Des plantes à  drogues aux drogues synthéthiques

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sativa67 homme
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De la botanique à  la chimie : Effets et usages différenciés 


Il existe une différence fondamentale entre la consommation de plantes psycho-actives et l´usage d´extraits concentrés de principes actifs ou alcaloïdes, à  l´origine contenus en quantités diluées dans ces mêmes plantes. Une plante psychotrope contient généralement moins de 5% de principe actif alors qu´une préparation raffinée peut atteindre 100%. (La teneur en cocaïne de la feuille de coca est inférieure à  2% alors que le chlorhydrate de cocaïne peut atteindre plus de 90% de cocaïne).
De plus, une plante à  l´état brut est habituellement absorbée par voie orale et donc stomacale, ce qui dégrade les principes actifs, tandis qu´un produit raffiné est souvent conçu pour pénétrer dans le sang par des voies plus directes puisqu´il peut être prisé, fumé ou injecté.

C´est la raison pour laquelle les effets produits par l´absorption orale sont en général beaucoup moins puissants que ceux induits par l´usage régulier ou occasionnel des principes actifs raffinés et concentrés absorbés par voie directe.

De plus, la dilution d´alcaloïdes antagonistes contenus dans ces plantes permet d´apprécier et d´évaluer les modifications psychiques subtiles liées à  leur consommation. En ingérant une substance psychotrope, on donne à  son corps la possibilité de traiter l´ensemble des principes actifs en atténuant les effets négatifs de certains d´entre eux. Enfin, comme nous l´avons également vu précédemment, la consommation d´une plante psycho-active s´inscrit toujours dans un contexte culturel et traditionnel précis, ce qui est aussi le cas avec les drogues de synthèse ou de semi-synthèse que l´on a conçues la plupart du temps comme des " médicaments", mais d'une manière bien différente. La culture du médicament est sans nul doute une des caractéristiques de la modernité et ce n´est pas un hasard si cette culture correspond à  certains critères et certaines valeurs fortement encouragée comme l'immédiateté, la rapidité, la performance et la trop célèbre compétitivité. A l'inverse, la culture des plantes à  drogues traditionnelles correspond certainement plus à  d'autres valeurs comme la convivialité, une autre perception de l'écoulement du temps, ainsi qu'une conception de l'existence qui s'apparente plus à  la contemplation et à  la durée qu'à  l'action.

Les drogues naturelles utilisées telles quelles sont donc en général moins nocives, engendrent moins d´abus et permettent avec le temps un meilleur usage. En outre, pour des raisons biologiques, affectives et symboliques, les relations que l´on établit avec une plante diffèrent beaucoup de celles que l´on entretient avec les produits raffinés (poudre, comprimé, sirop). De même les effets engendrés par le contexte culturel des plantes psychotropes, eprésentation sociale, imaginaire et discours, sont-ils également déterminants et diffèrent de ceux éprouvés par l´usage des drogues manufacturées.
A cet égard, les effets de la consommation de la coca et de la cocaïne sont aussi éloignés l´un de l´autre que le sont la consommation de café et l´ingestion de comprimés à  base de caféine.
Aussi, pour illustrer cette différence, il nous semble éclairant d´évoquer quelques alcaloïdes importants ainsi que les plantes qui les contiennent.

- La cocaïne, principe actif stimulant, est l´un des 15 alcaloïdes de la coca.

- La caféine est un alcaloïde stimulant que l´on trouve dans le café mais également dans le maté, le guarana et la noix de cola.

- Le LSD (acide lysergique diéthylamide) est un alcaloïde semi-synthétique dérivé de l´acide lysergique contenu dans le seigle, champignon parasite.

- La morphine est un alcaloïde dépresseur contenu dans le suc du pavot, l´opium.

- La codéine est également un alcaloïde naturel de l´opium.

- La mescaline est l´alcaloïde hallucinogène contenu dans le peyotl, plante cactée du Mexique.

- La psilocybine est l´alcaloïde hallucinogène que l´on trouve dans les champignons psilocybes entre autres.

De la prose du monde à  la neurobiologie moléculaire

Enfin, il nous faut évoquer les découvertes récentes et déterminantes en neurobiologie.
Celles-ci ont permis au cours des années 70-80 la détermination de la structure moléculaire des principes actifs contenus dans les principales plantes psychotropes.
On s´est ainsi aperçu que la structure chimique des principes actifs était très proche de certaines hormones du cerveau. Ces dernières sont en général des neurotransmetteurs qui jouent un rôle fondamental dans la biochimie des fonctions mentales car elles participent à  la transmission chimique des impulsions entre les neurones (cellules nerveuses).


Ainsi, la mescaline, principe actif hallucinogène du peyotl est un alcaloïde très proche de l'adrénaline, hormone cérébrale et neurotransmetteur important. La mescaline et l'adrénaline ont donc la même structure de base, en l´occurrence il s´agit ici de la phényléthylamine, elle même dérivée d´un acide aminé essentiel, la phénylalanine, et qui entre notamment dans la composition des drogues de synthèse.

La psilocybine, principe actif de nombreux champignons hallucinogènes (psilocybe notamment), est dérivée de la tryptamine, dérivé d´un acide aminé essentiel le tryptophane et composant de base de l´hormone cérébrale sérotonine, également un neurotransmetteur important et dont le rôle est actuellement étudié dans les psychopathologies à  caractère dépressif.
Cette étonnante parenté entre les principes actifs des plantes psychotropes et les neurotransmetteurs a conduit ensuite les chercheurs à  soupçonner que les alcaloïdes puissent agir aux mêmes endroits que certains sites du système nerveux central car ayant la même structure de base.
Ainsi, à  l´image de clefs semblables ouvrant une même serrure, il est apparu que la capacité des molécules psychotropes à  produire des changements dans les fonctions cérébrales n´était pas seulement due à  leur composition chimique, mais aussi à  leur curieuse disposition spatiale. Les molécules exogènes agiraient donc d´une manière mimétique, copiant leurs homologues endogènes car ayant la même morphologie.

Cette avancée scientifique allait déboucher dans les années 1970 à  la découverte des fameuses " serrures " que semblaient ouvrir les alcaloïdes des psychotropes: les neurorécepteurs destinés à  capter les molécules exogènes, mais aussi endogènes.
Les premiers neurorécepteurs découverts en 1975 furent ceux destinés à  recevoir la molécule de morphine. A la suite de cette découverte, on ne tarda plus à  confirmer ce que l´on déduisait déjà  logiquement, à  savoir l´existence de " clefs " endogènes, les morphines naturelles endogènes produites par le cerveau : les endorphines ou enképhalines.

Enfin, en 1990, une équipe américaine confirmait l´existence de récepteurs spécifiques au THC (tétrahydrocannabinol), principe actif du cannabis, hypothèse déjà  avancée par l´équipe scientifique de Allyn Howlett dès 1987 et qui avait suspecté l´existence de ces récepteurs.

Plus récemment encore, en 1992, des chercheurs américains et israéliens publiaient la découverte d´une molécule morphologiquement proche du THC, l´anandamide (du sanskrit ananda, félicité) un neuromédiateur fabriqué par le cerveau qui se lie aux récepteurs du THC, un ligant comme le nomment les neurobiologistes. Il reste maintenant à  montrer que le cerveau de l´homme produit du THC endogène ou une substance analogue et que celle-ci, au même titre que les morphines endogènes ou d´autres neurotransmetteurs, joue un rôle dans la biochimie des fonctions mentales.

Ceci indique en tout cas que ce ne sont peut-être pas les drogues elles-mêmes qui sont responsables des états modifiés de conscience car ceux-ci existent peut-être déjà  à  l´état latent ou inactif dans le système nerveux. Les drogues, comme les techniques de relaxation ou toute autre activité mentale ou physique gratifiante, ne feraient qu´activer ces états modifiés de conscience en modifiant l´activité de certains réseaux neuronaux grâce entre autres, au mimétisme morphologique de leurs molécules.
Ainsi, nous ne sommes plus très éloignés de la doctrine des signatures chère à  Paracelse et nous nous rapprochons du vieil adage des médecins alchimistes du XVe siècle: Similia similibus curantur, principe qui n´est pas sans rappeler l´homéopathie.

source : prospective-jeunesse.be

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diane von honenfells
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46 messages
merci beaucoup Sativa d'avoir pris le temps de mettre cet article qui mérite d'etre lu
cordialement
diane

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