Khat : la corne de l’Afrique, oui mais aussi Madagascar. Ceux qui connaissent la Grand île ne l’ont pas forcément rencontré car consommé juste dans le nord de l’île, essentiellement dans la région de Diego Suarez et à Nosy be (moins). Via taxi et camions brousses, on peut peut-être en trouver à Tana, les chauffeurs en étant de très gros consommateurs. C'est un excitant, qui m’a plus fait penser à la
CC qu’au
speed : un peu euphorisant, très
empathogène et une grosse envie d’y retourner (le
craving y z’appellent ça les « pros », non ?), bref la bonne patate ! Attention, bien qu’ayant l’air de ne pas être anodin non plus comme produit, on est loin des effets d’un taquet de
cc ou un
sniff de pure
speed, peut être encore plus loin des
RC dont la parenté avec le
Khat me semble très lointaine, on est sur quelque chose de léger, doux… et bon.
Réputé là bas pour amplifier la puissance sexuelle, c’est tout simplement vrai, aphrodisiaque pour Madame (26 ans) qui a apprécié l’expérience tout autant que moi (37 à l’époque, 2010). Le
khat compte beaucoup d'adepte et presque autant d'anciens adeptes qui la maudissent pour
les méfaits qu'elle aurait sur eux (violences, dettes, femme partie...). Contrairement à ce que j’ai pu lire plus haut sur Djibouti, ici, rien de mystique et pas de rituel interminable, tant mieux pour moi, ça m’aurait saoulé. Son usage est toléré mais mal vu. Autant la beu locale (bien meilleure que l’africaine des Comorres, moins bonne que le Zamal de la Réunion) est largement proposée aux touristes, autant pour le
Khat, il faut plusieurs demandes et se montrer insistant.
Ce qui est sûr c'est que ce n’est pas très bon (goût): on mâche les feuilles en même temps qu'une espèce de malabar local – pour aider à former la boule - et on se garde une chique d'un côté de joue pendant au moins une heure. Dure d’évaluer la durée d’effet, une grosse heure pour que ça monte et après on entretient sa chique en continuant de mâcher (certains ont des chiques vraiment impressionnantes), son usage devient vite compulsif et la dépendance arrive vite.
Il faut voir les scènes quand les dealeuses (des paysannes) arrivent sur le marché de Diego, une vraie cohue se forme autour d'elles, billets à la main et ça ne rigole pas du tout
(on se croirait presque à marcadet poisonnier y'a quelques années!). Seul Vazah (blanc) à se mêler à cette cohue, on me regardait un peu de travers et m’orientait vers une autre paysanne vendant une autre variété de
Khat moins bonne (feuilles plus violacées) que le «Khat rasta » auquel j’avais été initié par des malgaches, j’obtenais quand même ce que je voilais mais fallait pas traîner, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, la paysanne avait vendu l’intégralité de son stock. C’est toujours en fin d’après-midi qu’elles arrivaient, je pense que les pieds étaient récoltés dans la journée car (climat tropical oblige) ça ne se conserve pas, les feuilles deviennent molles et il faut qu’elles soient « croquantes » pour être consommées. Même maintenues dans un vase, ça ne tenait pas plus d’une nuit.
Lors de ma première prise, on me l’a redit après, on m’expliquait l’origine Yéménite de la plante comme de la pratique. Pourquoi à Mada, dans le nord et pas ailleurs dans le pays ou aux Comorres ou en Tanzanie ? Aucune idée… Les consommateurs réguliers déconseillent la prise simultanée d’alcool… mais nous on aimait bien la THB (bière locale) et ça n’a pas vraiment fait de mal… Pas eu de grosse difficulté non plus à trouver le sommeil.
Les «Khateurs » (terme de mon invention, en tout cas pas utilisé là bas) n’aiment pas la noix de Cola (« ça empêche de dormir ! » assurent-il le plus sérieusement du monde), très disponible et dont les vendeuses ne rencontrent pas le même succès. Pour ma part y’a pas photo, je n’ai que très peu senti la Cola, juste fait avec, de retour sur mon île de résidence, un très bon et speedant rhum arrangé. Voilà , en ai fini avec le
Khat (sans difficulté) après une petite semaine d’essais en quittant cette belle région de ce beau pays. Désolé pour le côté un peu brouillon, texte écrit avec des notes d’époque et un enfant malade à la maison…
Ci-joint quelques photos un peu flou (agrandissements) d'une séance de conso: