Quelques semaines seulement à peine après l'annexion de la Crimée par la Fédération de Russie, les autorités locales ont mis fin le 1er mai aux programmes de traitements de
substitution aux
opiacés destinés à réduire les risques d'acquisition du virus du sida (VIH) ou de ceux des hépatites virales par les injecteurs de drogues.
800 BÉNÉFICIAIRES EN CRIMÉE
Quelque 800 personnes bénéficiaient, en Crimée, de ces programmes, financés par le Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme et qui avaient permis à l'Ukraine de stabiliser la progression de l'épidémie due au VIH, contrairement à ce qui se passe en Fédération de Russie, où se produisent 55 % des nouvelles infections dans la zone européenne.
Dans un article publié en ligne, jeudi 8 mai, par le British Medical Journal, Michel Kazatchkine, envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour le VIH/Sida en Europe orientale, critique la décision des autorités de Crimée de s'aligner sur la politique de Moscou en la matière. La Russie a remis en question l'utilisation de la
méthadone ou de la
buprénorphine, deux médicaments de
substitution aux drogues opiacées, alors que ceux-ci sont recommandés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), par Onusida et par l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc).
DES MESURES DE
SUBSTITUTION EFFICACES
Les preuves scientifiques de l'efficacité de ces mesures, souvent combinées à des programmes d'échange de seringues, pour freiner la transmission virale mais aussi la dangerosité sociale, ont été accumulées de longue date. Contre toute évidence, les responsables russes de la lutte contre la toxicomanie ou des forces de l'ordre le nient.
Seuls quelques programmes d'échange de seringues mis en œuvre par des ONG, avec des financements internationaux, sont tolérés dans certaines villes russes.
L'EUROPE ORIENTALE, NID EUROPÉEN DU VIH
Dès le 2 avril, moins de deux semaines après l'annexion (22 mars), le responsable du Service de contrôle des drogues de la Fédération de Russie, Viktor Ivanov, en visite en Crimée, confirmait qu'il entendait mettre un terme aux programmes de traitements de
substitution aux
opiacés dans cette nouvelle république. Les stocks de
méthadone et de
buprénorphine en Crimée ne permettent au mieux que de tenir trois ou quatre semaines. Les programmes d'échange de seringues ne peuvent plus fonctionner, les comptes bancaires de leurs promoteurs étant bloqués.
L'Europe orientale est la région du monde où l'épidémie de VIH croît le plus rapidement au monde, explique au Monde Michel Kazatchkine :
« En Russie, 1,2 million d'individus sont séropositifs et plus de 2 % des hommes âgés de 30-35 ans sont porteurs du VIH. Alimentée par la transmission sanguine lors de l'usage de drogues injectables, l'épidémie a commencé à déborder dans la population générale. Les politiques centrées sur la répression et non sur la santé publique ont échoué à contenir l'épidémie d'infection par le VIH. De plus, elles négligent les droits de l'homme.
A partir de 2004, l'Ukraine, qui compte quelque 300 000 injecteurs de drogues, a commencé à mettre en place des programmes de
réduction des risques grâce aux financements du Fonds mondial et 9 000 personnes sont traitées par
méthadone ou
buprénorphine. »
Source : Le Monde.fr
Dernière modification par snoopy (12 mai 2014 à 16:45)