Le leader des traitements anti addiction dechante

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Opioïdes : après en avoir profité, le leader des traitements anti-addiction déchante

Par Jean-Yves Paillé  |  02/09/2017, 9:00  |  790  mots
     

Aujourd'hui, le contexte ne joue plus en la faveur d'Indivior. La Maison-Blanche compte s'attaquer frontalement à la crise des opioïdes, mais devrait favoriser ses concurrent génériqueurs concevant des copies moins chères basée sur la Naloxone. (Crédits : Reuters)
Le laboratoire britannique Indivior, qui fabrique des traitements contre l'addiction aux opioïdes, a profité de la crise provoquée par ces anti-douleurs aux États-Unis et réussi à maintenir son leadership sur ce marché. Mais l'arrivée probable d'un nouveau générique de son médicament phare pose question sur l'avenir du laboratoire et inquiète fortement les investisseurs.
La crise des opioïdes (des psychotropes de synthèse) aux États-Unis profite à un laboratoire en particulier: Indivior. Mais pour combien de temps ? La société pharmaceutique britannique développe des produits contre les addictions. Elle compte sur le Suboxone, un médicament qui associe deux molécules, la Buprenorphine et la Naloxone. Indivior est dépendant des États-Unis qui représentent plus de 80% de son chiffre d'affaires, et dont il possède la majorité des parts du marché des traitements contre l'addiction aux opioïdes. Mais une décision de justice de l'État du Delaware pose question sur l'avenir de la société pharmaceutique. Le juge a autorisé Dr Reddy's un génériqueur indien à produire et commercialiser un générique du Suboxone. Suite à cette décision, Indivior a promptement publié un communiqué annonçant faire appel, et accusant le laboratoire de violer certains de ses brevets. Insuffisant pour calmer les investisseurs, refroidis. Indivior chutait de 35% à 270 livres sterling (293 euros) vendredi 1er septembre, à 16 heures à la Bourse de Londres, et perdait près d'un milliard de livres de capitalisation boursière.

Car si le recours du laboratoire britannique n'aboutit pas, Dr Reddy's n'aura besoin que du feu vert de la FDA pour entrer sur le marché. Ce nouvel entrant grignoterait à coup sûr les parts de marché des traitements contre l'addiction aux opioïdes d'Indivior.

Indivior résiste face aux génériques
Le laboratoire britannique a jusque-là réussi à maintenir son leadership, malgré l'arrivée de génériques. Il a même augmenté ses revenus lors des derniers trimestres. Indivior a ainsi obtenu des résultats financiers supérieurs aux attentes au second semestre 2017, atteignant 553 millions de dollars de chiffre d'affaires, une croissance de 4% sur un an. Des résultats portés par les ventes du Suboxone aux États-Unis, explique le laboratoire. En parallèle, le cours de son action a plus que doublé entre mai 2016 et la mi-août 2017 (160 à 410 livres). Le titre a été dope grâce à ces résultats financiers, avec l'obtention du statut de "percée thérapeutique" pour un nouveau traitement contre les opioïdes -un statut favorisant une commercialisation rapide du produit sur le marché- et plus généralement par la crise des opioïdes, fortement médiatisée outre-Atlantique, et suivie d'actions d'autorités américaines pour réduire l'addiction. Parmi celles-ci figure la possibilité donnée aux professionnels de santé de traiter un plus grand nombre de patients addicts aux opiacés avec la Naloxone.

In fine, le laboratoire fait donc plus que limiter la casse, face à la compétition des génériques. Indivior détient 59% du marché américain au premier semestre 2017, soit seulement deux points de moins par rapport à l'année dernière. an plus tôt.

Le laboratoire est accusé de pratiques anticoncurrentielles
Mais selon une trentaine d'États américains, la performance d'Indivior n'a pas été atteinte dans les règles. Ces derniers ont attaqué le laboratoire en justice en septembre 2016, l'accusant de manœuvrer pour maintenir des prix élevés. Ils estiment que le laboratoire y parvient grâce à des pratiques anticoncurrentielles pour empêcher les génériques de pénétrer le marché américain.

En 2002, Indivior (appelé alors Reckitt Benckiser, le nom de sa maison mère) avait obtenu un accord avec la FDA pour commercialiser le Suboxone pendant sept ans sans faire face à une éventuelle concurrence. Au moment où sa licence expiré, le laboratoire a lancé en 2010 un Suboxone avec un autre mode d'administration (le médicament se dissout sur le langue) obtenant de nouveaux brevets, afin de protéger son traitement jusqu'en 2023. Puis le laboratoire a sorti son ancienne version du marché américain en 2012, évoquant un danger pour les enfants "exposés au traitement". Dans une lettre la même année, le laboratoire encourage la FDA à retarder l'approbation de génériques pour des questions de sûreté.

Contexte défavorable
Aujourd'hui, le contexte ne joue plus en la faveur d'Indivior. La Maison-Blanche compte certes s'attaquer frontalement à la crise des opioïdes. Donald Trump prévoit de déclencher un dispositif d'urgence nationale contre ces anti-douleurs qui tuent plus que les accidents de voiture et sont responsables de six overdoses sur dix aux États-Unis. Mais le ministre de la Santé Tom Price veut favoriser partout sur le territoire la diffusion de la Naxolone. Et Donald Trump a répété qu'il voulait globalement favoriser l'entrée de génériques sur le marché américain pour faire baisser les prix des médicaments.Une mission que pourrait remplir le fabricant indien de génériques Dr Reddy's. La position dominante d'Indivior sur le marché de l'anti-addiction aux opioïdes ne tient plus qu'à un fil...

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