Le DMP? la teleconsultation et tutti quanti...

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Nicolas Revel : « Nous allons ouvrir des dizaines de millions de dossiers médicaux partagés »

INTERVIEW - Le dossier médical partagé sera généralisé, à l'automne prochain, à tous les assurés sociaux, annonce aux « Echos » le directeur général de la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM). L'année 2018 va également être marquée par l'entrée dans le droit commun de la télémédecine.
L'année 2018 devrait être marquée par la généralisation du dossier médical partagé , de la téléconsultation et de la téléexpertise. La dématérialisation totale des prescriptions est programmée d'ici à 2022.

La télémédecine va sortir du stade expérimental cette année. Est-ce la solution aux problèmes d'accès aux soins ?

Ce sera une partie de la réponse. En inscrivant la télémédecine dans le droit commun, nous répondons à une attente aussi bien des patients que des professionnels de santé. Les patients isolés ou faiblement mobiles veulent pouvoir accéder à leur médecin généraliste, dont beaucoup n'ont plus le temps de se déplacer à domicile. La téléconsultation évitera aussi des déplacements plus longs encore s'agissant de médecins spécialistes, qui exercent de plus en plus souvent dans les centres urbains ou les établissements hospitaliers.

Enfin, nous rendrons possible un nouvel acte dont on parle moins mais qui répond à un vrai besoin : la téléexpertise. Elle permet à un généraliste de faire appel à un autre médecin pour un avis de second recours sans que le patient soit forcément présent. L'objectif est d'accélérer la réponse médicale sans en passer par une consultation quand ce n'est pas nécessaire.

Pourra-t-on consulter via une application vidéo sur smartphone ?

Il n'est pas question d'utiliser Skype ou Facetime. Il s'agit de données médicales, les communications doivent être sécurisées. Suffit-il pour autant de se voir et de se parler pour mener une consultation ? Cela peut s'envisager dans certaines situations cliniques, mais le plus souvent il sera nécessaire que la téléconsultation s'accompagne de la transmission de données cliniques. Ce sera au médecin d'apprécier s'il dispose des éléments suffisants pour engager sa responsabilité. La Haute autorité de santé, que la ministre a saisie, sera amenée à en préciser les conditions.

Mais les gens qui ne peuvent pas se déplacer ne sont pas forcément équipés à la maison pour effectuer une vidéocommunication sécurisée...

Il n'est pas nécessaire de se doter d'un équipement sophistiqué pour sécuriser une communication. N'oublions pas non plus que les patients pourront aussi faire appel à des professionnels de santé : l'infirmière qui se déplace à domicile pourra être équipée pour déclencher une téléconsultation ; les pharmacies pourront accueillir ces dispositifs également, sans compter de multiples locaux équipés que certaines municipalités pourront ouvrir. Après la négociation en cours avec les médecins, nous déclinerons la télémédecine dans les conventions des autres professions de santé.

L'Assurance-maladie fera-t-elle des économies avec la télémédecine ?

Le développement de la télémédecine entraînera des économies en matière de transport sanitaire, voire d'hospitalisations évitées. Mais à l'inverse, nous allons rémunérer des actes qui ne l'étaient pas aujourd'hui. Mon sentiment est qu'en définitive la télémédecine aura un coût. Mais il faut l'assumer, à la fois pour améliorer l'accès aux soins et la qualité des prises en charge.

Comment éviter les fausses consultations ?

Nous ne pourrons pas nous garantir par la signature simultanée, par voie électronique, du médecin via sa carte professionnelle et du patient via sa carte Vitale. Mais les médecins devront conserver les traces électroniques et les comptes rendus de leurs téléconsultations, ce qui permettra de mener des contrôles a posteriori en cas de situation atypique. Nous nous donnons deux ans pour nous doter d'un système permettant de sécuriser a priori les facturations.

Pensez-vous que la télémédecine va décoller rapidement ?

e n'ai pas de doute pour la téléexpertise. Ce sera un choix rationnel pour un médecin : en une heure de travail, il pourra ainsi traiter plus de situations médicales qu'il ne le ferait en une heure de consultations. Les choses sont plus incertaines pour la téléconsultation : si elle évite au patient de se déplacer, elle ne fait pas forcément gagner de temps médical car une consultation à distance ne sera pas forcément plus rapide qu'une consultation normale. Je pense cependant que des médecins y recourront car cela répond tout simplement à un besoin croissant, notamment pour des patients très éloignés ou en perte d'autonomie.

Faut-il se méfier des sociétés qui se sont lancées dans le business de la téléconsultation sans attendre le remboursement ?

Avec les syndicats de médecins, nous nous sommes rapidement entendus sur deux principes : la place du médecin traitant dans l'organisation du parcours de soins doit être préservée et il doit y avoir déjà eu une consultation de visu avant une première téléconsultation. Ces conditions ne rendent pas possible la prise en charge par l'Assurance-maladie des offres de sociétés qui vous orientent vers une plate-forme « off shore », située n'importe où, et qui vous met en contact avec un médecin qui ne vous connaît pas et ne vous reverra jamais.

Il faut absolument développer la télémédecine, mais pas en mettant en danger l'organisation de notre système de soins, ni en rompant avec nos exigences de qualité et de suivi des patients dans la durée. Ces offres commerciales pourront toujours être financées au premier euro par des complémentaires santé, mais elles ont vocation dès lors à occuper une place marginale.

Quand le dossier médical partagé, ou DMP, va-t-il devenir une réalité ?

Il sera généralisé à l'automne prochain à tous les départements et à tous les assurés sociaux. Quand l'Assurance-maladie a repris la gestion du DMP, en 2016, il n'y avait, dix ans après son lancement, que 600.000 dossiers en stock. Dans seulement neuf caisses primaires pilotes, nous en avons ouvert 400.000 nouveaux en un an, et avons ainsi franchi le cap du million. L'objectif est d'aller très vite et d'ouvrir, d'ici quatre ou cinq ans, plusieurs dizaines de millions de DMP avec des données abondantes et fréquemment actualisées.

Comment comptez-vous y parvenir ?

Dans l'ancienne version du DMP, il fallait qu'un médecin prenne quelques minutes pour ouvrir le dossier de son patient. C'était un goulot d'étranglement rédhibitoire. D'ici la fin de l'année, vous pourrez créer directement votre dossier en ligne. Vous pourrez le faire aussi dans les accueils des Caisses primaires d'assurance-maladie - où nous recevons 17 millions de visites chaque année. Surtout, il sera possible d'ouvrir un DMP dans n'importe quelle pharmacie car nous avons prévu cette possibilité dans la convention conclue cet été avec les pharmaciens, avec une rémunération de 1 euro par dossier ouvert. Je proposerai aux infirmiers de le faire aussi pour les patients en perte d'autonomie.

Mais il ne suffit pas de créer des DMP s'ils sont vides, ce qui était le cas de la moitié des 500.000 DMP que nous avons récupérés.

Justement, comment garantir que ces dossiers seront remplis ?

Maintenant, dès qu'un dossier est ouvert, nous l'alimentons d'emblée avec deux années de consommation de soins : les médicaments remboursés, les médecins consultés, le recours aux autres professions de soins, les examens réalisés... La loi prévoit aussi que les établissements de santé transfèrent les comptes rendus d'hospitalisation. Les médecins généralistes sont incités financièrement à remplir des volets de synthèse médicaux qui ont vocation à alimenter le DMP, de même que les résultats d'analyse transmis par les laboratoires de biologie.

En fin de compte, qui aura accès aux informations ?

Nous voulons faire du DMP un dossier riche de toutes les données médicales des patients, accessible par tous les professionnels de santé et en tout point du territoire. Mais le DMP devra surtout être facile d'accès pour les patients eux-mêmes. Nous avons déjà développé une application mobile sous iOS et Android que nous testons dans nos neuf départements pilotes. Elle sera accessible à tous dès cet automne et permettra à chacun d'alimenter son dossier avec ses données, comme pour signaler une allergie, ou pour intégrer la photographie d'une ordonnance ou d'une analyse de biologie...

A la fin des fins, le patient doit rester maître de son DMP. Il pourra masquer certaines informations ou s'opposer à ce qu'un professionnel puisse consulter son dossier - sauf bien sûr quand il s'agit de son médecin traitant.

Est-ce que l'Assurance-maladie doit investir lourdement ?

L'investissement de départ a déjà été fait. Nous l'avons complété par des développements informatiques pour favoriser notamment la création des DMP. Par ailleurs, l'alimentation du DMP ne sera pas rémunérée, car elle doit devenir un élément normal de la pratique professionnelle.

Cette nouvelle tentative d'installer le DMP doit être la bonne. Quand on a récupéré la gestion, après dix années d'attente, il y avait plus de scepticisme que de confiance. Aujourd'hui, les perceptions évoluent. J'observe un vrai intérêt du côté des établissements hospitaliers, mais aussi des professions médicales et paramédicales. Tout le monde convient que nous avons besoin du DMP. Tous les pays autour de nous s'y lancent. Nous serons prêts en fin d'année.
Solveig Godeluck   

Sources: https://www.lesechos.fr/economie-france … 153702.php

Dernière modification par Mascarpone (18 février 2018 à  07:11)


Qui pète plus haut que son cul, fini par se chier dessus!
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Clairement ce sera, à mon avis, un réel progrès pour la très grande majorité des personnes soignées.
Donc je crois qu'il ne faut pas critiquer la réforme elle même mais seulement son éventuelle application problématique dans les cas où la confidentialité et l'anonymat sont essentiels (usage de drogues illégales, VIH, avortement etc..). Donc trouver un modus vivendi qui garantisse à la fois  l'efficacité et la protection de la vie privée.
Evidemment le projet dispose de ses propres outils de confidentialité (mots de passe etc..) mais je crois qu'il faudra aller au delà (dans certains cas) en permettant des dérogations gérées par la personne elle même.
Amicalement

S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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Mwé...Mais comme toujours, il y a la théorie et....La pratique! Et quand je vois déjà comment les arrets de travail, la gestion du MT et même, les remboursements sont traités (par télétransmission, j'entends)ben, bon courage et surtout, bonne chance aux toubibs et même aux patients!big_smile

Genre, le site en carafe, une fois sur 2, le site qui met 3 plombes pour saisir et enregistrer un arret de travail, la cpam qui ne cesse de rejeter des factures pour une virgule de travers, les codes qui ne passent pas en informatique, j'en passe et des meilleures, vraiment bonne chance! corde-pour-se-pendre

Sans compter sur les différentes cpam qui ne bossent pas du tout pareil et le nombre de courriers et de coups de fil inutiles et couteux pour éclaircir une consult à 3€50...

Dernière modification par Mascarpone (18 février 2018 à  20:38)


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