L'
ayahuasca, ou la plante hallucinogène la plus branchée d'Amérique
Capture du film «While We're Young»
Ce breuvage amazonien chamanique a envahi Brooklyn et la Silicon Valley. Une drogue symptomatique de «l'ère du chou Kale» selon le New Yorker.
La tendance dans les sphères branchées américaines n'est plus aux drogues chimiques et excitantes, décrète la journaliste Ariel Levy dans un article du New Yorker. Au contraire, en ces temps numériques où il est bon de se tourner vers la nature, d'avoir «consience du temps présent» et de consommer des produits organiques, l'expérience –illégale– de la défonce doit se pratiquer, elle aussi, de façon «authentique».
Voilà pourquoi, explique la journaliste, l'
Ayahuasca –breuvage hallucinogène à
base de lianes, traditionnellement utilisé lors de rituels chamaniques en Amazonie– est particulièrement populaire à «l'ère du chou kale». «Et, comme ce fameux chou kale, consommer de l'
Ayahuasca n'est pas une partie de plaisir, détaille le New Yorker. La majorité des utilisateurs vomissent –ou, comme ils préfèrent le décrire, se “purgent”. Et c'est la partie la plus sympathique. “L'
Ayahuasca vous pousse dans parties les plus sombres de votre âme”, explique Tony un photographe en fin de cinquantaine. Avant d'annoncer qu'il souhaite de nouveau en consommer.»
L'
Ayahuasca permettrait à ses adeptes de «voir leur âme», «prendre conscience du présent», «apprendre la vérité des plantes» et «dialoguer avec la mort». Un programme aussi «efficace» que transcendental, que de plus en plus de nord-américains en quête de sens s'emploient à populariser.
Voyages chamaniques (Envoyé Spécial, F2)
À San Francisco «prendre de l'
Ayahuasca est aussi répandu que de boire un café, explique au New Yorker le coach en développement personnel Tim Ferriss. Je dois éviter certaines personnes en soirées parce que je ne veux pas écouter une fois de plus leur dernière saga de trois heures à visualiser des kaleidoscopes de couleurs...»
Effets secondaires tragiques absents de Wikipédia
Contrairement aux drogues récréatives ou «speed» que sont la
MDMA (extasy) ou la
cocaïne –souvent ingérées dans un contexte récréatif–, l'Ayauasca se consomme aux États-Unis au cours de «cérémonies». C'est un dire qu'un inidvidu s'auto-proclame chamane ou ayahuasquero –certains se surnommant même les yogahuesca. Les pratiquants se réunissent en cercle et vivent ensemble un trip au cours duquel le chamane les rassure et les accompagne dans leur exploration vomitive et psychédélique à l'aide de chants et de paroles envoûtantes. Le phénomène a même investi l'imaginaire d'Hollywood comme dans le film de Noah Baumbach While We're Young (2015) avec Ben Stiller et Naomi Watts.
Toutefois, le voyage mystique peut s'avèrer sans retour. Comme tous
psychotropes, l'Ayauasca peut favoriser les risques de décompensations psychatriques. De plus, comme le précise le New Yorker, l'overdose provoque «un
syndrome sérotoninergique qui se manifeste par des tremblements, de la diarhée, une hyperthermie, des palpitations et peut entraîner des convulsions, une rigité musculaire et même la mort».
Comme le rapporte Médiapart, un adolescent de 18 ans «venu chercher un nouveau départ» est décédé au Pérou en 2012 après avoir consommé une surdose d'Ayauesca. «Selon Le Parisien, un Argentin ayant fait une surdose s’était suicidé il y a trois mois en se plantant un couteau dans la poitrine tandis qu’en Équateur, en 2006, deux Italiens avaient disparu après avoir ingéré de l’ayahuasca. Ils avaient été retrouvés découpés en morceaux dans un fleuve», précise Médiapart.
Des informations qui n'apparaissent délibérement pas sur la page française Wikipédia tandis que les «Conseils aux voyageurs» du quai d'Orsay concernant le Pérou mettent formellement en garde contre «les centres d’éco-tourisme qui proposent des “initiations”».
N'est pas chamane qui veut.
Source :
http://www.slate.fr/story/123059/layahu … e-amerique