Mister No : "Pour en revenir à tes visions les yeux fermés, c'est une phénomène bien connu des opiophiles et autres psychaunautes. C'est tout simplement Merveilleux."
Oui ce sujet m'intéresse. Je ne l'ai jamais connu avec les drogues (il faut dire que je n'ai jamais consommé d'
opium malgré mon envie, ni d'
héroïne et je n'ai rien eu de tel avec le
tramadol). Il est largement décrit dans des oeuvres qui m'ont marqué (confession d'un mangeur d'
opium) et j'ai toujours eu la conviction de connaître cela sans le connaître. J'étais très fasciné par cet aspect des
opiacés. J'ai finalement connu cela par les pratiques spirituelles. Et effectivement c'est... je ne sais pas : "Merveilleux". Tu as mis (je suppose volontairement) une majuscule à ce mot comme pour signifier qu'il va au-delà de son sens habituel.
"Là , tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté." L'invitation au voyage, C. Baudelaire.
Je ne rentrerai pas dans les détails des pratiques qui m'ont mené à ça, je n'en ai pas la maîtrise mais c'est le résultat d'un long travail il est inutile de prétendre pourvoir les expliquer. Pour le cas où des personnes vraiment intéressées veuillent en savoir plus c'est bien plus profond que la claire lumière de
méditation, c'est me semble-t-il assimilable au monde de la pure forme. On parle de quelque chose qui va bien au-delà du rêve éveillé ou du rêve lucide, par contre c'est comparable à un état de conscience en sommeil profond avec forme : claire lumière du sommeil. C'est un état où on s'est profondément perdu dans la forme de l'hallucination mais sans s'endormir - on est très conscient, au point même que lorsque l'expérience s'arrête, on a l'impression comparativement de s'être presque rendormi / d'être retombé dans la gravité, l'inertie, une conscience moins claire et plus confuse ; on peut aussi perdre cet état en s'endormant pour de bon. Cette expérience a quelque chose du jardin d'Eden. En tout cas chez moi c'est généralement une nature enchantée qui se dévoile et qui est par nature une pure félicité faite formes végétales et naturelles. Le terme de "voyage" psychédélique (comme avec la prise de certains hallucinogènes initiatiques) ne serait
pas du tout adapté : il n'y a nulle part où aller, le spectacle est là , c'est tout et il n'a pas de spectateur. Le terme de voyage ne convient pas aussi parce que le voyage psychédélique se fait dans un monde inconnu, c'est en cela d'ailleurs que le voyage psychédélique peut être traumatisant. Tandis que dans cette expérience rien n'est inconnu, tout est même incroyablement familier. Il n'est donc pas question de "voyage", et le terme d'hallucination ne me convient pas non plus. C'est la forme naturelle d'une extase dans laquelle on s'est oublié sans perdre conscience. Autant on peut décrire ce qu'on voit (des jardins enchantés où l'ombre n'existe pas et où la lumière ou l'être prend les formes les plus merveilleuses et ou toutes les formes sont l'être merveilleux - autant on ne peut pas décrire la Merveille de cet état. N'importe qui qui a déjà connu la rêverie pourrait penser qu'il a déjà connu ça, et ne pourra comprendre qu'en fait non, que quand il le vivra directement.
D'autre part cela survient à la suite d'une "montée", les sens se perdent d'abord dans une douce lumière avant la vision, c'est comme la tête qui tourne mais ce n'est pas subi, c'est juste merveilleux.
"Le monde s'endort
Dans une chaude lumière." L'invitation au voyage, C. Baudelaire.
Que dire de plus... Quand, enfant, je lisait Baudelaire et De Quincey j'avais le sentiment de savoir de quoi ils parlaient sans l'avoir jamais expérimenté et je voulais (re)trouver ça, je ne savais pas comment, mais j'envisageais l'usage des
opiacés bien entendu. Bref mon désir a été exaucé par d'autres voies -c'est sans doute préférable ainsi- mais je sais quelle force il y a dans ce mot "Merveilleux" que tu utilises.
"Tout y parlerait
À l'âme en secret
Sa douce langue natale." L'invitation au voyage, C. Baudelaire.
Cela s'est déjà aussi produit pour moi les yeux ouverts, non pas les hallucinations (qui n'en sont pas à mon sens), mais l'expérience que tout est
si incroyablement familier et intime. Même si je n'en ai jamais entendu parler clairement dans des
TR, je suis presque sûr que cela dira quelque chose à certains utilisateurs d'
opiacés. C'est exactement aussi Merveilleux. Tout est déjà connu et aimé comme étant "mien" et parfaitement familier, même les formes et personnes inconnues ou peu connues sont perçues comme profondément familières et semblent connues de toute éternité comme on connait sa propre mère, son propre frère et même plus. J'ai mis quelques vers de Baudelaire car la poésie, il me semble, parvient à suggérer un peu mieux ce dont il s'agit que de longs discours.
Comme je ne connais pas cela par les drogues, je me demande, mais cela doit être assez subtil à obtenir, tu dis qu'il y a comme des conditions : être "relax". Je n'en doute pas. Je suppose aussi que la dose doit être bien choisie car trop de produit doit vraisemblablement réduire et supprimer cette étape en faisant passer de la simple rêverie ordinaire à l'endormissement en bonne et due forme sans passer par ce rêve extatique merveilleux.
J'avoue que j'entrevois aussi un danger à parler de ça. Je crois qu'il serait extrêmement néfaste de laisser penser que la prise d'un produit promet ce genre d'expérience. Ce serait à la fois faux et dangereux. Pour mémoire De Quiney a donné une "happy end" à son histoire publiée en racontant qu'il avait réussi à décrocher. En réalité il a rechuté à chaque fois et finalement, il en est mort. J'aurais moins de crainte en recommandant la
méditation qui ne cause pas ce genre de problèmes (et qui ne garantit pas non plus cette expérience, même avec des efforts réguliers, mais les garanties, ça existe que dans les promesses des menteurs et il n'y a que les naïfs qui y croient).
Dernière modification par Syam (16 juin 2015 à 22:52)