Bonjour,
Ce forum est une perle rare à chaque fois puisqu'il agit dans le sens libéral et responsable des termes : il y a des faits, des réalités qui dépassent la stupide idée de savoir s'il faut interdire ou pas, si c'est bien ou pas bien, bref la petite et irresponsable sentence de l'être, croyant qu'il suffit de penser, de disposer d'une morale pour aborder des sujets complexes comme celui des drogues.
L'une des véritables questions avec la drogue est : que peut-on faire avec ce truc de toute façon négatif pour que le pire ne vienne pas s'ajouter au mauvais ? Comment préserver, protéger, soigner. Et non sanctionner une faute ?
Mon rapport à la drogue n'est pas dramatique comme de nombreuses personnes ici. je n'ai pas sabordé ma vie sociale, ma santé et je n'ai pas de dépendance pathologique. l'entrée comme beaucoup fut toujours la notion de festivité et jamais de besoin physiologique ou lié à un désir de brouiller le quotidien pour noyer des angoisses voire une dépression. La drogue pour moi, c'est avec les autres, seul, ça ne me plait pas.
Une question de chance aussi, parce que rencontrer des amis ou non qui furent (ou sont) à accro à l'
hero, au
crack, la
coke) et te regardent lors de leurs rares moments de lucidité en te priant de ne jamais pousser loin le délire, et bien cela m'a interdit d'y aller. Des témoignages spontanés souvent gorgé sde désespoir, et ça vaut tous ces quelques asshole assermentés des médias qui n'y connaissent rien et te débitent les facteurs de risque etc. Attention, tous ne sont pas si professoral, il y a réellement des soignants, dignes, empathiques, qui vont au delà de la morale. Des soignants quoi. Mais les médias dominants ont du mal à éduquer la population sur la notion de drogue.
Ce qui me sauve de la dope c'est une haine profonde (et une culpabilisation forte) des lendemains, des moments gâchés, des semaines ruinées (pour 5 à 10 heures ou plus de plaisir relatif), puis une croyance forte que si le bonheur existait sous dope, alors il existe sans, certes avec moins d'intensité mais avec d'autres propositions. C'est donc une croyance que le chimique et le biologique de la
came peuvent-être finalement mis en œuvre, sans produits.
Beaucoup plus jeune, dans un état dépressif c'est la
mdma qui m'a montré que le bonheur d'être soi existait, alors il aura fallu travailler avec cette certitude.
Mais voilà, je n'ai pas de problème de dépendance forte, d'autres ne peuvent même pas aborder cette réflexion sur ce "bonheur" artificiel vs naturel. Ils sont vulnérables et en souffrent cruellement.
Personnellement c'est la
coke qui a été (un peu encore) mon problème. L'
hero, les acides, la
beuh, la
mdma, d'autres non pas eu de fort pouvoir de séduction. Le caractère pervers de la
coke, son magnétisme psychologique, ses promesses à chaque nouveau trait, cette rapide promesse d'être dans un univers puissant et accueillant en 5 minutes. C'est une drogue manipulatrice et séduisante.
Puis le revers, la perte de notion du temps (te retrouver à 4h dans un paname glauque, un appart morne), elle bousille tes relations de couples (tu devais rentrer à 23h, te voilà comme une merde à 6h, puis les jours suivants tu pionces, tu es nerveux, ton corps te déteste, tu rumines sans cesse des obsessions, tu te vomis... et quelques jours après l'idée d'avoir du meilleur matos reprend le dessus, te voilà déculpabilisé. Reviendra l'appel non du produit mais du contexte, un pote qui appelle le "tu fais quoi ce soir ?" et bim, tu dérapes, ça tambourine dans le caisson, le corps réagit même avant la prise (chiasse !) te voilà prêt à lâcher ton tafe dans la minute. T'es à découvert ? tu t'arranges, tout devient possible car finalement si tu es à ce jours encore vivant (socialement et cliniquement) c'est que tout est encore dans la zone du tolérable, l'infini et hyper relatif tolérable.
J'ai eu de la daube, souvent de la correcte, et avec le
Darknet que de la qualité extra. Aujourd'hui je ne tape quasi plus (3 fois par an), mais ça m'emmerde toujours autant.
J'ai une forme rare d’épilepsie, lié à des moments particulier du sommeil, ce qui se traduit par "une soirée
coke" = nuit blanche et nuits suivantes catastrophiques.
J'ai stoppé ce truc simplement : dis ciao aux amis du contexte, un ciao brutal et radical. Ciao aux Dealers. J'ai démarré une thérapie TCC (8 mois). Puis j'ai abordé la
méditation. Sérieusement.
Pour la petite histoire c'est quand j'ai arrêté la
méditation au bout de 2 ans que j'ai repris très doucement la
coke. J'ai donc repris la
méditation.
La
méditation m'aura permis de me mettre en situation, c'est à dire que le désir d'en prendre se manifeste parfois quand je médite, ou les angoisses de la
descente, j'ai la sensation de les diluer, les dissoudre... et elles passent. La
méditation vient aussi modérer parfois radicalement les ruminations, les obsessions, ces pensées automatiques, ce cerveau qui sans cesse raisonne. Quant à certaines séances de médite tu n'arrives à rien, donc du rien ou du peu (ton cerveau est vide) : c'est l'extase (la
coke ou le
lsd te permettent d'avoir mille pensées).
Je ne te dis pas de méditer pour sortir de la
came, je dis simplement que pour moi, c'est la bouée de secours, j'en avais pas avant sinon confier à mon cerveau des ruminations improductives.
Le sport (natation et boxe pour moi) est évidemment la solution mais il s'oppose à la drogue par le fait qu'il impose une symétrie dans le sens où avec le sport tu vas te motiver, lutter puis viendra le plaisir. Avec la drogue c'est un peu l'inverse, le plaisir viendra tout de suite... et la lutte après.
Dernière modification par Pelleassandre (03 novembre 2017 à 14:40)