La RDR en CSAPA, compte-rendu de l´atelier des Journées Nationales de la Fédération Addiction, à Toulouse le 7 et 8 juin.Le Réseau Français de
Réduction des risques organisait un atelier sur « la
RDR en
Csapa » lors des 2èmes Journées de la Fédération Addiction. Cet atelier a réuni plus de 200 personnes.”¨”¨
En 2009, les CSST (Centres Spécialisés de Soins aux Toxicomanes) et les CCAA (Centres de Consultation Ambulatoire en Alcoologie) fusionnent sous le statut unique de
CSAPA (Centres de Soins, d´Accompagnement et de Prévention en Addictologie). Parmi les missions « obligatoires » de ces nouveaux établissements médico-sociaux, il y a la
RdR auprès des patients qu´ils accompagnent. Il en résulte un nouvel enjeu pour la
RdR : intégrer les différentes dimensions du soin en addictologie, dans toutes les déclinaisons des
CSAPA (ambulatoire, résidentiel, pénitentiaire …). ”¨Cette évolution répondait aussi à la volonté constante de la Fédération d´articuler sans les opposer les approches
RdR et soins. ”¨ L´objectif de cet atelier était de continuer à décloisonner les champs de la
réduction des risques et de la prise en charge de l´addiction, en présentant des expériences exemplaires, en milieu rural et urbain.
”¨”¨La directrice de l´association « Espace » à Montargis, Anne Clerc, a présenté un projet de bus
CSAPA. En milieu rural, il n´est en effet pas question de multiplier les structures fixes (et donc les coûts), c´est un bus qui fait office de centre
méthadone mobile tout en proposant des services de
réduction des risques comme la distribution de matériel de consommation ou les TROD (tests rapides VIH ou VHC). Cette association a intégré dans son lieu fixe des projets d´insertion, ouvrant une piste de développement pour la
RDR, trop souvent limitée à la réduction des seuls risques sanitaires et infectieux, sans se préoccuper de la prise en compte des inégalités sociales.”¨”¨
Au niveau urbain, Brigitte Reiller, médecin au CEID à Bordeaux, a détaillé le fonctionnement du Centre Planterose, installé en centre ville. Il propose dans un même lieu, les services d´un
CSAPA et d´un
CAARUD. Même si officiellement le
CSAPA est ouvert le matin et le
CAARUD l´après-midi, ce sont les mêmes professionnels avec les mêmes outils qui accueillent les usagers tout au long de la journée, ce qui favorise l´évolution des pratiques dans le sens d´une approche intégrée. Cette structure propose des services de
réduction des risques que pourrait développer tout
CSAPA, tels que l´information sur les produit psychoactifs, les conseils de
réduction des risques, les tests de dépistage, des examens par le FibroScan, l´accès aux traitements VIH et VHC, la vaccination contre le VHB, l´accès au matériel de consommation…
”¨Ce qui réunit ces deux expériences, et qui est déterminant pour la
RDR en
CSAPA, c´est l´adoption par les professionnels d´une posture qui n´est pas prescriptive d´un comportement. Les professionnels ne décident pas à la place de l´usager, ne cherchent pas à imposer l´abstinence. Au contraire, chacun a pour fonction de recevoir l´usager là où il en est, y compris dans l´ambivalence de ses demandes, dans ses aménagements pour poursuivre ou non ses consommations. Dans ce cadre, le traitement de
substitution aux
opiacés par exemple est autant un outil de soin que de
réduction des risques, pour aider à gérer ou arrêter les consommations d´opiacés illicites. Dans ce cadre également, les notions de « haut seuil » ou de « bas seuil » n´ont plus de sens, puisqu´il s´agit de mettre en place un seuil « adapté » à la situation de chaque usager mais également dans une perspective évolutive. Enfin, la distribution de matériel de consommation, qui semble la mesure la plus délicate à mettre en œuvre dans les
CSAPA prend également tous son sens, puisqu´il s´agit d´accompagner les usagers dans un parcours de consommation qui n´est jamais linéaire et peut passer par des phases de consommation et d´arrêt.”¨
Après ces deux interventions, le débat avec la salle a permis à plusieurs personnes de poser des questions sur ce que pourrait être une
RDR en
CSAPA, notamment dans les
CSAPA résidentiels. Des exemples ont pu être donnés, dont celui de la communauté thérapeutique de Barsac qui réfléchit à l´intégration d´une « dose » de
réduction des risques.
”¨”¨Les réactions positives à cet atelier montrent que la
RDR ne doit plus être l´apanage des seuls
CAARUD. Elle peut prendre place en
CSAPA sans nuire aux autres objectifs des missions de soins qu´ils proposent, ni sans craindre de se substituer à l´action plus spécifique des
CAARUD. Elles témoignent d´un changement de paradigme parmi les professionnels de santé qui intègrent pleinement l´apport d´une
RDR qui ne se limite plus à la seule prévention des risques sanitaires, mais s´ouvre sur un accompagnement de l´usager. D´autant que cet atelier a été complété par un autre, lui aussi ayant rencontré un fort succès, sur la réduction du risque
alcool. Cette réflexion devrait se prolonger sous différentes formes, notamment une formation un support document 4 pages de la Fédération Addiction et cet atelier, sous une forme renouvelée, sera certainement prolongé et proposé à nouveau en juin 2013, aux 3èmes Journées à Besançon d´autant que la littérature internationale tend aussi à confirmer que les approches intégratives (offre de prestations diversifiées dans le même service :
TSO et échange de seringues par ex.) sont les plus efficaces aussi bien en matière de
RDR, d´accès aux soins que de traitement de l´addiction.
Source : reseaux francais
reduction des risques