Je joins le document de mise sur le marché de l'AFSSAPS pour la forme gelule (voir site AFSSAPS= document public). Il semble que certains patients presentent un syndrome de manque avec la forme gélule. D'autre part, comme il s'agit d'un produit equivalent les études ne semblent pas avoir été très poussées.
J'ai signalé la reaction à notre centre de pharmacovigilance en donnant mon nom et en signalant que c'était une info trouvée sur le site de l'ASUD.
Amicalement
RAPPORT PUBLIC D´EVALUATION
METHADONE AP-HP 1 mg, gélule
METHADONE AP-HP 5 mg, gélule
METHADONE AP-HP 10 mg, gélule
METHADONE AP-HP 20 mg, gélule
METHADONE AP-HP 40 mg, gélule
INTRODUCTION
Le 20 Septembre 2007 une autorisation de mise sur le marché (AMM) a été octroyée à l´Assistance-
Publique-Hôpitaux-de-Paris pour les spécialités
Méthadone AP-HP® sous forme de gélule, dosées à
1 mg, 5 mg, 10 mg, 20 mg et 40 mg. Le dossier de demande d'AMM a suivi une procédure d´évaluation
nationale, en tant qu'extension de gamme pour une spécialité déjà autorisée (Méthadone sirop).
L´indication thérapeutique est le « Traitement de
substitution des pharmacodépendances majeures aux
opiacés dans le cadre d´une prise en charge médicale, sociale et psychologique, en relais de la forme
sirop chez des patients traités par la forme sirop depuis au moins un an et stabilisés, notamment au plan
médical et des conduites addictives ».
Le principe actif de ces spécialités est la
méthadone, qui est un agoniste morphinique possédant les
propriétés habituelles des
opiacés, mais des propriétés euphorisantes faibles, permettant de le substituer
aux
opiacés.
Une AMM existe déjà en France depuis le 31 mars 1995, pour du chlorhydrate de
méthadone sous forme
de sirop dans le traitement de
substitution des pharmacodépendances majeures aux
opiacés, pour les
formes dosées à 5 mg/3,75 ml - 10 mg/7,5 ml et 20 mg /15 ml, et depuis le 18 décembre 1995 pour les
formes dosées à 40 mg/ 15 ml et 60 mg/ 15 ml.
Le dossier de demande d´AMM, au plan clinique repose principalement sur un essai de bioéquivalence
comparant la forme gélule à la forme sirop. Au plan de la sécurité d'emploi, le dossier contient en outre
des tests visant à vérifier que la solubilisation du contenu de la gélule, et son transfert dans une seringue
est très difficile, voire impossible, limitant ainsi l'usage des gélules à des fins détournées (pratique
d'injection). De plus, un dossier pharmaceutique complet, détaillant la formulation et la fabrication des
gélules a été déposé, conformément à la réglementation.
1. DONNEES PHARMACEUTIQUES
Les données chimiques et pharmaceutiques satisfont aux exigences actuelles.
Les gélules sont conditionnées dans un blister dit sécurisé ("child proof") afin d´éviter un accès aisé aux
enfants.
A la demande de l´Afssaps, un agent présentant des propriétés gélifiantes au contact de l'eau, la
carboxymethylcellulose, a été introduit dans la composition de la gélule, pour rendre insoluble le contenu
de celle-ci et limiter, sinon éviter, les pratiques d´injection intraveineuse de cet opiacé.
2. DONNEES TOXICOLOGIQUES
Comme il s´agit d´une demande d´AMM relative à une extension de gamme, sans changement de la
population de patients concernés et de la posologie, aucune donnée complémentaire n´a été apportée au
dossier toxicologique initial de la
méthadone.
3. DONNEES CLINIQUES
Cette extension de gamme est basée sur les résultats d´un essai de bioéquivalence comparant la forme
gélule au sirop.
Afssaps 2/3 Avril 2008
3.1 Données de biodisponibilité comparative et de bioéquivalence
Il s´agit d´un essai clinique de bioéquivalence et de biodisponibilité à dose unique, comparant la forme
gélule au sirop, conduit chez des patients de plus de 18 ans, dépendants aux
opiacés et déjà traités par
méthadone à dose stable (60 mg/jour depuis 1 mois), bénéficiant d´un suivi médical et psychologique. Le
schéma était celui d´un essai « croisé » non randomisé, avec ordre unique d´administration. La toxicité
connue de la
méthadone aux doses étudiées pour des sujets non dépendant aux
opiacés, explique le
recours à une population de patients pour cette étude de bioéquivalence, ainsi que le protocole non
randomisé et avec ordre unique d'administration. Les limites méthodologiques de cet essai sont
également liées au fait que la limite de détection de la méthode de dosage plasmatique de la
méthadonene permet une quantification valide qu'aux concentrations sanguines atteintes à l'état d'équilibre. Ainsi,
seuls des patients bénéficiant déjà d´une
substitution par sirop de
méthadone ont pu ainsi être inclus : 36
patients inclus, dont 28 ont terminé l´essai,
Cet essai, d´une durée totale de 30 jours, a comporté 2 périodes d´hospitalisation de 36 heures ainsi que
plusieurs visites de contrôle. Le traitement (une prise unique de 60 mg/15 ml de sirop ou 3 gélules à
20 mg) était administré à heure fixe, suivi de prélèvements sanguins à différents temps. Les critères de
jugement étaient basés sur la comparaison des paramètres biologiques habituels (concentration
plasmatique à l´équilibre et aire sous la courbe entre deux prises) à partir des données de dosages
sanguins.
Les résultats acquis, malgré les limites méthodologiques rappelées plus haut, permettent de considérer
que la forme gélule est d'une biodisponibilité proche de la forme sirop, mais ne permettent pas d´établir
avec certitude l´équivalence thérapeutique entre les deux formes.
Il faut en effet souligner que lors de cet essai, quelques patients ont présenté lors du passage à la forme
gélule des symptômes cliniques compatibles avec un syndrome de
sevrage, et il n´est pas possible
d´affirmer ni d´exclure une éventuelle demi-vie plus courte de la
méthadone sous forme gélule. En effet, la
concentration plasmatique résiduelle en
méthadone n´a été dosée qu´à T0 et T24 heures ce qui apporte
peu d´information compte tenu de la pharmacocinétique du produit dont la demi-vie présente une
importante variabilité inter-individuelle de 13 à 47 heures.
3.2. Efficacité
Comme il s´agit d´une extension de gamme et d'une utilisation à posologie équivalente dans une même
population de patients, aucune donnée complémentaire n´a été apportée au dossier d´efficacité qui avait
été fourni lors de la demande initiale d'AMM pour la
méthadone sirop.
3.3. Sécurité d´emploi
Au cours de l'essai de bioéquivalence chez les 28 sujets observés, le traitement sous la forme gélule n´a
entraîné aucun effet indésirable grave. Des effets indésirables non spécifiques (troubles gastrointestinaux,
sensation de froid, douleurs musculo-squelettiques, troubles vasomoteurs…) ont été
rapportés chez 14 patients. Dans un tiers des cas, ces symptômes sont survenus entre deux prises (juste
avant la prise suivante), mais un possible lien avec des manifestations de type syndrome de
sevrage ne
peut être exclu, même si ceci n´est pas établi. Les symptômes rapportés étaient plutôt subjectifs,
d´intensité relativement modérée, et spontanément résolutifs malgré la poursuite du traitement à dose
inchangée. Il est rappelé que la survenue de symptômes de
sevrage, dans des situations anxiogènes, a
déjà été observée en clinique.
Les données cliniques recueillies lors de l'essai de bioéquivalence comparant la nouvelle forme gélule au
sirop restaient par ailleurs similaires à celles déjà connues pour la forme sirop.
Les risques potentiels d´injection (après mise en solution du contenu de la gélule), de prise accidentelle
chez l´enfant et de détournement d´usage ont été limités par l'ajout d'un excipient gélifiant au contact de
l'eau (cf. supra), l´indication restreinte (relais de la forme sirop chez des patients stabilisés), l´ajout d´un
blister sécurisé, et l´élaboration d´un plan de gestion des risques renforcé, ainsi que par la mise en place
d´un cadre strict de conditions de prescription et délivrance .
4. RAPPORT BENEFICE/RISQUE ET ENGAGEMENTS DU TITULAIRE
Le rapport bénéfice/risque de la
méthadone sous forme gélule dosée à 1 mg, 5 mg, 10 mg, 20 mg et
40 mg dans l´indication thérapeutique retenue a été jugé acceptable sur la
base :
• d´une efficacité connue de la
méthadone dans l´indication revendiquée,
Afssaps 3/3 Avril 2008
• de données cinétiques en faveur d´une bioéquivalence malgré les limites méthodologiques certaines, qui
nécessite une confirmation de l´équivalence thérapeutique lors des premiers mois de commercialisation
de cette nouvelle forme,
• d´un profil de sécurité jugé acceptable sous réserve du strict respect du cadre d´utilisation défini pour
cette forme de
méthadone.
La Commission d´AMM dans son avis final, a par ailleurs tenu compte des recommandations de la
Conférence de consensus sur les traitements de
substitution (23-24 juin 2004, Lyon) émise par les
professionnels de santé qui souhaitent que la
méthadone soient rendue plus accessible et plus
acceptable pour les patients en traitement de
substitution, par la mise en disposition notamment d'une
forme pharmaceutique permettant un meilleur confort de prise, .
Il est souligné que le retour à la forme sirop s´imposerait si les conditions d´utilisation de la gélule ne sont
plus remplies par le patient.
Le titulaire s´est engagé à :
− réaliser une étude post-AMM de suivi des patients qui passent de la forme sirop à la forme gélule,
destinée à confirmer l´équivalence thérapeutique entre ces deux formes,
− et à mettre en place différentes mesures qui, associées à la mise en place par l´Afssaps d´une
enquête nationale de pharmacovigilance et de pharmacodépendance, sont destinés à assurer un
suivi étroit de l´utilisation de cette nouvelle forme dès la commercialisation ; ces mesures sont
détaillées dans le Plan de Gestion des Risques (PGR) accompagnant cette AMM (cf. fiche de
synthèse PGR
Méthadone AP-HP® gélule en ligne sur le site Internet de l´Afssaps).
CONCLUSION
Une autorisation de mise sur le marché a été octroyée aux spécialités
Méthadone AP-HP sous forme de
gélule, dosées à 1 mg, 5 mg, 10 mg, 20 mg et 40 mg, dans l´indication suivante : « Traitement de
substitution des pharmacodépendances majeures aux
opiacés dans le cadre d´une prise en charge
médicale, sociale et psychologique, en relais de la forme sirop chez des patients traités par la forme sirop
depuis au moins un an et stabilisés, notamment au plan médical et des conduites addictives ».
Les conditions de prescription et de délivrance retenues sont les suivantes :
- Une prescription initiale semestrielle et son renouvellement au bout de 6 mois réservés aux
médecins des centres de soins spécialisés aux Toxicomanes(CSST) et aux médecins exerçant
dans les services hospitaliers spécialisés dans les soins aux toxicomanes.
- les mêmes conditions de délivrance que la forme sirop : durée maximale de prescription limitée à 14
jours avec une délivrance fractionnée de 7 jours.
Un réexamen du dossier est prévu à la lumière des résultats de l´étude d´équivalence thérapeutique et
des données de sécurité