Le Pérou, le nouveau pays de la coca sur RFIhttp://www.rfi.fr/moyen-orient/20130925 … o-huallagaREUTERS/Mariana Bazo
Par Chrystelle Barbier
Tous les ans, l’office des Nations unies contre la Drogue et le crime publie un rapport sur l’évolution de la production de coca, cette feuille essentielle à l’élaboration de
cocaïne. Une feuille produite dans la région andine. Cette année cependant, le trio de tête change. Ce n’est plus la Colombie, mais le Pérou qui devient le plus gros producteur de coca au monde.
Correspondante à Lima,
Pour la première fois depuis 2002, date à laquelle les Nations unies ont commencé à élaborer ce rapport sur l’évolution de la production, le Pérou dépasse la Colombie et devient le premier producteur de feuilles de coca au monde.
Cela fait déjà plusieurs années que l’on s’attendait à ce résultat et que les deux pays sont au coude-à -coude en matière de production de feuilles de coca et, par conséquent, de
cocaïne.
L’an passé, les Péruviens avaient fait leur possible, en jouant avec les chiffres et les techniques de calcul des surfaces, pour ne pas devenir le fameux numéro 1. Cette année, il leur est vraiment devenu impossible de nier les faits. Selon le rapport du Bureau des Nations Unies contre la drogue et le crime, la surface occupée par les arbustes de coca est de 60 400 hectares, contre 48 000 hectares en Colombie.
Le poids de la consommation traditionnelle
Près de 12 000 hectares de plus, en un an, c’est beaucoup. Mais les Péruviens arguent qu’il existe dans leur pays une consommation traditionnelle de la
feuille de coca, beaucoup plus qu’en Colombie. Elle est consommée de manière traditionnelle en infusion : le fameux «mate de coca» qui aide à lutter contre le mal de l’altitude notamment. De plus, de nombreux Péruviens «chacchent» la feuille, c’est-à -dire qu’ils la mastiquent, pour se donner de la force et couper la faim.
â–º A (ré)écouter: Prolétaires de la
cocaïne au Pérou
Les autorités péruviennes estiment que 9 000 tonnes sont destinées à cet usage dit traditionnel. Cela signifie donc qu’en 2012, 86 % de la production, évaluée à 128 000 tonnes allaient au narcotrafic. Mais cela ne change pas les faits. Le Pérou est bien, et de loin, le premier producteur de feuilles de coca au monde. Alors que la Colombie a réduit de 25 % ses cultures, le Pérou les a seulement réduites de 3,4 %.
Alors que le narcotrafic au Pérou augmente, il est mis en échec en Colombie. Les pays producteurs de feuilles de coca comme le Pérou et la Bolivie (photo) récupèrent le marché du trafic de drogue.
24/06/2011 - DROGUES / ONU / PEROU
Feuilles de coca,
cocaïne : les "mauvais chiffres" du Pérou, selon l'ONUDC
Un premier recul de la production en 7 ans
Une réduction faible, certes, mais c’est la première enregistrée au Pérou en sept ans. C’est d’ailleurs ce sur quoi ont tenté de communiquer les autorités péruviennes, pour faire oublier une première place dont personne ne voulait. La surface et la production de feuilles de coca ont notamment baissé dans le centre du pays, dans l’Alto Huallaga. Un bon résultat qui serait dû, selon l’ONU, au travail d’éradication mené par les autorités. Un travail qui consiste à détruire les arbustes. En 2012, 14 000 hectares ont été éradiqués, soit 38 % de plus que l’année précédente. Et cela devrait augmenter en 2013.
→ A Visiter : la carte interactive sur les drogues (Office des Natiuons unies contre la drogue et le crime)
Mais si les informations sont connues concernant la production de feuilles de coca, celles concernant la production de
cocaïne sont plus floues. On n’en sait pas beaucoup plus qu’en 2008, date à laquelle ont été faites les dernières évaluations. L’ONU serait en train d’élaborer un rapport, promis pour la fin de l’année. Mais ce rapport devait être prêt il y a déjà des mois.
Les calculs de 2008 estimaient que 302 tonnes étaient produites au Pérou. Aujourd’hui, on sait que le prix du kilo de
cocaïne élaboré sur le sol péruvien est de 993 dollars. C’est le prix le plus bas des pays andins, puisque le prix du kilo de
cocaïne en Colombie est de 2470 dollars. Des prix qui font évidemment du Pérou un pays très attractif pour les narcotrafiquants qui n’hésitent plus à envoyer des petits avions de tourisme pour sortir la drogue du pays, à destination surtout du Brésil et des pays européens.