TSO et
réduction des risques : une réussite !
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Methadone2Avant l’apparition du sida , la prise en charge des toxicomanes se limitait au
sevrage et à l’abstinence. Depuis le milieu des années 90, une politique de
réduction des risques a été mise en place avec, notamment, l’introduction des traitements de
substitution aux
opiacés et la diffusion de seringues stériles.
La
méthadoneAprès 60 ans de recherche, des chercheurs allemands synthétisent cet
opioïde analgésique pour la première fois en 1938. Cette nouvelle substance, nommée VA 10820, puis Amidon®, possède les propriétés pharmacologiques de la
morphine, dont la pénurie se fait sentir à l’époque. L’utilisation expérimentale commence en 1942. Après la guerre, les alliés récupèrent les brevets. En 1947, l’Amidon® prend le nom de
Méthadone, les laboratoires Lilly acquièrent les droits pour 1$ et la commercialisent sous le nom de Dolophin®. Des études américaines montrent son effet bénéfique sur les troubles liés au manque de
morphine. La
méthadone est alors prescrite en cure assez courte avec des doses dégressives. Dans les années 60, sous l’impulsion du professeur Vincent P. Dole, on l’utilise comme traitement de
substitution pour les héroïnomanes. Elle n’est devenue légale en France que depuis 1995. En bloquant les effets de la drogue, la
méthadone atténue le manque, limite les problèmes de santé liés aux
opiacés et permet aux toxicomanes de retrouver une vie sociale. Elle présente néanmoins un risque d’overdose en cas de mésusage et de surdosage.
Un
TSO controversé
Très largement utilisé depuis plus de 50 ans, la
méthadone est au centre d’une polémique, née en 2002 avec le rapport Krantz et relancée en 2012 par différentes études. Ces travaux tendent à prouver que la prise de
méthadone engendre chez certains patients une prolongation de l’intervalle QT corrigé (QTc), ce qui représente un facteur de risque, pouvant entraîner un arrêt cardiaque. À l’inverse, une étude norvégienne, publiée en 2012 dans la revue Drug & Alcohol Dependence montre que la
méthadone, avec une posologie modérée, n’entraîne pas d’augmentation significative du QTc. Marie-Jeanne Kreek, co-inventeure des
TSO à la
méthadone, préfère mettre l’accent sur les centaines de milliers de patients traités.
Suboxone-subutex1La BHD :
TSO de 2e génération
Apparue dans les années 80, la
buprénorphine est d’abord utilisée comme analgésique, avant d’être prescrite comme traitement de
substitution aux
opiacés. La BHD, ou
buprénorphine haut dosage, en reproduisant certaines propriétés des
opiacés, évite le manque chez les usagers dépendants et réduit le besoin de consommer. À la différence de la
méthadone, la BHD en comprimé sublingual présente peu de risque de surdosage, mais peut entraîner une dépression respiratoire en cas de mésusage ou d’usage avec d’autres
opiacés ou
benzodiazépines (antidépresseurs et autres
psychotropes utilisés contre l’anxiété, l’insomnie ou dans un
sevrage alcoolique).
Réduction des risquesDès 1994, la France autorise les
TSO et met en place une politique de
réduction des risques orientée vers l’individu et non plus sur les produits eux-mêmes. Cette volonté des pouvoirs publics se traduit par la vente libre de seringues en 1987, l’instauration d’un programme d’échange de seringues (PES) dès 1995, la diffusion de kits de prévention disponibles en pharmacie et dans les PES, l’installation de distributeurs automatiques de kits de prévention et l’ouverture d’espaces de repos permettant de maintenir un lien avec les usagers en grande précarité. En moins de cinq ans, les résultats sont très encourageants :
• nombre d’overdoses à l’héroïne 5 fois moins élevé qu’avant les
TSO• diminution des contaminations par le VIH et stabilisation des contaminations par le virus de l’hépatite C
• amélioration de la situation sociale pour 50 % des patients
Ces bénéfices au niveau de la santé publique génèrent également une réelle économie financière en amélio-rant les conditions sanitaires et sociales des usagers.
Nouveauté !
Mis sur le marché en janvier 2012, un nouveau traitement associe BHD et
naloxone. La
naloxone, antagoniste des
opiacés, élimine des récepteurs du cerveau toute substance dérivée de l’opium. Elle bloque ainsi tout effet euphorisant en cas d’injection, une dérive dangereuse constatée depuis plusieurs années. L’objectif est donc d’éviter le mésusage et de renforcer le
TSO sous BHD.
Remerciements à Mustapha Benslimane, Le Flyer
Synergie Réseau Ville Hôpital