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Passage de buprenorphine à methadone

Il est admis que la méthadone aide à supprimer l’envie de consommer, pour peu qu’elle soit correctement dosée.
Le passage Sub/metha est un peu délicat, car il faut attendre que le corps élimine la bupré avant de commencer la metha, sous peine de se taper une crise de manque carabinée. Je l’ai effectué il y a maintenant plus de 10ans (2006...). J’ai pris mon dernier Subutex un samedi matin et j’ai eu ma 1ère fiole de metha le lundi matin, soit 48h après. Je te cache pas que le dimanche a été tendu mais je savais que c’était vraiment temporaire donc je ne l’ai pas trop mal vécu. J’avais dû démarrer à 40mg de tête, mais j’ai dû rapidement augmenter très haut (140 sans être stabilisée). Pour ma part j’élimine la metha en moins de 24h (en manque au bout de 20h), je suis métaboliseur rapide. J’avais beau augmenter, j’étais toujours inconfortable les dernières heures. Ça a duré un certain temps avant qu’on mette le doigt dessus et que ce soit confirmé par prise de sang (méthadonémie résiduelle à 12 et 24h). Il a suffit de fractionner la dose pour régler le problème et finir par baisser les doses. Tout ce processus a pris des années quand même mais bon, malgré tout mes consommations étaient moins anarchiques, moins fréquentes. Malgré tout je me suis tournée vers la coke (en IV toujours...). Ça a duré longtemps, de façon occasionnelle. À une mauvaise période je me suis remise à taper de l’héroïne (toujours en IV dans un premier temps, puis fumée (au dragon) ou sniffée). J’ai commencé à baser la coke pour stopper le shoot...
Après quelques années comme ça à consommer de plus en plus (malgré tout la Méthadone faisait office de garde-fou, et m’a permis de retomber sur mes pieds sans trop de dégâts). J’ai fini par tomber enceinte (grossesse désirée à 30ans), et à tout stopper hormis 3-4joints max quotidiens que je n’ai jamais pu supprimer complètement.
J’en suis à plus de 13ans de méthadone, et je peux affirmer que c’est grâce à ça que je ne consomme plus (ou vraiment exceptionnellement, faut pas déconner non plus! Je n’ai jamais pu me faire à l’idée de ne plus jamais rien prendre...). Contrairement au sub, ça m’a vraiment permis de reprendre un contrôle sur ma conso. Les « rechutes » faisant partie du processus. À une période (au bout de 3-4ans de métha) j’ai eu un grand ras-le-bol, je voulais tout stopper, faire un sevrage en hôpital, passer à autre chose. Je ne supportais plus les contraintes (la gélule n’existait pas encore). J’ai dû me faire une raison. Ça ne s’arrête pas comme ça. Finalement je m’y suis faite. Un peu comme le traitement d’une maladie chronique. C’est ma béquille, mon garde-fou.
Je te conseille de parler de tes interrogations avec ton addicto (ou ton médecin prescripteur), il pourra mieux t’expliquer le protocole, les contraintes de la mise en place... Mais déjà rassure toi c’est très courant le switch bupré/méthadone. Ils ont l’habitude.
Est-ce que j’ai répondu à tes questions? As-tu d’autres interrogations?

Salut Sandra.

J'ai quasi le même parcours que toi à ceci près que je tapais le subu en IV. Et je me retrouve totalement dans ce que tu dis sur l'impression que ta vie se résume aux médecins et aux pharmacies.

La méthadone a sauvé le peu qui reste de mon capital veineux, et probablement bien plus. Je n'ai jamais ressenti le besoin d'en prendre plus, et ça m'a permis après ~4 ans en baissant les doses sans me presser de stopper totalement ma conso d'opiacés.

Avec la métha j'ai retrouvé une libido correcte, pu refaire du sport, etc etc, avoir une vie totalement normale quoi. C'est juste contraignant au début car il faut aller dans une structure tous les matins chercher sa dose (du moins c'était comme ça à l'époque, en ~2006), et des fois ils te font faire un test urinaire pour voir si tu prend d'autres prods (c'était chiant car moi la première chose que je fais en me levant c'est pisser, alors à chaque fois je galérais pour repisser dans leur bocal). Ensuite au bout de 2-3 mois ils te font confiance et te laissent chercher les fioles à la semaine ou au mois chez le pharmacien.

Seul petit inconvénient c'est que ça me faisait transpirer à mort. En été je dégoulinais de sueur. Et même en hiver au moindre petit effort. Mais bon c'est provisoire, quand tu diminue les doses ça le fais moins.

Dernière modification par youyou (15 octobre 2019 à  10:54)

Je viens de me reconnecter après presque un an ahah ! Ça fait un moment mais je vais pouvoir parler de l'avancée des choses :)

Tout d'abord, je tiens à vous remercier pour vos retours. C'est rassurant de savoir qu'on est pas seuls dans cette situation (car on se sent très seul malheureusement).

Je pense que mon expérience de cette dernière année pourra aider quelques personnes, car il s'agit d'un nouveau traitement.

Donc la CSAPA a refusé de me faire passer sous methadone. A la place, je suis sous OROBUPRE (nouveau traitement en France). En gros c'est de la buprenorphine mais on ne peut pas détourner les comprimés. Les comprimés ne sont pas à mettre sous la langue comme la buprenorphine basique mais SUR la langue. Impossible de le détourner, je vous le garantie.

Donc, mon but premier était d'arrêter de prendre mon traitement en traces. Je voulais me débarrasser du geste. C'est gagné, je me suis débarrassé de cette addiction comportementale. Et le plus impressionnant, c'est que ça s'est fait TRES facilement. Aucun manque psychologique, très peu d'envie, etc.. Donc là, je suis très très heureuse. Désormais, mon traitement est un traitement, je ne le considère plus comme une drogue. Gros point positif donc.

On me prescrit 12 mg par jour, soit 6 comprimés de 2 mg. Et autre point positif, le confinement m'a permis de grandement diminuer la dose seulement 4 mois après avoir changé de traitement. Ce qui est assez impressionnant, d'autant plus que j'ai diminué sans même m'en rendre compte.

Un matin je me lève, je me rend compte que j'ai plein de boite en rab (et c'est bien la première fois de ma vie). Je me pose, je rassemble les boites, je les compte et je me rend compte que j'ai BEAUCOUP diminuer. Au lieu de prendre 12 mg par jour comme prescrit, je prend 4 ou 6 mg.

Alors bon, comment dire.. Peut être que ce traitement est vraiment la solution ? Y a 1 an de ça, je prenais 6 ou 7 traces par jour et je n'imaginais pas pouvoir m'en passer. J'étais accro à ce geste à un point extrême.
Aujourd'hui, je ne prend plus de traces et je diminue grandement mon traitement sans aucune difficulté et sans m'en rendre compte. Aucun manque physique et psychologique, aucune envie, aucun besoin.

J'oublie de prendre mes cachets parfois. C'est vraiment dingue quand on voit comme j'étais y a moins d'un an.. Alors voilà, si vous êtes dans la même situation que moi, je vous conseille vraiment de passer sous OROBUPRE. Ça a changé ma vie, littéralement. Je revis en fait. Je me sens libre et même prête à bientot arrêter définitivement le traitement. J'y vais doucement malgré tout, je ne veux pas arrêter trop rapidement et replonger encore plus derrière.

J'espère que mon expérience pourra aider certains d'entre vous. Mais ce traitement a beau être tout nouveau en France, bah il a changé ma vie dans le positif.

Je croise les doigts pour l'arrêter au plus vite et enfin vivre sans esclavage médicamenteux. Je me demande ce que ça fait.. Ne plus allez à la pharmacie toutes les semaines et chez le médecin tout les 15 jours.. Ne plus avoir peur de ne plus avoir de traitement.. Ne plus avoir peur du manque.. J'espère vite le découvrir :)

Je vous souhaite à tous beaucoup de courage dans cette épreuve et si vous souhaitez discuter en privé, nhesitez pas ! Je n'ai pas l'occasion de côtoyer beaucoup de personnes qui ont connu l'addiction et ça me ferait plaisir de pouvoir en parler.

Be strong