Cette nuit revêt un parfum très singulier pour moi. En plus d’être la nuit de Noà«l, c’est ma première nuit en « maison de repos » et mes premières 48H sans
bédo (ce qui ne m’est pas arrivé depuis la saint glinglin ;-).
J’y ai été admis lundi, mais j’avais réussi à planquer un peu de conso… Pourquoi je suis là -bas ? Un concoure de circonstances rocambolesques ! Ces deux derniers mois, ma coupole devenait pleine, trop de boulot, bouffé par le stress, sans doute trop de guedros, j’étais à deux « mails » du burn out – un mot dont le sens est déjà galvaudé. J’avais le choix entre retourner au monastère bénédictin où j’avais déjà fait deux retraites par le passer pour faire un break sans tel, sans ordi, mais ces hommes de dieu devaient préparer NoNo et ne pouvaient me recevoir à cette période. Or, cette semaine précise était pour moi la seule opportunité avant des lustres de pouvoir débrancher quelques jours. J’ai donc opté pour une clinique privée qui se targue de prendre en charge les patients atteints de tous les maux de l’esprit : cadres cramés out, dépressifs, cabossés de la vie, beaucoup de filles ayant des problèmes avec l’alimentation, des grands malados semblant venir d’un autre système solaire, des accro au oinj, à la bouteille, mais surtout des gens addicts aux benzo… Je suis le seul hurluberlu qui n’a pas grand chose à faire là dans le mesure où même si je suis clairement dépendant à l’idée de prendre des drogues et pas encore (peut-être même jamais) enclin à me lancer dans une démarche sérieuse de
sevrage.
Quand je suis arrivé en admission, les psychiatres m’ont pris pour un ovni. Quand je leur disais ce que je faisais dans la vie, la créativité manifeste que m’ont apporté les drogues personnellement et professionnellement mes plaisirs, les drogues que je consommais, je me suis délecté de constater qu’une fois de plus les psy sont démunis face aux nouvelles tendances. Va parler de
3-MMC et de
MXE à un addicto… hihi, c’est ahurissant de voir à quel point ils sont dépassés.
Je leur ai dit que je voulais faire un break d’une semaine au calme, coupé du monde extérieur, sans tentation, hiérarchiser mes futurs projets, bref, prendre un peu de recul. Je voulais éviter le burn out et gérer mon stress, c’est tout. Le hic, c’est que si tu commences à parler de drogues (et surtout ma façon de le faire), ces petits bonshommes de psychiatres y voient là matière creuser comme des taupes et depuis mon admission, on ne parle que de ça. Ca me va, j’adore parler de drogues ;-)
Ca me fait plaisir de vous écrire à nouveau, après de trois moi d’un silence forcé, du mois pendant un temps, puis le temps qu’il m’a fallu pour trouver les bons mots sur moi et mon état aujourd’hui, mes découvertes, mes gros kiffs et mes quelques frayeurs.
J’avais à la fois hâte et peur de revenir parler de ma conso – qui d’ailleur fut conséquente- en un temps où je devais me focaliser sur le taff à 200%, tenter de faire fi de mes états d’âmes, comme celui de la culpabilité de me dire que je me drogue trop.
Mais laisser moi encore prendre le risque de dire quelque chose d’audacieux et un peu présomptueux, mais qui surtout me donnera peut-être tort à l’avenir : je suis parvenu à utiliser les (longues) périodes de défonce (2X4jours de
3MMC par mois et GHB24/24h depuis 6 semaines) à bonne escient. Je n’en prends plus pour planer, mais pour bosser un maximum à la période de ma vie la plus cruciale, du moins la plus redoutable et impitoyable.
Le
GHB me permet de me réveiller à 7h du mat en forme et à me coucher en 1 minute à 2H et dormir ces 5 heures réparatrices. Le lendemain, c’est la même routine. Toute les heures, un petit verre. J’ai plus de répondant, je suis soudain plus à l’aise dans les langues étrangères, je me trouve sympathique, attentionné envers mon équipe, bref, je suis au top. Passer des appels, bien rédiger mes mails, former mes nouveaux collaborateurs, tout ça devient simple. Sans je suis pas mauvais, avec j’ai le sentiment que je déchire tout.
Deux fois par mois, on commande aussi de la
3MMC et chaque mois donc, je passe 3 ou 5 jours sous
3-MMC non stop. Pendant ces périodes qui pouvaient encore jadis être considérées comme des parenthèses, mais qui depuis quelques mois sont devenues le principal contenu de mes semaines, je trouve ce surplus d’énergie et de bonne humeur nécessaires à la gestion, l’animation et l’innovation de mon entreprise la plus efficace qui soit.
Vous me direz : « l’alchi, t’es un grand malade ! Cela ne dure qu’un temps ». Et vous auriez raison, mais j’avais ce supplément d’âme et de force venant de l’adoration et de la constante excitation pour ce que je fais tous les jours.
J’ai l’impression d’être un pile Duracel en mode lapin plus
speed que Lemaître. Ca faisait 3 semaines que je me disais qu’il fallait faire quelque chose, et la semaine de Noà«l, celle ou le monde se fige et hiberne en familles (pas de clients…), c’était la semaine rêvée pour moi.
Le monastère ne pouvant me recevoir et mes parents me voyant chaque semaine lors du repas de famille dominicale les traits de plus en plus tirés et les yeux déconfis ont alors cherché une alternative. Ce sera la « maison de repos » et je n’ai pas dit non, bien au contraire.
L’équipe de psy de cette clinique n’est pas à la hauteur, du moins pas pour mon cas ; je ne venais pas chez eux avec la ferme intention d’abandonner les drogues. A propos, leur ABCdaire des drogues est bien limité et se limite aux drogues bien tradi et à celles « over the counter ». Je suis donc là en touriste, je déambule, fraternise, copine, j’étudie le comportement des autres pensionnaires, tente parfois de leur faire du bien en les écoutant ou en les faisant rire. J’ai l’impression d’être dans une auberge de jeunesse.
La directrice (qui ressemble à Cudy dans Dr House) et le staff m’ont dans le collimateur et j’ai droit à une fouille (si on peut appeler ça ainsi) tous les jours.
Ce type de séjour peut être grandement utile, mais pour l’abstinence totale, je ne suis pas prêt. La drogue m’est toujours globalement bénéfique, d’autant que je fais bcp de sport et me force à manger sainement.
Voili voilou, c’est tout ce que je vois à vous raconter sur ma première fois en « maison de repos ». Je sors dimanche et après on verra bien…
L’Alchimiste