C'est clair que c'est un comportement inacceptable de la part de quelqu'un qui est avant tout médecin. Son rôle n'est pas ici de juger, mais d'évaluer. Si le trouble du patient pose problème pour son travail ou si le travail le met en danger, il se doit d'intervenir. Mais son rôle ne se limite pas à évaluer la santé des travailleurs, il doit aussi les protéger, par exemple il se doit d'imposer des conditions de travail acceptables, et qui ne nuisent pas aux employés.
Les méthodes de ce médecin ne respectent en rien l'éthique, déjà par la rupture du secret médical, mais aussi par des actes qui vont à l'encontre de l'intérêt du patient (suppression arbitraire et injustifiée de la délivrance du traitement de
substitution). Il est clair qu'il serait nécessaire d'en référer au Conseil de l'Ordre des médecins, peut-être cela se fait-il par l'intermédiaire de l'inspecteur de santé publique départemental comme le dit jegthegui?
Cela dit ce genre d'attitude n'est malheureusement pas rare. A l'époque où j'étais élève infirmière au CHU, et que j'étais sous
Subutex, j'avais appris que des élèves dans mon cas avaient été renvoyés de l'école juste à cause de leur traitement, ou de leur addiction. Il y avait aussi eu rupture du secret médical, suite à une hospitalisation au CHU voisin par exemple. Pour ma part, j'ai du au début cacher ce problème, y compris mon traitement de
substitution et mes "écarts" au médecin du travail, j'avais trop peur. Puis j'ai du être hospitalisée pour être opérée, et bien que les salariés de l'hôpital ou les élèves de l'école soient enregistrés sous alias et donc théoriquement anonymes, j'étais très stressée car les profs savaient que j'étais là , me téléphonant même dans ma chambre pour prendre des nouvelles (ça je sais que c'était gentil, mais je n'étais plus anonyme). L'hospitalisation s'est trés mal passée, ils ont trés mal géré l'antagonisme
buprénorphine/morphine, et ma douleur (sans compter ma tolérance aux
opiacés qui aurait du les conduire à augmenter fortement les doses pour que je puisse profiter de l'effet antalgique de la
morphine), et pour cause, ils croyaient que la
bupré était un agoniste de la
morphine (les effets s'additionneraient alors que c'est l'inverse, la
bupré "annule" les effets de la
morphine). Ils avaient même peur de l'OD, j'avais l'ampoule de naltrexone avec une seringue prêtes sur la tablette à côté du lit au cas où... Si j'avais sû, je n'aurais simplement pas pris mon sub, j'aurais au moins pu bénéficier des effets de la
morphine... De peur de faire des vagues et que ma formation en pâtisse, je n'ai pas osé protester.. Je le regrette aujourd'hui mais bon.
Plus tard, après être passée à la
méthadone, je n'avais plus peur. Je prenais même ma métha en plein cours, je cachais juste l'étiquette, mais ceux qui connaissent n'ont pas besoin de la lire pour savoir! Bref, j'assumais. J'ai finalement dû interrompre puis stopper ma formation pour des raisons de santé et de problèmes personnels, mais je ne peux dire si ça aurait pu me nuire.
En stage aussi je faisais attention. On est manches courtes. Je faisais toujours en sorte d'arrêter de shooter assez tôt pour ne plus avoir les bras trop marqués. Déjà que j'ai le poignet gauche couvert de cicatrices, stigmates de la période où, adolescente, je me scarifiais... Je n'allais pas en rajouter et me griller pour de bon. Pas de consos en période de stage non plus.
Bref, tout ça pour dire qu'il y a différents milieux où ça pose problème, les routiers en sont victimes eux aussi. Alors quand on sait qu'un certain nombre d'entre eux picolent aux pauses repas (vin à volontier dans les routiers), et conduisent quand même en toute impunité, jusqu'à ce qu'ils causent l'accident de trop, souvent mortel... on trouve ça d'autant plus injuste.
Dernière modification par Stelli (13 septembre 2012 à 17:21)