulatoire vu que j'avais un emploi et un logement. Ouf. Je tapais facilement le double des quantités quotidiennes que je me faisais avancer pour vendre. Ca m'est souvent arrivé de faire un coup pour payer en temps et en heures et faire semblant d'avoir vendu ce que je devais ; chez nous, PERSONNE n'avouera jamais qu'il consomme régulièrement. En cité tout le monde tape/base/shoote mais si t'écoutes les gens personne prend rien...
J'ai fini par décrocher un contrat aidé en plus des livraisons, à l'époque je travaillais entre 50 et 60h par semaine en plus du biz. Il m'est arrivé de partir livrer en dehors de ma ville, en booster spirit, dix minutes après le dernier pipe d'une session
base de 4 grammes. A l'époque, mon patron me conseillait de mettre de l'autobronzant ou de me maquiller pour pas avoir la gueule d'un crackhead en
descente quand je débarquais chez le client. Je l'ai fait.
En 2010, suite à un changement des termes d'attribution des contrats aidés, j'ai perdu mon emploi associatif. Démoralisé, j'ai quitté mon taf de livreur et revendu mon scooter peu après, brûlé tous mes documents officiels et disparu de la circulation pour plusieurs mois. Me sachant sur la corde raide, je me suis interdit toute conso de
coke. J'habitais à l'époque chez une ex qui avait une vingtaine d'années de plus que moi et qui savait comment m'empêcher de déraper. Et il en fallait pour ça...
De fil en aiguille j'ai découvert la MAO et commencé à composer du son. A ma séparation d'avec cette ex, j'ai petit à petit repris contact avec ma famille et ai entrepris une formation équivalente à un BTS financée par la mission locale. C'était en 2012. Au milieu de ma formation, je me suis fracturé le tibia très salement (double fracture plurifragmentaire tibia-péroné avec une tonne de complications, dont un syndrome des loges qui m'a laissé en environnement stérile avec une incision et un bifteck qui dépasse, si Prescripteur passe par là il saura de quoi je parle...). C'était suite à une rechute, je me suis fracassé devant un réseau parce qu'une voiture de chatrds est passée et que tout le monde s'est affolé.
Après ça, j'ai connu des hauts et des bas tout en essayant d'arrêter ; mais ma ville a été submergée de
coke, c'était la folie, on en trouvait quasiment à tous les coins de rue, et vraiment pas dégueulasse si on savait à quel coin de rue chercher. J'ai commencé à devoir consommer d'autres produits pour atténuer les
descentes, qui se faisaient de plus en plus insupportables et interminables. Avec les conséquences logiques, comas éthyliques dont le dernier l'année dernière, black outs sous benzo avec mise en danger genre emprunter les clés d'un pote et partir courir les cités à 5h du matin pour un demi gramme, etc etc. Je n'ai JAMAIS connu de sensation plus désagréable qu'une
descente de
coke basée/shootée. Et de très loin. Même la douleur de ma fracture était plus supportable, et pourtant je suis encore à 300mg de
lyrica par jour 6 ans après.
Progressivement, j'ai réussi à diminuer la
coke. Mais les autres produits prenaient de plus en plus de place pour atténuer, je commençais à picoler comme un cochon alors que je n'ai JAMAIS été porté sur la bouteille avant ça et je gobais les benzos comme des smarties.
J'ai quand même réussi à acquérir une petite notoriété dans le milieu festif et artistique qui m'intéressait, j'ai commencé à jouer régulièrement en club,
festival, soirée légale, à prendre des cachets (d'artiste, des thunes, pas des
taz :-P ), etc. Et c'est la seule chose qui m'a sauvé.
Aujourd'hui, je suis à la recherche d'un second emploi car la musique ne paye pas assez et que les conséquences du passé sont encore bien présentes, et je suis marqué au fer rouge par mes condamnations passées ; j'ai encore du sursis mise à l'épreuve, une saisie administrative sur tous mes comptes en banque et prête-noms (tous les comptes sur lesquels j'ai ne serait-ce qu'une procuration sont gelés...), il me manque la moitié de mes dents, je suis insomniaque au dernier stade et totalement résistant à tout traitement médicamenteux (et c'est pas faute d'avoir un médecin compréhensif pourtant, je vois le même toubib depuis plus d'une vingtaine d'années, il connaît mon passé, et il me prescrit souvent plus de
noctamide qu'il a le droit par rapport à l'AMM), je suis totalement handicapé financièrement, habitué à avoir de l'argent facile je ne sais pas vivre sans trop dépenser, même les mois où je n'ai que le RSA, il me fait une semaine, et ce sans acheter ni consommer de drogue... Mais je suis vivant, bien entouré, et plus que tout, j'ai la rage de m'en sortir.
J'ai une famille en or qui a su se documenter, écouter et prendre patience, c'est pourquoi je n'ai plus peur que qui que ce soit lise ce message. Je sais pertinemment que si quelqu'un est du quart sud-est de la france il me reconnaîtra sans doute, mais je n'ai aucune honte et j'assume mon passé.
Un verre de Rince Cochon à votre santé à tous ! Je suis soulagé d'avoir enfin pu sauter le pas, je vous lis depuis un sacré paquet d'années, et il y a un nombre incalculable de posts auxquels j'aurais voulu réagir, sans jamais pouvoir...
Dernière modification par OrgaWZ (02 mars 2018 à 00:28)