Bonjour à tous !
C'est mon premier post (hormis la présentation) ici, aussi si le style, le ton, l'esprit et le reste venaient à en souffrir je m'en excuse.
Je viens partager un essai, un trip, une expérience (un
TR du pauvre en somme)
Il s'agit de la
Salvia divinorum, consommée par méthode de la chique.
ça fait à peu près deux ans que je m’intéresse à cette plante qui, à bien des égards me fascine. En septembre dernier je craque et me commande deux pousses de cette Lamiacée sur un site de vente en ligne de plantes
exotiques, profitant du fait que la
Salvia n'est pas en France inscrite sur la liste des stupéfiants mais dans celle des poisons. Jeune psychonaute, cette légalité relative me rassurait.
Je les plante, les bichonne, les entretiens pendant des mois. A cause d'une sensibilité personnelle au végétal, parce que je tiens à leur santé et parceque je me prend un peu au jeu tout de même, je développe
une grand affection pour mes deux plantes. Des surnoms, des petites attentions, des mots doux. Je me suis bien marré mais j'admet que je ressentais une réelle peine quand leur état se dégradait et une infinie culpabilité
quand un soir, pressé, je décapite la tige de "L'Enfant Prodige" (nom donné à la plus belle des deux) d'un coup de manche inattentionné.
Bref, l'une des plantes meure, je fais une bouture avec l'autre, les feuilles poussent très bien dans ma petite chambre de banlieue sud de Paris, je les récupère quand elles tombent et les fait sécher à l'air libre.
Car dès ma découverte avec ces plantes je rêve d'en consommer un jour, alors je glane des infos sur internet, auprès de mes amis, etc. Un guide en particulier, bien que mal traduit, m'a beaucoup aidé aux différentes étapes (
http://www.sagewisdom.org/guidefrancais.html)Un samedi soir avant de partir en teuf en banlieue, alors que les plantes se portaient jusqu'alors merveilleusement bien, je remarque que les feuilles semblent avoir un peu flétri.
Au retour le lendemain la plupart des feuilles des deux plantes sont maculées de chlorose (tâche de décoloration) et des nécroses humides apparaissent (zones où la plante brunit avec sécrétion de liquide).
Le soir les plus grandes feuilles, jusqu'alors vigoureuses et en bonne santé, se détachent au moindre choc.
Je pense qu'elles ont chopé une bactérie ou un virus végétal, j'ai déjà manipulé du matériel biologique de ce genre cette année avec mes études de biologie, et j'avoue m'être un peu laissé allé sur l'entretien des pots dernièrement ...
(quelle négligence pour quelqu'un d'aussi attentionné pourriez-vous penser !)
Je suis saisi d'une grande peine à voir mes plantes souffrir.
Mais plutôt du genre positif je réalise que je dispose à présent de nombreuses feuilles utilisables pour mon voyage !
En attendant qu'elles tombent je ne récoltait que quelques feuilles toutes les morts de pape, alors là pour de la récolte c'est de la récolte, bien qu'un peu funeste.
J'invite un ami chez moi, en lui ayant demandé de veiller sur moi pendant ma consommation. Conformément au guide que j'ai linké je vais suivre la méthode de la chique. Je n'apprécie en effet pas beaucoup le fait de fumer (et je n'ai pas la pratique),
les extraits concentrés ne m'attirent pas spécialement. Amateur de psilo je vous avoue que manger, digérer, assimiler une partie d'organisme est bien plus attrayant à mes yeux que respirer une fumée qui ne reste pas longtemps.
Pour la chique je fait une boule de feuilles (les petites au centre, les grandes enroulées à l'extérieur), environ 10 feuilles plus 5 petites (premières à tomber, elles devaient avoir 10 mois et étaient bien sèches, bien conservées).
Avant de commencer la prise je me brosse bien les dents et me fait un bain de bouche au listérine (d'après le guide ça enlève les cellules mortes de la cavité buccale, soit ...)
C'est alors que ça commence : je place la chique sous ma langue, ne la sortant qu'une fois toutes les 7-10 secondes pour la mâcher franchement avant de l'y remettre.
Pendant ce temps mon amis s'occupe tranquillement. On est chez moi, un endroit où je me sens bien, avec quelqu'un de confiance, une présence rassurante. Pas de musique, c'est un soir d'été, très clair, dehors tout est paisible, j'étais de bonne humeur, content de voir mon ami.
Mâcher une chique sans avaler la salive, en prenant le soin de mettre le jus qui s'en extrait partout dans la bouche, c'est pénible, chiant presque, surtout sans distraction.
Alors mon amis me parle, je lui répond en écrivant, ça fait une discussion très sympa, très calme, où j'écoute l'autre plus encore que je ne le fais d'ordinaire. J'ai bien aimé les interactions qu'on a eues, ce qu'on a partagé tous les deux ce soir.
Rapidement le goût très amer des feuilles fraîches me saisit. Ce n'est pas très bon, et pourtant je suis de ceux qui trouvent le
gout des
champis largement acceptable. Pour rendre la prise moins désagréable, j'ouvre la bouche et verse du sucre blanc en poudre.
ça rend le goût un peu plus sympa. Mais je pense que c'est supportable sans sucre.
Ce qui est plus désagréable c'est que sans avaler la salive le volume contenu dans la bouche augmente progressivement. à la fin les joues bien gonflées c'est pas ouf, surtout pour continuer à mâcher.
Je suis tranquille, le temps passe paisiblement, je me sens apaisé sans vraiment savoir si c'est le contexte ou le début des effets.
30 minutes plus tard, montre en main, je recrache le tout dans un bol que j'avais mis à ma disposition à côté. Le jus est d'un vert profond, très sombre, je trouve ça peu ragoutant mais la couleur est belle, très profonde donc.
Puis je m'allonge sur mon lit pour attendre les effets. Mon ami à côté se fait discret, me laisse avec la
Salvia divinorum.
Je m'attendais à des effets puissants, à du délirogène, à planer, à halluciner à voyager, à délirer, ou que sais-je ? Quitte à prendre peur, à être mis face à mes angoisses, c'était une expérience importante pour ma spiritualité.
à coups sûr c'était l'erreur ... Je guettai le moindre effet sans me laisser aller, l'attendais, très exigeant de la plante, trop peut-être.
A l'affut de mes sens et de mes perceptions j'attends. On reste là une demie-heure mon ami et moi, de temps à autres il me demande si je me sens bien, ce que je vis (il a très bien tenu son rôle) sans être trop envahissant.
L'effet était léger, difficile à décrire. Planant mais doux, comme une montée de
champis, on se sent plus sensible que d'habitude, les perceptions changent.
Les sensations extérieures, la température de la pièce, la lumière du soir, les bruits dehors, ma chaleur interne, ... tout était assez agréable, un peu trop pour l'attribuer à ma seule bonne humeur sur le moment je crois ^^
Je me suis sentis très tranquille, très paisible. à un moment j'ai confondu sérieusement un écrou du sommier de mon lit pour un gros insecte ; je me tournais parfois brusquement, croyant percevoir un mouvement, une forme dans mon champs de vision ; ... Mais voilà tout globalement pour le plateau.
Après 45min de plénitude, relative puisque j'étais un peu déçu du manque de sensations nouvelles, on va chez mon ami.
La redescente était extrêmement agréable, je me sentais vraiment bien, très tranquille, apaisé, pas défoncé mais paisible, harmonieux.
J'ai bu ensuite un verre de whiskey chez mon ami et on a ensuite rejoins un troisième compère et fumé un
joint, je suis resté tout aussi bien.
Donc voilà , méthode de prise inhabituelle, effets sympathiques et légers mais qui à mon avis ne valent pas la peine d'une prise quand même assez pénible.
Depuis mes plantes, après avoir perdu la plupart de leurs feuilles, se portent mieux, le port de la tige est turgescent, des feuilles semblent épargnées de la maladie, la nécrose a ralentit, je suis aux anges !
C'était tout pour cette expérience, rien de bien transcendant mais je tenais à la partager.
N'hésitez pas si vous avez des questions sur cet épisode bien que je sois vraiment un grand amateur en ce qui concerne la
Salvia ^^
A bientôt !