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Les femmes, grandes oubliées des politiques antidrogues.
Alors que le monde célèbrera la Journée de la femme le 8 mars, l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) a présenté ce jeudi à Rabat son rapport annuel sur l’état de la consommation et du trafic de drogue dans le monde, avec un focus sur la toxicomanie au féminin.
Car si la proportion de femmes et de filles parmi les usagers de drogues est plus faible que les hommes (un usager de drogue sur trois est de sexe féminin), un cinquième seulement des personnes traitées sont des femmes et le nombre d’overdoses chez cette catégorie de la population mondiale ne cesse d’augmenter.
Selon l’organe onusien, celles-ci, stigmatisées, se heurtent en effet à d’importants obstacles sociaux, culturels ou personnels lorsqu’elles veulent accéder à un traitement pour toxicomanie. Dénonçant un manque de données concernant les femmes toxicomanes dans le monde, l’OICS demande que les politiques antidrogue les prennent davantage en compte.
“Nous voulons changer les perceptions et rappeler à tous, et en particulier aux décideurs, l’importance de la protection des droits des femmes qui font usage de drogues”, explique le président de l’OICS, Werner Sipp, dans le rapport. “Il faut cibler les besoins des femmes et lever les obstacles qui les empêchent d’accéder au traitement, comme la stigmatisation”.
Double peine
Travailleuses du sexe, détenues, femmes enceintes d’enfants non désirés, victimes de violences sexuelles, épouses de toxicomanes... Certaines femmes sont davantage exposées à la consommation de drogues et aux risques qu’elle entraîne. Pour une partie d’entre elles, c’est le cercle vicieux.
“Les travailleuses du sexe par exemple consomment des stupéfiants pour rester éveillées, pour être davantage ‘performantes’ ou, le lendemain, pour dormir plus facilement”, explique Jallal Toufiq, membre de l’OICS et directeur de l’Observatoire national des drogues et addictions au Maroc. “C’est la double peine. La plupart du temps, elles sont rejetées par leur famille parce qu’elles se prostituent et parce qu’elles se droguent”, déplore-t-il.
Si les femmes commencent à consommer plus tard de la drogue que les hommes, leur taux de consommation de cannabis, d’opioïdes et de cocaïne progresse néanmoins plus vite que celui des usagers masculins, et elles développent généralement plus rapidement que les hommes des troubles liés à l’usage de drogues, note le rapport.
Les profils des femmes toxicomanes sont très divers. Si la consommation de drogue concerne surtout les milieux défavorisés ou de la prostitution, des femmes de milieux aisés (étudiantes ou femmes actives) peuvent être concernées, rappelle Jallal Toufiq, qui dirige également l’hôpital psychiatrique Ar-razi de Salé, où se trouve un des 16 centres spécialisés contre la toxicomanie au Maroc, qui comporte un étage dédié aux femmes toxicomanes.
Contrairement aux hommes, les Marocaines qui consomment de la drogue prennent essentiellement des psychotropes. “Il est difficile de savoir pourquoi, mais cela peut-être dû à la perception qu’elles se font de ces cachets, qui peuvent être des médicaments parfois obtenus dans des pharmacies ou auprès de certains médecins”.
Au Maroc, 1,3% des filles de 13 à 15 ans auraient consommé au moins une fois de la drogue, contre 4,1% chez les garçons, selon un rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) publié en avril 2016. Selon une enquête de l’Office national des drogues et addictions menée en 2005-2006, les femmes qui s’injectent de la drogue sont plus jeunes que les hommes, consomment moins souvent de l’héroïne, injectent moins souvent les drogues qu’elles consomment, bénéficient plus rarement d’un dépistage des affections virales et enfin ont moins facilement accès aux traitements de sevrage.
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