Dans une salle d'injection assistée, qui décide de la conso?

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seba59 homme
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Salut à  tous,

Quand Pierre était aux States, je me posais une question qui n'était pas très claire d'une salle à  l'autre:
Lors d'une injection assistée en salle, qui décide de la quantité et la durée de la conso?

Amicalement,

seba59

"Ils ont cru s'enivrer des Chants de Maldoror, et maintenant ils s'écroulent dans leur ombre animale." H.F. Thiéfaine

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Zazou femme
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Bonjour Seba !

Je ne connais que la situation en Suisse, et plus précisément à  Genève, mais il y a peu de différence avec les autres salles en Suisse (qui en compte 8). A l'entrée, quand tu ramènes et/ou prends du matériel, un intervenant (infirmier ou travailleur social) évalue ton état. Il échange un peu avec toi pour vérifier que tu ne risques pas de surdose. Tu indiques ce que tu vas consommer (coke, héro, Dormi, mélanges divers...). Ensuite, en salle, pour les injections, on te laisse normalement 15 minutes, mais ils sont assez souples si tu te galères. A Genève en tout, tu as la possibilité d'injecter dans l'aine, ce qui fait parfois débat, car c'est considéré comme un acte chirurgical.

Pour la fumée, tu as le droit de rester 30 minutes. Pour le sniff, c'est vite fait, ça n'a pas donné lieu à  de grands débats dans l'équipe. Tu peux fumer des cigarettes en salle d'inhalation (rituel accompagnant souvent l'inhalation d'héro), mais pas de cannabis.

Ces questions de temps sont souvent réévaluées en fonctions des variations de modes de conso ou de produits (en 2012, il y a à  nouveau eu un pic de coke, alors que l'héroïne était depuis longtemps largement prioritairement consommée).

Pour la quantité, tu dois montrer à  l'entrée ton produit (toujours pour éviter la surdose, essentiellement en cas de mélange Dormicum-héro), mais les UD sont suffisamment informés désormais pour savoir ce qu'ils peuvent encaisser ou non. En 2012, il y a eu 58 surdoses avec réanimation et appel d'ambulance (aucune mortelle, comme c'est le cas depuis 10 ans d'existence de la salle Genevoise. Il n'y a jamais eu de cas de mort par od en salle en Suisse.)

Voilà , si tu veux des tonnes d'infos, une mine d'or qui parle également des salles d'autres pays européens (Espagne, Hollande...) : www.premiereligne.ch EXCELLENT SITE de l'association RDR de Genève.

Dernière modification par Zazou (18 décembre 2013 à  11:58)


« Qui vit de combattre un ennemi a tout intérêt de le laisser en vie.  »
de Friedrich Nietzsche

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LLoigor homme
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Très bonne réponse de Zazou :)

Toute façon on ne peux y rester, car y a parfois la queue, du coup le personnel demandera aux personnes de faire leurs injections, de prendre évidemment tout le temps nécessaire, mais pas de se faire une session coke de plusieurs také par exemple tongue

LLoigor merci-1

Вам не нужно делать ничего, кроме перевода подписи

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seba59 homme
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959 messages
Ah merci beaucoup Zazou!!!! Enfin, ma réponse....

"Ils ont cru s'enivrer des Chants de Maldoror, et maintenant ils s'écroulent dans leur ombre animale." H.F. Thiéfaine

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prescripteur homme
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A Bâle il y a 2 salles d'injection. L'une (première salle)  où l'usager apporte son produit et ça se passe cpmme dit Zazou. Cette salle comporte une salle d'injection ET une salle de fumette/sniff.
Mais l'autre est gérée par l'hopital psychiatrique et c'est l'equipe qui donne tous les produits (y compris heroine pharmaceutique mais pas de cocaine par exemple). Mais ce n'est pas le modèle préféré des promoteurs français de salle de shoot.
Dans la première salle l'héroine ne représenter que 15% des injections et la grande majorité c'est de la coke pure ou associée.
Ils ont eu pas mal d'OD au début mais maintenant c'est assez rare.
Les deux salles sont juste en face de l'hopital cantonal; donc les secours peuvent venir rapidement. Mais en pratique c'est assez rare (1 à  2 fois/mois je crois)
Amicalement

Dernière modification par prescripteur (18 décembre 2013 à  08:46)


S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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Zazou femme
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37 messages
@Prescripteur : il faut distinguer les 8 locaux d'accueil et de consommation, de la prescription médicale d'héroïne.  Ce sont deux choses très différentes.

Dès 1995, ce second projet pilote a été mis en place à  Genève notamment. Ce programme (qui perdure aujourd'hui), est réservé à  des UD ayant échoué à  au moins deux séjours thérapeutiques, toxicomanes de longue date, et qui pour diverses raisons précises (qui ne peuvent prendre de TSO à  cause d'interactions avec d'autres traitements par exemple) ne peuvent prendre que de l'héroïne (synthétique en l’occurrence), donnée et consommée sur place (et remboursée comme un traitement médical).

Le PEPS (programme expérimental de prescription d'héroïne) accueillait un maximum de 50 personnes à  son ouverture. Je crois qu'il y en a un peu plus auourd'hui. Il s'agit d'une structure strictement médicale. Les personnes se rendent plusieurs fois par jour, c'est selon, sur place, et s'injectent ou se le font faire par le personnel médical. Il est réservé aux personnes résidant à  Genève (voir ci-dessous pour plus de détails.), les bénéficiaires ne sont donc pas anonymes, contrairement au structures de consommation des produits de la rue, qui par ailleurs sont eux ouvert à  toute personne UD majeure de façon absolument anonymisée (aucune liste de coordonnées ou de noms, les personnes donnent un pseudo le jour où ils s'inscrivent).

Les locaux d'accueil et de consommation sont arrivés plus tard (début 2000), avec toute la dimension sociale, d'accueil, de soins, de petits jobs, de militance, bref, cela va bien au-delà  d'une "salle de shoot".

Bien sur, il y a la salle de consommation (injection, inhalation et sniff), qui est séparée de la salle d'accueil. Les usagers peuvent tout à  fait venir se poser en salle d'accueil pour discuter, lire, se mettre au chaud, etc. sans consommer. Ils ne sont pas autorisés à  se faire plusieurs injections par passage. L'intervenant qui est en salle peut donner des indications pour l’injection, mais il n'injecte jamais l'usager. Il a une mission pédagogique très importante (hygiène, anatomie, etc.). En revanche, les usagers peuvent s'injecter entre eux.

On peut y faire tester ses produits (qualité), établir un lien avec les centres thérapeutiques visant l'abstinence, ou du moins une meilleure gestion de la conso, si souhaité par l'UD.

Il y a une salle d'accueil, avec un bar qui sert boissons non alcoolisées et de petits en-cas. Il y a des ordinateurs, des jeux, des tables et chaises, canapés, et toutes formes d'informations sur la RDR, la qualités des produits circulant sur le marché, sur les lieux de soins (flyers), d'hébergement d'urgence, possibilité de téléphoner, WC, et des activités telles que des repas préparés par les UD, avec ou sans les intervenants, des événements festifs (Noà«l, Nouvel an, etc.), le local étant ouvert 365 jours par an. Il y a entre 100 et 150 passages en salle de conso par jour, certains UD passent plusieurs fois ou viennent juste discuter, se poser. Il y a une équipe de douze intervenants, quatre par jour, plus un des médecins, plus une traductrice géogienne et russe qui travaille un jour par semaine.

Il y a de la musique, bref, on n'est pas du tout à  l'hôpital, c'est un lieu vivant, ça rit, ça crie, ça papote, ça se tutoie. Régulièrement, des bénévoles organisent des moments pour les femmes, leur offrant des soins du visage, coupes de cheveux, maquillage, produits d'hygiènes, etc. Occasionnellement, des friperies gratuites sont organisées pour tous.

Des rencontres sont régulièrement organisées avec le voisinage, les UD et les personnes travaillant pour l'association.

Un journal est édité chaque trimestre, traitant d'une thématique, et les usagers y contribuent (témoignages, mise en page, distribution dans le voisinage...) (tous les numéros de ce journal sont en pdf sur le site mentionné plus haut. Le dernier numéro traitait de la question de l'alcool, si je ne m'abuse.

Il y a une douche et des WC (à  Genève, les WC sont quasiment tous payants, donc inaccessibles aux toxicomanes (!!!!).

Il y a une salle de soins (pour faire de petits soins, des tests de dépistages HIV et hépatites C, des relais vers l'hôpital si nécessaire). Plusieurs psychiatres et internistes de l'hôpital universitaire de Genève y font plusieurs permanences hebdomadaires, ce sont donc des vacataires.

Actuellement, le volet réinsertion socio-professionnelle (pôle de valorisation des compétences sociales), offre de nombreux petits jobs (de dépannage, mais également en lien avec de vraies entreprises de réinsertion pros, donc des stages ou des postes de travail salariés.)

C'est convivial, quoi ! Un poil glauque aussi parfois, mais bien moins que ce que l'on peut imaginer. (De mon point de vue du moins).

J'ai adoré travailler là -bas, je crois que ça se sent boulet

Avant dernier détail de taille, tous les intervenants sont formés à  la réanimation, il n'y a donc à  ce jour jamais eu de décès en salle de conso, même si en cas d'arrêt cardio-respiratoire, le protocole nous oblige avec appeler l'ambulance. Et d'ailleurs, dans la grande majorité des cas, les usagers réanimés ne repartent pas avec l’ambulance...

DERNIER détail : la loi sur les stupéfiant est fédérale (donc nationale, contrairement à  d'autres qui sont régionales, soit cantonales). Cette loi est une base. Ensuite, chaque canton l'applique  comme il l'entend, dans le sens où ils ne sont ne sont absolument pas obligés d'ouvrir des salles de consommation par exemple si le peuple n'en veut pas. Mais en 2008, la Suisse a voté à  une très large majorité en faveur de l'introduction, dans la loi, de la RDR.

Bon j'arrête, sorry !

Détails très très détaillés (j'adore les détails, désolée pour la longueur de mes posts...  respect-2 !) ci-dessous :


Source : LA POLITIQUE GENEVOISE EN MATIÈRE DE TOXICOMANIES - Site officiel de l'Etat de Genève

2. LA PRESCRIPTION MÉDICALE D’HÉROàNE

2.1 La décision de 1995

En 1995, le canton de Genève s'est engagé dans de nouveaux développements : il a participé aux programmes de la Confédération de remise, sous contrôle médical, d'héroïne.

Sur le plan international, la remise, sous contrôle médical, d'héroïne n'est pas interdite, contrairement à  ce que l'on entend parfois : elle est autorisée par l'Organe international de contrôle des stupéfiants pour autant qu'elle fasse partie d'une stratégie globale visant à  réduire la consommation de stupéfiants et intégrant des mesures de répression et de prévention.

Dans notre pays, le Conseil fédéral a obtenu les autorisations nécessaires. Il a posé des conditions strictes à  ces programmes expérimentaux : l'héroïne est remise sur prescription médicale, dans le cadre d'une prise en charge médico-sociale structurée, qui a des objectifs thérapeutiques précis. Les toxicomanes doivent être dépendants depuis plusieurs années et leur nombre est limité.

A Genève, sur la base de l'avis du Grand Conseil, donné sereinement, par une majorité claire, le Conseil d'Etat a décidé, le 28 juin 1995, que le canton de Genève participerait au programme fédéral de distribution, médicale et contrôlée, d'héroïne :

conforme aux ordonnances fédérales;
destiné, au maximum, à  50 patients, résidant à  Genève, âgés de plus de 20 ans, ayant subi 2 échecs thérapeutiques et ayant donné leur consentement conformément à  la législation genevoise.
Le programme genevois (programme expérimental de prescription de stupéfiants - PEPS) s'inscrit dans le cadre de l'étude fédérale. Ses objectifs et son déroulement sont donc identiques : il vise à  intégrer, dans le réseau sanitaire, des patients dont la santé est massivement atteinte par des années de consommation d'héroïne et de marginalité et de les conduire, à  un rythme individualisé, vers des traitements de substitution par la méthadone ou d'abstinence. 94% des patients restent ainsi dans le réseau sanitaire.

Ce programme a été confié aux Hôpitaux universitaires de Genève (division d'abus de substances).

2.2 L'évaluation du PEPS

Sur la base de 60 mois de fonctionnement, l'évaluation du PEPS - qui a traité 63 patients - est satisfaisante.

Le profil des patients à  l'admission au traitement reste constant d'année en année : ce sont principalement de jeunes adultes masculins (plus de 30 ans) qui injectent l'héroïne depuis plus de 12 ans. Ils ont fait plus de 8 tentatives de traitement, plus de 4 overdoses sérieuses et ont tenté de se suicider à  plusieurs reprises. Plus de la moitié consomme des benzodiazépines quotidiennement et l'usage de la cocaïne intraveineuse est en augmentation. Leur histoire médicale révèle une haute prévalence de troubles psychiatriques. Plus d'un quart sont positifs pour le VIH.
Sur le plan social, une petite minorité travaille de manière précaire. Plus de la moitié reçoit des aides sociales. Les patients restants ne semblent pas avoir de moyens légaux de survie.

Sur le plan du traitement, les conclusions sont les suivantes :

le traitement à  l'héroïne est judicieux pour le groupe visé et réalisable dans des conditions de sécurité suffisantes;
grâce au taux, au-dessus de la moyenne, de maintien des patients dans le programme, des améliorations significatives de leur état de santé ont été obtenues, de même que dans leur façon de vivre, améliorations qui sou-vent subsistent après l'arrêt du traitement. Le recul marqué de la délinquance doit être relevé;
ces améliorations sont également d'intérêt public (prévention de maladies infectieuses dangereuses, lutte contre la délinquance liée à  la drogue);
eu égard aux déficits considérables que les patients présentaient sur le plan de la santé à  l'entrée dans les essais, le taux de mortalité de 1 % par année est relativement faible;
l'utilité économique du traitement à  l'héroïne est considérable, notamment en rai-son de la réduction des coûts liés à  la répression et à  l'exécution des peines, de même que des coûts liés au traitement des maladies;
ces améliorations ont été obtenues dans des conditions particulières : la prescription d'héroïne était liée à  un examen approfondi des patients et ceux-ci ont bénéficié d'un encadrement poussé.
Au 31 décembre 2000, le PEPS suit 49 patients - d'une moyenne d'âge de 36 ans - qui ont presque tous un toit. Tous sont assurés. Presque tous ont réglé leurs problèmes financiers. Certains travaillent ou ont entrepris des activités occupationnelles en milieu protégé ou adapté à  leurs capacités.

Les résultats positifs portent sur :

la consommation d'héroïne illégale et de benzodiazépines du marché noir;

l'amélioration extrêmement significative de la santé mentale;

la diminution des tentatives de suicide;

la fréquence des traitements suivis pour les problèmes psychologiques;

l'amélioration du fonctionnement social;

la diminution de revenus liés aux activités illégales (diminution de vente de drogue);

la diminution des poursuites (consommation, petits vols).

3. L'ESPACE D'ACCUEIL AVEC LIEU D'INJECTION

3.1 La prise de position de la commission mixte en matière de toxicomanie

3.1.1 Les travaux de la commission mixte

Durant le second semestre 1999, la commission mixte, présidée par Madame Claire Torracinta-Pache, a mis à  l'ordre du jour de ses travaux la question de la dégradation des conditions d'injection touchant certains consommateurs de drogue, de plus en plus nombreux, qui s'injectent sans respecter les règles d'hygiène les plus élémentaires, dans des lieux ouverts au public, en abandonnant leurs seringues dans des chantiers, dans des parkings, des préaux d'école ou des places de jeux pour enfants.

3.1.2 L'analyse de la commission mixte

Dans son résumé du 11 décembre 1999, adressé au département de l'action sociale et de la santé, la commission mixte relève que le problème n'est pas nouveau, mais qu'il est aggravé par l'explosion de la consommation de cocaïne par voie intraveineuse.

Elle poursuit son analyse de la manière suivante :

"Le risque majeur encouru par ces consommateurs de drogues, c'est l'infection souvent grave et nécessitant une hospitalisation. S'y ajoutent de nouvelles prises de risques en matière de prévention des maladies transmissibles et une augmentation du risque d'overdose mortelle en situation d'isolement. On a aussi pu constater une réelle dégradation physique et psychique ainsi qu'une paupérisation de ces personnes.

De surcroît, les doléances concernant des lieux d'injection découverts dans des chantiers, des parkings, des caves ainsi que des seringues ramassées notamment par des enfants qui se sont piqués aux abords d'écoles, se multiplient et sont à  terme une menace pour l'ordre public. (...)

Tous les témoignages des gens de terrain de la commission concordent : nous sommes aujourd'hui dans une situation d'urgence à  laquelle il faut apporter une réponse adéquate, sous peine de voir diminuer les effets positifs de la politique de réduction des risques voulue par les autorités et appliquée avec succès dans notre canton.

Pour toutes ces raisons, une large majorité de la commission mixte estime que le moment est venu de s'inspirer d'expériences faites à  ce sujet dans plusieurs cantons alémaniques et ayant donné satisfaction. Elle recommande donc au Conseil d'Etat de prendre les mesures permettant d'ouvrir à  Genève un lieu d'accueil avec local d'injection".

3.1.3 La proposition de la commission mixte

Selon la commission mixte, ce lieu d'accueil devrait permettre :

des premiers contacts, un accompagnement social minimal, un point de repère favorisant le maintien du lien social;
la remise et l'échange de matériel d'injection stérile;
une diminution des prises de risques;
une information sur les techniques d'injection et d'hygiène y relative;
la possibilité de consommation intraveineuse de drogues dans un lieu propre et tranquille, en sécurité et hors du stress du marché;
l'accès à  des soins médicaux de base;
des mesures rapides lors d'overdose. (...)
Sa réalisation devrait être le fruit d'une vraie concertation entre tous les partenaires concernés afin de résoudre ensemble les problèmes posés, qu'ils soient d'ordre juridique, financier ou ayant trait à  son insertion dans la cité

L'ouverture d'un lieu d'accueil avec possibilité d'injection devrait permettre d'améliorer sensiblement la situation physique et mentale des consommateurs de drogue décrits précédemment et contribuer à  réduire le nombre d'injections "sauvages". Elle s'inscrit en tout cas parfaitement dans notre politique de réduction des risques (seuil bas).

3.2 L'avis du Grand Conseil

La prise de position de la commission mixte en matière de toxicomanies, débattue au sein de la commission des affaires sociales et de la commission de la santé, a conduit au vote, le 18 mai 2000, de la motion M 1332.

Cette motion invite le Conseil d'Etat "à  mettre à  disposition le plus rapidement possible un nombre adéquat de lieux d'accueil avec espace d'injection offrant aux usagers un encadrement, un lieu d'orientation pour des cures et thérapies, une aide à  la survie, une prévention en matière de risques, ainsi qu'un service de soins".

3.3 Le mandat d'expertise

Conscient de l'importance du problème et entendant disposer des éléments pouvant lui fournir une approche globale de la situation lui permettant d'aboutir à  une solution concrète, le Conseil d'Etat, par l'intermédiaire du département de l'action sociale et de la santé, a confié, le 8 mai 2000, au Dr D. Hausser, collaborateur de l'EPFL (IREC), le mandat :

de faire le point dans le domaine des problèmes de santé et de sécurité liés à  la toxicomanie;

d'élaborer des recommandations pour les cinq prochaines années sur les objectifs à  atteindre;

d'élaborer des propositions concernant l'organisation des diverses structures de santé et de soins;

d'élaborer des propositions concernant l'ouverture de lieux d'accueil avec espace d'injection pour les consommateurs.
Le texte du rapport d'expertise, remis en décembre 2000, sera intégralement publié dans les Cahiers de l'action sociale et de la santé.

3.4 La décision du Conseil d'Etat

Après avoir fait analyser le rapport d'expertise par les services spécialisés - qui valident les recommandations de l'expert à  l'exception de celles qui concernent la lutte contre l'alcool, qui dénotent une méconnaissance du travail effectué par le réseau genevois d'alcoologie - le Conseil d'Etat s'est déterminé au cours de sa séance du 16 mai 2001.

Décidant de développer les programmes dits de "seuil bas" - qui offrent une aide médicale et sociale de base aux personnes toxicomanes -, le Conseil d'Etat, tenant compte des recommandations de la commission mixte en matière de toxicomanies et de la motion votée par le Grand Conseil, a décidé d'autoriser l'ouverture, à  titre expérimental, pour une durée d'une année, 7 jours sur 7, dès le 1er juillet 2001, d'un lieu d'accueil, avec espace d'injection, destiné uniquement aux adultes.

Sous la supervision de la direction générale de la santé, la gestion de ce lieu d'accueil avec espace d'injection sera confiée au groupe Sida Genève, dont la subvention sera augmentée à  cet effet.

Enfin, le Conseil d'Etat a décidé de confier l'évaluation de la mise en place et du fonctionnement de ce lieu d'accueil au professeur F. Paccaud, directeur de l'Institut universitaire de médecine sociale et préventive de Lausanne, qui est également chargé de procéder à  l'évaluation des programmes analogues situés en Suisse alémanique. Il rendra son rapport sur les 12 premiers mois en septembre 2002.

4. CONCLUSION

Au cours des ces 25 dernières années, la politique en matière de toxicomanies, conduite par le Conseil d'Etat et le Grand Conseil, a reposé sur une approche, convergente et intégrée, des différentes fonctions de l'Etat (prévention, action thérapeutique, action sociale, répression).

Sans provoquer de polémiques sévères ou d'affrontements partisans sur ce sujet douloureux, cette politique - confirmée clairement par la population genevoise lors de 3 votations fédérales en 1997, 1998 et 1999 - a permis d'apporter les différentes adaptations rendues nécessaires par l'évolution de la situation.

C'est ainsi que le Conseil d'Etat a pu introduire :

- les programmes de méthadone, à  la fin des années 70;
- les programmes d'échanges de seringues, à  la fin des années 80;
- le bus itinérant de prévention SIDA, au début des années 90;
- le programme de prescription médicale d'héroïne, au milieu des années 90;
- l'ouverture d'un espace d'accueil des personnes toxicomanes, avec local d'injection, en 2001.


PS : Un article de Libé qui explique bien comment fonctionne le PEPS (prescription médicale d'héroïne) : http://www.liberation.fr/monde/2000/11/ … sse_346074

Voilà , vous savez presque tout !

A bientôt !

Zazou

Dernière modification par Zazou (18 décembre 2013 à  12:17)


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Merci Zazou de tous ces détails. Je crois qu'à  Bâle c'est la salle d'accueil qui a précédé le PEPS.
Mais quand j'ai visité nous avons parlé de la répartition des salles en Suisse et elles sont nettement plus nombreuses dans la Suisse alémanique et au sein de la suisse alémanique dans les cantons protestants.
Je crois que Genève est la seule en Suisse romande et là  aussi c'est un canton qui a pas mal à  voir avec le protestantisme (cf Calvin)
Je ne pense pas qu'il y ait une liaison directe avec la religion mais je pense que la culture protestante favorise une attitude plus pragmatique que la culture catholique.
Amicalement

PS Seba, je te présente mes excuses pour cette discussion un peu hors sujet mais je pense que cela montre comment les choses se passent en pratique dans les pays où cela existe !!!  ... et répond en partie à  ta question.

Dernière modification par prescripteur (18 décembre 2013 à  13:43)


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