Pétard français !Publié le 12 septembre
La quantité de cannabis produite et consommée en France représente 12% de la consommation globale Des policiers du Gard ont réalisé une saisie impressionnante de 1 800 plants de
cannabis sous serre, d'une valeur de près de 5 millions d'euros.
Atlantico : Ce lundi 9 septembre, 1 800 plants de
cannabis, soit une valeur marchande de 5 millions d'euros, ont été retrouvés dans le Gard. D'où provient ce
cannabis consommé et transformé par les Français ?
David Weinberger : Ici il s’agit d’une production française a priori à destination de la France. De façon plus générale, en Europe, la production est plutôt localisée aux Pays-Bas, au Royaume-Unis et plus récemment en Espagne ou en Italie. On constate une production de
cannabis intra-européenne destinée à la revente dans les différents pays européens, ce qui présente l’avantage pour les trafiquants de ne pas avoir à passer les frontières. C’est un phénomène qu’on identifie de manière croissante depuis les années 2000, surtout aux Pays-Bas, et qui dans les années 2010 s’est étendu aux autres pays européens.
La production locale est-elle en hausse ? Est-ce un business en hausse depuis la crise ou s'agit-il de production personnelle ? Que risque-t-on ? L’INHESJ a publié une étude en 2010 qui montrait plusieurs catégories. Sur les cannabiculteurs : 50% des interpellés font de l’auto-production, 30 à 40% entretiennent un petit réseau proche avec des éventuels effets de reventes et de dons, et enfin 5 à 10% de cannabiculteurs sont des commerciaux. Par contre, ces derniers produisent beaucoup, environ 40% du
cannabis français.
Le marché à surtout suivi l’augmentation de production de
cannabis en Europe, depuis que la résine de
cannabis marocaine ne suffit plus à répondre à la demande européenne, d’où l’installation d’un nouveau produit : l’herbe de
cannabis produite en indoor qui s’impose comme un produit complémentaire. On voit dans les cités aujourd’hui des offres constituées de résine et d’herbe de
cannabis, essentiellement produite en Europe.
La législation française ne fait pas de différence entre les produits, on risque 20 ans de prison pour production de drogue et 30 ans en bande organisée. Dans les faits, les magistrats contextualisent la situation et donne des peines en adéquation avec le profil des cannabiculteurs.
Quels sont les réseaux criminels sollicités pour acheminer du cannabis en France ?On a identifié des réseaux criminels plutôt néerlandais, ces derniers ont une posture d’expert et vont vendre leur savoir-faire à d’autres criminels locaux. Sur le
cannabis produit en France, on observe des personnes venues des milieux locaux, qui se lancent dans la production de
cannabis et qui payent un expert néerlandais pour l’aider à mettre en place sa plantation et à produire du
cannabis de bonne qualité.
Quelles sont les évolutions qu'a connues le marché du cannabis en France ces dernières années ?Jusqu’à la fin des années 90, l’essentiel du marché était de la résine en provenance du Maroc, avec une seule qualité de résine. Depuis, on a vu une professionnalisation du marché, avec l’apparition de l’herbe qui a une forte contenance en substance active (THC) et différents taux de qualité de résine avec des prix variables. Le
cannabis de basse qualité se vend entre 3 et 5 euros le gramme et celui de bonne qualité peut dépasser les 10 euros par gramme. Un plan de
cannabis acheté entre 50 centimes et 1 euro peut produire entre 100 et 400 grammes tous les 4 mois, donc un plant peut facilement rapporter entre 3000 et 10000 euros par an. La quantité de
cannabis produite et consommée en France représente 12% de la consommation globale française. Ce marché global est estimé à 835 millions d’euros. Les français sont de gros consommateurs de
cannabis, nous sommes dans le top 3 des pays où le
cannabis est le plus consommé avec l’Espagne et le Royaume-Uni.
Comment expliquer que pendant longtemps la France a été moins imprégnée que ses voisins européens par le marché de l'herbe dans des réseaux criminels ?L’innovation du
cannabis indoor, a été développée aux Etats-Unis puis est arrivée aux Pays-Bas. A partir des Pays-Bas, on a vu un cercle concentrique de la diffusion de l’innovation qui a plutôt touché les pays où il y avait peu de
cannabis présent : le Royaume-Uni par exemple, car la résine était très chère et peu présente. Dans les pays du sud, proche du Maroc, la diffusion de l’herbe s’est fait plus lentement, mais les consommateurs ont des demandes plus élaborées qu’il y a quelques années.
Propos recueillis par Manon Hombourger
Source :
http://www.atlantico.fr/decryptage/cann … 39947.html