[ Expériences ]

Voyage introspectif

Après ce trip sous LSD, je me suis dit qu'il  fallait en témoigner. Mais je ne me sentais pas encore prêt pour en parler tout de suite. Car j'ai eu l'impression d'avoir vécu une expérience profonde qui m'a transformé. Je pense que cet endroit est le mieux pour être lu et compris. voici le récit :

C'était le 10 juin 2016. Ce soir là  j'avais un concert dans un cabaret (je suis musicien) à  quelques kilomètres de chez moi. Il s'est avéré que ce concert était complètement foireux. Pas du point de vue de notre prestation mais plutôt de l'organisation, du public etc..

Arrivé chez moi, matos déchargé, il est 4h du matin passé. Encore sous l'effet du champagne, je me pose dans la cuisine pour ma tisane du soir. Je me dis que j'ai besoin de prendre du recul sur ma soirée décevante et de trouver la paix en moi. Je me sentais prêt à  faire un voyage intérieur et pour cela il me fallait quelque chose pour m'aider. Je sors alors du frigo les deux cartons de LSD que des amis m'avaient confiés. Je coupe un tout petit bout d'un carton, croyant que ce serait une dose minime qui aurait sur moi très peu d'effet.

Je me couche et m'endors de façon instantanée. Disons environs une heure après, je me réveille de façon assez brusque. Comme si quelqu'un m’avait secoué pour m'extirper de mon sommeil... Oh   !... Ça monte  !!

Je reste volontairement allongé dans mon lit, dans le noir, yeux fermés. Prêt à  vivre une expérience introspective, pour rencontrer mon moi profond.

A ce moment, je me sens extrêmement bien. Je délire, je ris, je me roule dans les couvertures. C'est l'extase.

Je vois tout bouger autour de moi, mais en même temps j'ai l'impression qu'a chaque mouvement dans l'espace, je change de dimension. Comme si j'en découvrais de nouvelles, ressemblant à  des fractales.

Je prends la judicieuse décision d'écouter de la musique. Je reste quelque temps à  me délecter de se nectar divin caressant mes oreilles.

Je m'arrête ensuite, car je voudrais retourner dans mon introspection qui était le but de ce trip. Une fois remis dans le noir et dans mon lit, je commence à  sentir des vibrations. En fait je tremble. Mon cerveau se met à  fonctionner très rapidement. Je ressens le besoin d'écrire et saisi alors mon « cahier à  idées  ». J'allume la lumière et écris « Je ne savais pas que je serais moi-même ma propre prison  ». D'un coup, un sentiment d'amour me submerge. Je repense à  toutes les personnes que j'ai pu rencontrer dans ma vie et me dis à  quel point ce sont de belles personnes, que je les aimes, et qu'elles m'ont aidées à  devenir la personne que je suis aujourd'hui. J'essaie de lister ces gens mais c'est impossible, tout va trop vite.

Quelques phrases relevées de ce cahier  : « J'aime les gens qui que ce soit  ». « Je le dis en tremblant de froid  : l'amour c'est la chaleur  ». « Je donne ma vie non pas pour être pleuré, c'est pour laisser sa chance à  chacun.  ».

C'est perturbant. Alors je décide de me calmer et de me recoucher.

A ce moment, je passe à  une étape supérieure. Je suis hors de tout. Hors de mon corps, hors de l'espace, hors du temps. J'éclate de rire à  ne plus pouvoir m’arrêter. Pour moi tout devient tellement évident. D'ailleurs je suis à  la fois moi et à  la fois tout le monde. Je suis la totalité de tout ce qui est. Je remarque que le passé, le présent et le futur sont contenus dans la même chose, figé, et qu'il ne se déroule pas. C'est juste nous qui en avons l'illusion. Je ne prends même pas la peine d'allumer la lumière pour écrire. Je note ceci tout en continuant à  rire comme si ce que j'écris est une évidence  : « Tant que l'on aura pas compris le temps  ! On aura jamais compris Dieu.  »  ; « L'univers et une FRACTALE  ! Mendelbröt avait raison  !  ». A ce moment je suis en train de voyager dans ces fractales en zoomant et dézoomant  pour n'y voir que des figures autosimilaires changeant de dimensions. Les couleurs, elles, sont magnifiques  ! Il y a toutes les couleurs comprises dans le tout  ! Et même celles que l'homme ne peut percevoir. Elles sont tellement intenses. Tellement lumineuses.

Comme j'ai quitté mon corps, et que je suis à  la fois moi et tout le monde, j'ai l'impression qu'il y a une place de libre. J'ai l'impression que quelqu'un d'autre est venu occuper cette place pendant l'espace de quelques temps. Pour ensuite partir afin de laisser la place à  quelqu'un d'autre. Je me sens alors possédé.

J'écris  :« Quand ton corps ce n'est plus toi, c'est celui de n'importe qui  »  ; « Il est beau ce corps, mais ce n'est pas moi  ».Une personne me dit que cela faisait tellement longtemps qu'elle n'avait pas eu de corps.

Je ne m’arrête plus d'écrire, mais je suis incapable de savoir qui est en train d'écrire ceci  :

« Je sais ce que c'est l'amour. Je ne me trompe pas, c'est sûr  ! L'amour c'est les autres. Le meilleur de moi c'est les autres. Mes amours, mes amies. Mon côté positif est féminin. J'aimerais tant rencontrer une personne comme ça. Je voudrais retomber amoureux un jour. Pour cette fois, ne pas être déçu. Et promis c'est la dernière. Je ne suis pas seul. Je sais où est l'amour. J'ai juste besoin que quelqu'un incarne tout ça. Seulement pour montrer à  ceux qui ne savent pas le vrai pouvoir de l'amour. Tout le reste n'est qu'un complexe infini de fractales. L'infini grand est l'infini petit. Un tel pouvoir du positif. Un tel pouvoir de l'amour. Je ne suis pas le seul a avoir ce pouvoir. Tout le monde l'a. Je veux que lorsque l'on se rencontrera ce soit mieux que là  maintenant.  »

Quelqu'un veut me mettre en garde de quelque chose, elle prend possession de mon corps juste pour dire ceci  : « La porte que tu ouvres est gigantesque. Tu ne sais  même pas qu'un pour cent de l'univers.  »

Le délire continu. Je ne serais pas capable d'y donner une temporalité. J'écris (moi ou quelqu'un d'autre) toutes ces phrases sur mon cahier  :

« Puisque vous utilisez mon corps, quelqu'un peut-il le guérir au passage  ?  »
« Plein de gens, on croit qu'ils souffrent alors qu'ils sont juste content.  »
« La vie c'est une transition d'une à  une autre. Mais chaque vie est tellement importante. Chacun a sa chance. Laissons la à  ceux qui veulent tenter la leur. Respectons la vie. Cela ne veut pas dire de ne pas accepter la mort. Ça coûte tellement cher la mort. Personne n'y gagne.  »
« Faisons attention d'avoir toujours chaud.  »
« Quand tu viendras à  ma rencontre, incarne les plus belles images que j'aurais vues. Alors là  je pourrais t'aimer dans toute ta totalité.
« Le passage se fait par les pieds. En fait, il se fait par le souffle.  »
« Je pense beaucoup trop à  toi et je ne sais même pas qui tu es.  »
« Prendre le temps d'observer à  quel point la vie est belle.  »
« Je veux voir tout ce que j'ai vu en une seule personne. Il n'y a qu'elle qui réchauffera mon cœur.  »
« C'était le moment parfait pour faire ça.  »
« Ces magnifiques couleurs brunes qui vont vers le doré. Elles sont partout. C'est la couleur de ta peau.  »
« Je suis en quête de chaleur.  »
« Je m'ouvre au monde. Qu'il m’accueille.  »
« J'ai hâte de rencontrer la personne pour qui j'ai écris ces mots. C'est comme si je la connaissais depuis toujours et que j'allais la rencontrer demain. Y a-t-il quelqu'un qui peut incarner ça  ?  »
« Le temps d'une nuit j'aurais oublié mon ennui.  »
« Si je pouvais dire aux gens que j'aime que je les aimes tout serait bien plus facile. Notre plus grand danger c'est celui-ci. C'est d'inhiber l'amour. De nous empêcher de nous aimer alors que nous ne vivons que cela . C'est de là  que vient la chaleur. C'est celle d'un autre. Un autre toi. Voir de la couleur dans ce qui est gris. Aigri.  »
« Plus personne ne pourra me faire de mal car je suis entouré de bonnes personnes qui me protègent. Est-ce que mes amis savent que je les aime  ? Parce que tous les jours je reçois de leur amour. Pas un seul jour passe sans qu'au moins un ami me donne son amour. Il est seulement déguisé sous forme d'humour, d'un geste, un simple regard complice. Il faut savoir le décrypter. Ce n'est pas un être vide qui peut dire « je t'aime  ». Cette phrase a un tel pouvoir. Elle transmet de l'énergie. Elle remplie un être vide. Elle gagne sur la maladie. Elle donne la chaleur.  »
« Je ne suis pas ce personnage auquel on veut coller une personnalité. Je suis là  pour aider à  passer d'une rive à  une autre.  »
« Maintenant il faut que je me repose.Les amis te protègent de toi-même  ».

Je tente en effet de me reposer. C'est le matin, il fait jour. J'ai l'impression que toutes ces personnes veulent vraiment m'aider et me donner des conseils. Je sens énormément de bienveillance autour de moi. J'ai lâché mon cahier mais les délires continuent. Je discute avec des morts, qui me donnent des conseils pour moi et d'autres personnes.

A partir de ce moment, je redescends d'un étage. J'ai envie de profiter de ce jour magnifique qui se lève. De la beauté extrême des rayons du soleil. Je revêts mes plus beaux habits, me recouvre de parfum. Je danse dans le salon. Je tournois sur moi-même, caressé par la chaleur et la beauté des rayons du soleil. J'observe les objets qui remplissent mon appartement. Je me retrouve devant un miroir, mais je ne me reconnais même pas. La personne qui danse et se promène partout ce n'est pas moi.

Quelqu'un me dit alors qu'il faut que je pense à  redescendre sur terre. Elle me dit qu'une seule personne, une amie, pourra m'aider à  me reconnecter au monde réel. Elle le sait car elle la connaît bien.

C'est là  qu'a commencé ma descente qui s'est terminée à  peu près vers 19h. Je suis effectivement allé retrouver des amis car je sentais que c'était dangereux de rester seul. Cette descente était difficile avec beaucoup de rebondissements, mais il n'est pas nécessaire de la raconter.

J'en ai repris deux fois par la suite qui ont été aussi très mystique, dont un trip qui s'est terminé, avec la descente, 24 heures plus tard.

Merci de m'avoir lu. J'espère que mon témoignage fut utile et que d'autres personnes ont vécues ce genre de trip. Je peux aussi témoigner des autres trips qui ont été assez déroutant, ou bien même de mes descentes douloureuses.