Bonjour à tous/toutes ! Ca fait quelques mois maintenant que je lis des
TR merveilleux sur ce forum, et je me suis enfin décidée à partager une de mes expériences. Le choix du
LSD fut simple ; car c'est - de ce que j'ai goûté - ce qui m'a fait connaître le plus singulier des voyages.
J'en ai pris deux fois, la première il y a un an, et la seconde il y a environs quatre mois. Je vais vous raconter mon premier trip, car c'est celui qui m'a fait découvrir cette intrigante molécule, et qui a le plus chamboulé ma vision de l'existence.
Désolée d'avance car je sens que ça va être long, j'espère que certains auront envie d'aller jusqu'au bout :) car c'est le récit d'une merveilleuse
ascension Tout d'abord, le
set and setting : j'étais avec quatre amis et mon copain de l'époque (avec qui je n'étais plus en phase depuis longtemps) et nous pendions la crémaillère de l'un d'entre nous (que j'appellerai JD). Ce dernier était le seul à avoir déjà consommé du
LSD, à plusieurs reprises, et il s'était occupé d'acheter les cartons (assez dosés puisque c'était -semble-t-il- des double faces), puis de les découper en quarts.
L'ambiance était chouette et j'avais vraiment envie de tester le
LSD à cette époque (j'avais déjà connu une tentative infructueuse). Maintenant que j'ai pris un peu de recul, je me dis qu'aujourd'hui je ne me tenterais pas à prendre une drogue dans ces conditions, parce que plusieurs facteurs auraient pu s'avérer embêtants (je prenais les cours en prépa deux jours après, et comme je l'ai dis, les choses n'allaient pas bien avec mon ex). Bref, aujourd'hui je fais carrément plus attention au set and setting, même si les choses se sont merveilleusement bien déroulées.
Nous étions donc chez JD, dans un petit studio de 13m², avec un jardin. Un de nos amis n'a rien pris (M). Mon ex (W), une amie (Mé), un autre ami (T), JD et moi avons pris un quart ; nous étions donc cinq a débuter le voyage, et pour quatre d'entre nous, c'était le premier.
Maintenant je dois faire une petite précision, pour la suite de mon histoire : au début de la soirée, sans être aucunement trippée, j'avais lu sur la table de JD un nom, qui m'avait faite sourire : celui de son propriétaire - dont les initiales étaient JD (je sais ça paraît étrange, mais vous comprendrez ensuite pourquoi je surnomme l'ami chez qui nous étions comme ça). C'est dommage que je ne puisse pas écrire son nom, mais bon, je laisse votre imagination travailler :)
Le premier quart (vers 22h30) ne nous a pas fait grand chose, de mon souvenir ; nous avons simplement commencé la soirée en discutant, en écoutant de la musique et en fumant quelques pétards (je précise qu'étant consommatrice régulière depuis plusieurs années, l'idée de ne pas fumer pendant le trip ne m'est même pas venu à l'esprit : cependant fumer potentialise les effets
psychotropes et
il n'est pas conseillé de le faire lors d'une première fois).
Nous avons pris le deuxième quart vers minuit et il me semble que c'est là que les effets ont commencé à apparaître. Nous avons commencé à écouter de la core et à danser dans le studio, tout en se peignant les uns les autres avec de la peinture fluorescente que Mé avait apportée.
Je me souviens de cette sensation de bien-être qui est apparue, cette mouvance désormais si fluide et ce caractère
intense que prenait tout autour de moi. Ces effets qui n'avaient tellement rien à voir avec une quelconque montée de tazz ou de
MD, ces effets si psychiques, si éloignés du craquement de mâchoire et des bouffées de chaleur que je n'apprécie plus.
Je me souviens de détails très précis. De cet ami, JD, qui n'était réellement qu'une connaissance, depuis un an, une personne que je trouvais intelligente et intrigante mais sans jamais avoir imaginé un quelconque rapprochement de nos êtres ni de nos corps. Il m'a dessiné sur le visage, avec cette peinture, et je me rappelle de ses pupilles en mydriase qui ne laissaient transparaître qu'un demi-millimètre d'iris, et qui me regardaient, avec une intensité palpable.
D'un coup, il a dessiné
un point, son regard a changé, et ce moment avait quelque chose de merveilleux, d'onirique ; c'était le point parfait, à l'endroit parfait, à l'instant parfait.
Nous avons continué cette soirée dans l'insouciance la plus totale. Je ne sais plus si j'ai repris un quart ensuite, je crois que j'ai repris un huitième, deux heures après, mais j'étais au plus haut vers 2h du matin.
Je ne sais plus exactement dans quel ordre nous avons fait les choses que je vais raconter maintenant. Il y a eu deux moments distincts :
Un moment, nous sommes allés dans le parc à côté de chez JD, seulement JD, T et moi. T a eu des hallucinations, comme des gradins qui s'étendaient en arc de cercle devant nous, là où il n'y avait en réalité que de l'herbe. Nous avons marché (je crois qu'il était environs 4h du matin, mais le temps était complètement distordu) et croisé le chemin d'un homme étrange qui nous a tous fixé et qui est parti sans dire un mot - celui-ci, je suis sûre qu'il ne s'agit pas d'une hallucination. Puis en allant dans le parc, nous avons fixé pendant de longues minutes une fenêtre, où il nous semblait voir une ombre se mouvoir, et nous nous racontions à tour de rôle la vision étrange à laquelle nous assistions - qui n'était pas du tout la même - et que nous laissions nous envahir.
C'était une sorte d'hallu consciente, sur laquelle je me concentrais juste assez pour qu'elle évolue, mais face à laquelle je restais tout de même passive, comme pour la laisser s'étendre. Je n'ai d'ailleurs jamais eu de véritable hallucination que je ne sois pas capable de "maîtriser", entre grosses guillemets, c'est à dire d'arrêter de voir en tournant les yeux ou au contraire de laisser évoluer en me concentrant légèrement.
Lors de cette virée dans le parc, nous avons fait de ce que nous avons appelé la "balançoire horizontale" (en réalité ce n'en est pas du tout une, mais je ne saurais pas dire comment s'appelle jeu). En résumé, deux personnes s'assoient sur des pneus accrochés aux extrémités d'une épaisse tige de féraille horizontale et courbée, qui au milieu est elle-même accrochée à une large tige verticale qui la maintient au sol. Quelqu'un nous fait tourner, et hop. Bref, c'était très chouette, nous étions euphoriques (à chaque fois que je dis "nous", il est vrai que je parle surtout de JD et moi, qui avons vécu le trip d'une manière vraiment similaire).
Tout était comme nouveau,
ravivé, et découvrir ce monde-là, qui était fondamentalement le même que quelques heures auparavant, et qui pourtant avait revêtu une intensité magique, était un sentiment exceptionnel et inédit.
A un autre moment dans la nuit, nous avons raccompagné M chez lui (l'ami qui n'avait rien pris). Ce trajet, qui était censé durer quarante minutes, a pris
trois heures. Je ne sais plus à combien nous sommes partis. (il faut savoir que T et W n'ont pas vécu la même expérience que Mé, JD et moi. leur trip a été beaucoup plus introspectif, et comme ils étaient fatigués, ils ne nous ont pas forcément suivi ensuite).
Bref, nous avons raccompagné M en s'arrêtant nombre de fois, en riant, en parlant, en fumant des
joints et en laissant le temps se tordre et se tendre, sans se soucier de rien. En ne se souciant aucunement d'être en pleine nuit sous
LSD dans les rues à se tordre de rire. Nous avons trouvé Sophie la girafe dans la rue, qui nous suit toujours, un an après, accrochée à notre sac à dos et marquée par le temps (elle aussi !). Cette nuit a été pleine de détails comme celui-ci, des détails qui prenaient une importance folle.
Ce trajet qui a donc duré trois heures, a été
génial. En revenant, croustipain (devenu depuis lors notre bien-aimé croustitrip) venait d'ouvrir, et nous y sommes entrés, dans un état d'émerveillement et d'euphorie. Après avoir galéré à choisir et avoir essayé de s'empêcher de pouffer de rire devant les employées, nous avons fini par choisir une multitude de bouffe (surtout moi, d'ailleurs je ne me souviens pas avoir eu particulièrement faim mais c'est comme sous champot' : j'adore me délecter du goût des aliments sous
psychotropes).
Nous sommes rentrés, après déjà 6h de trip, et c'était loin d'être terminé. Il y a un truc génial avec le
LSD, c'est que ça ne s'arrête
jamaaais. C'est évidemment à double-tranchant, car on a pas toujours envie de tripper pendant douze heures. D'où, encore une fois, l'importance du set and setting. A ce moment-là, nous sommes rentrés dans le studio et nous nous sommes allongés sur les matelas. T et W voulaient dormir, alors nous essayions de ne pas faire de bruit, tout en se racontant des devinettes qui nous faisaient rire comme jamais je n'avais ris de mon existence.
Ce qui est génial, c'est que ces devinettes, je les avais entendues des dizaines de fois déjà. C'était celles que racontait mon père quand j'étais gamine, et elles ne m'avaient jamais semblé si hilarantes. Mais ce petit matin-là, tout était devenu hilarant. Nous avons ri à en pleuré en se rendant compte que mes devinettes-anecdotes d'enfance étaient toutes assez glauques.
Comme nous faisions beaucoup de bruit, nous avons fini par sortir tous les trois, Mé, JD et moi, sur le pallier. C'est là qu'au délire, s'est mêlée une sorte de
conceptualisation du délire. C'est là qu'on a atteint
l'apogée du trip.
Ce nom, vous savez, ce nom dont les initiales sont JD, il est devenu tout un concept. Nous avons créé, grâce à des connexions de pensées que l'on savait complètement délirantes et qui paraissaient pourtant si évidentes, toute une histoire autour de ce JD. C'était d'une évidence folle. "Mais oui, bien sûr, JD !" . Nous lisions à la fois des devinettes sur internet (les miennes nous ayant ouvert l'appétit) et des petits détails de ces devinettes venaient s'insérer au coeur de l'histoire, former des liens abracadabrantesques dont l'absurdité nous faisait éclater de rire.
C'est génial, les liens qui se créent dans l'esprit, grâce au
LSD. C'est comparable à ceux qui se créent avec les champignons, même si, pour ma part, je préfère le premier, sans aucune hésitation. C'est comme si le
LSD et les champi me faisaient apparaître tout un champ d'éventualités dans la perception, un champ conceptuel inépuisable, une infinité d'éléments complémentaires : mais que je ne les percevais pas de la même manière avec les deux produits. Avec les champi, cette infinité a tendance à me perdre, tandis qu'avec le L, je me retrouve en pleine
fusion avec ces éléments.
Rien ne m'angoissait, et toute cette bizarrerie autour de moi m'amusait terriblement, ma conscience ne partait pas, et j'aurais pu avoir l'air tout à fait normal. C'est simplement que tout était extasiant, et qu'il n'y avait aucune raison de cacher ce caractère extasiant des choses, alors nous le laissions se déployer.
Nous avons ri comme ça, sur JD et son frère John D siamois trafiquant de drogue, qui a développé un complexe d'infériorité, et le canari jaune de cinq cent kilos de JD, et le château . . . . . . pendant encore cinq heures
Cinq heures. Là sur le pallier de l'appart, à rire, rire, rire, dans cette boucle infernale qui n'avait pas de fin.T, que nous croyions être en train de dormir, nous a avoué plus tard s'être senti mal à cet moment-là. Il tergiversait sans arriver à dormir, et il nous entendait (de ses dires) répéter "J.D !" et hurler de rire pendant des heures. Dans son esprit, ce nom qui nous faisait tant délirer résonnait en boucle également, mais il le percevait comme une boucle dont il n'arrivait pas à se détacher pour pouvoir s'endormir. Je me sens un peu coupable de ne pas avoir pu l'aider à ce moment-là, cette mauvaise expérience l'ayant un peu refroidi.
Bref, nous avons ri, pendant cinq heures encore, comme des malades, avec la matinée qui commençait, sans avoir aucunement envie d'aller se coucher, dans un état de paix
merveilleux.
Puis vers 11h, ceux qui avaient dormi se sont réveillé, et nous sommes retourné au parc. J'étais sereine, le produit redescendait, et je me rappelle cette douce fatigue qui commençait tandis que le soleil tapait. Avec JD, nous sommes allés dans ces jeux qui nous paraissaient si différents désormais avec le jour, émerveillés par ce que l'on venait de vivre. Et nous deux, qui n'étions avant ça que des connaissances qui s'estimaient, avions formé un lien.
Je crois que l'on n'a pas beaucoup parlé, si ce n'est qu'on a encore un peu ri.
Abasourdis. Et puis, étrangement, mais de la manière la plus naturelle qui soit, on s'est pris dans nos bras. Il y avait une connexion, quelque chose qui s'était immiscé, le plus sainement du monde, et qui était là, désormais; et moi qui ne touchais personne, je le prenais, lui, dans mes bras, le plus naturellement du monde, alors même qu'il y avait mon ex près de là.
Vous l'aurez compris, si ce souvenir m'est si cher, c'est en partie parce qu'un an après ça, JD et moi sommes ensemble. Après cette expérience, nous n'avons pas cessé d'échanger, de communiquer, et puis, après plusieurs semaines, nous avons passé le cap. Un an après, nous nous appelons encore l'un l'autre JD !^^ Ma vie a radicalement changé depuis lors. Je n'affirmerais pas que ces changements sont dus au
LSD, mais plutôt que j'étais à une période transitoire de mon existence, et que j'avais besoin d'une transformation, de quelque chose qui me fasse entrevoir le monde autrement, pour apprendre à me délecter des petites choses de l'existence, et le
LSD a facilité cette transition.
Le
LSD a également facilité (car il n'a pas créé, loin de là) la rencontre de nos êtres, et dans cette prise de conscience de la complémentarité du monde, on a également pris conscience de notre propre complémentarité, et de tout le bon et le merveilleux que nos deux êtres pouvaient faire jaillir ensemble. Le
LSD a été le point de départ de cette élévation que nous faisons perdurer depuis lors.
Depuis, on a repris une fois du
LSD, c'était génial également. Je n'ai pas envie d'en prendre plus de deux fois par an (ce n'est pas vraiment une "limite" mais je n'en vois pas l'intérêt, tout simplement, le trip est d'une trop forte intensité et mérite son instant
singulier), alors peut-être dans quelques mois seront nous repartis pour un merveilleux voyage.
Si quelqu'un a eu le courage de lire tout ça, je le remercie, ce fut un plaisir de partager cette nuit de mon existence !
Dernière modification par Core a Corps (27 août 2018 à 14:26)