Bien chers,
Voici des années que je fréquente Psychoactif, en tant que membre invité, car j'ai plusieurs fois fait des
sevrages d'
alcool dans le passé, puis de
tabac, puis à plusieurs reprises de différents morphiniques et de
benzodiazépines, et bien franchement le site m'a chaque fois aidé, encouragé, je ne suis pas seul, merci à tous !
Cette fois, c'est le
fentanyl (durogesic) que je sèvre, j'en suis au 16eme jour, un
sevrage sec, cold turkey, vraiment, et de loin, le plus long et le plus dur de tous mes
sevragesJe me patchais au Fentalyl 50, 75 ou 100 depuis 3 ans (un patch renouvelé tous les 3 jours), mais je passais aussi mes journées ... à mâcher des patches supplémentaires, au moins un par jour, parfois 2.
Tout d'abord, mâcher des patches, cela donne de beaux effets flash d'invincibilité, mais ce n'est pas à faire, car cela même surtout la première année à des overdoses terribles avec dépression respiratoire mortelle
J'en ai fait plusieurs et cela m'a même amené à me procurer l'antidote, à savoir de la
Naloxone avec laquelle je me piquais immédiatement lorsque je sentais arriver la dépression respiratoire.
Autre chose : les patches de Durogesic officiellement ne se coupent pas, ils ne sont pas matriciels, et des overdoses mortelles peuvent survenir car quand on
coupe le patch car tout le liquide contenu survient dans un des morceaux, j'ai connu ça quelques fois
Autre chose : quand on a très chaud (sortie du bain par exemple) il ne faut pas être patché ni se patcher et attendre plusieurs heures car dans ce cas le patch se vide illico à cause de la chaleur, et c'est l'overdose inattendue ... une dizaine d'heures après !
Au départ, je prenais ces patches pour des raisons médicales, car j'ai 60 piges et je suis criblé d'arthrose. Le hic, c'est que ce type de produit ne fonctionne pas sur des douleurs à long terme, et que finalement il aiguise les douleurs ... et c'est la fonction "récréative" qui reste la seule motivante ...
Alors, le
sevrage ?
La première semaine, je m'étais fait hospitaliser, car je croyais que cela serait plus facile, la suite, je l'ai faite chez moi, et c'était moins dur à la maison, car je peux y trouver des activités qui diminuent l'angoisse, je peux me promener dans la maison lorsque les nuits sont sans repos, etc, ce qui est impossible dans un contexte d'hôpital
Pourquoi sec ?
En fait logiquement, surtout en hôpital, ce type de
sevrage se fait sous
benzodiazépines (Temesta,
Valium, etc), dont je suis totalement abstinent depuis 4 ans, donc pas question pour moi,
ou alors sous
neuroleptiques (Lyrica, Dominal,
Gabapentine, etc) desquels je suis profondément allergiques, ces médocs me dissocient le cerveau complètement je les ai bien sûr essayés dans le passé
Donc, il me reste seulement à le faire sans aide médicamenteuse ... mais bien informé et suivi par médecin et psychiatre
Pourquoi pas avoir diminué progressivement ?
Cela, mes bien chers, j'en suis incapable. Quand je suis en possession du produit, je le consomme, je suis addictif, je suis incapable de ce type de diminution programmée, etc.
Comment ça s'est passé ?
Les 3 premiers jours (jours 1 à 3), j'ai dormi, jour et nuit, c'était plutôt facile
Les 3 suivants (jour 4 à 7), un dégoût des goûts et des odeurs, de la photophobie, de l'hyperacousie, des angoisses flottantes, une sorte de dissociation spaciale, certaines nuits blanches, pas toutes, mais un état encore supportable
Les 6 suivants (jours 7 à 13), le pire du pire, et malheureusement je ne m'y attendais pas : la tête dans une essoreuse ou une machine à laver, en permanence, des 24h sans jours, ni nuits, rien qu'à essayer de supporter des tensions et décharges musculaires inouïes dans le corps, en permanence, jambes et bras sans repos, impossibilité de passer plus de 10 secondes sans se contortionner, avec parfois une énergie nulle où le moindre mouvement demande un effort inimaginable, deux jours avec impossibilité de marcher cause tension artérielle trop basse, une sensation d'état d'angoisse permanente, un état, pas des ressentis corporels, plus d'émotions, pas de rêves, l'enfer seconde après seconde, j'ai dû aller chercher des lieux de volonté au fond de moi, que je ne me connaissais pas, pour ne pas descendre à la pharmacie pour me repatcher.
Heureusement, je compte utiliser cette éducation de ma volonté pour ne pas rechuter. Finalement je le vis comme très important, cet aspect là !
Le jour 13 j'eus quelques heures de répit, une sortie de cet état d'angoisse, enfin
Le jour 14 j'eus aussi quelques heures de repos psychique et quelques frissons dans le dos en écoutant de la musique, c'est le retour de la dopamie dans le cerveau paraît-il
Le jour 15 (hier) j'eus 2 périodes de 3 heures avec mon corps et ma tête plus ou moins normaux, une sorte de détente électrique, enfin enfin ...
Depuis le jour 13 j'ai des transpirations nocturnes qui me font me lever après 4h de sommeil, et j'ai également un retour des douleurs, du ressenti du corps, quelques émotions par moments
Aujourd'hui matin, jour 16, je suis capable de concentration, j'ai fait des opérations bancaires, je vous écris en ce moment ...
C'est un
sevrage sec, émotionnellement, etc, dans le sens que je me suis senti 100% du premier jour à aujourd'hui dans un état de conscience total, pas diminué, très calme intérieurement et extérieurement, mais dans un état physique et psychique d'enfer indescriptible
Je ne le souhaite à personne, mais IL EST FAISABLE et n'est paraît-il (et je confirme) pas médicalement dangereux (pas de delirium, pas de crises d'épilepsie, pas de colères, pas de cauchemars ni d'hallucinations comme avec certains produits), mais j'aurais eu besoin d'en connaître la longueur et la difficulté, car IL EST TRES DUR ET TRES LONG (il dure un mois au total, infos médicales prises, le recouvrement du corps et de l'esprit est très très lent après de telles doses de ce fameux produit 400 fois plus fort que la
morphine ...)
Si ce mail peut aider, encourager quiconque, il a sa signification
A défaut, je me réjouis de vous lire
Delleur