Bonjour Clopinette,
La
méthadone te fait peur ?
Question de regard. Dans ton cas, c'est le centre qui te propose la
méthadone alors que quand j'ai été dans les mêmes circonstances que toi (2 ans de consommation en I.V. de bonne bonne
héro), la
méthadone restait un mythe inaccessible et uniquement réservée à quelques 50 happy guys à Paris en expérimental jusqu'au milieu des années 90.
Tout ce que j'obtenais à l'époque, en ambulatoire, c'était Tranxène 50 + Di Antalvic et en hospitalisation
Valium +
Catapressan pendant 15 jours et "tchao".
Il n'était alors pas possible, en France, d'obtenir de la
méthadone que ce soit pour faire un
sevrage dégressif ou pour passer en
substitution.
Du temps est passé et j'ai pu faire un
sevrage dégressif à la
méthadone en 1984 (technique qui n'est pas proposée aujourd'hui mais qui te permet un
sevrage physique sans aucun signe de manque, mais à l'arrêt de la
méthadone, reste à vivre le
PAWS, sorte de dépression nerveuse post
sevrage).
Maintenant, elle est proposée dans n'importe quel centre de soins spécialisé. À quoi t'attendre ?
À un arrêt très facilité des consommations d'autres
opiacés et sur certains dont je fais partie, si bien dosée, un passage dit "lune de miel" pendant lequel l'effet euphorisant/antidépresseur est assez fort pour avoir bien la pêche. Cet état ne dure pas et s'estompe doucement pour laisser place, soit à une maintenance (je suis à 100 mg/jour depuis 18 ans et ne baisse surtout pas) sur les usagers qui s'en contentent et puis il y a tous ceux qui s'obsèdent sur la nouvelle dépendance de remplacement et veulent arriver au
sevrage final.
Pour cette deuxième catégorie (ceux qui visent l'arrêt), beaucoup pestent contre la
méthadone qui provoque une dépendance très forte dont on peut sortir en respectant un long calendrier de
descente douce.
La
méthadone m'obsédait tellement quand je consommais beaucoup que je me suis acheté l'année de sa publication l'ouvrage de Jean Jacques Deglon (le pape de la
méthadone en Suisse) LE TRAITEMENT A LONG TERME DES HEROÏNOMANES PAR LA
METHADONE publié en 1982. Cet ouvrage explique déjà les bienfaits de la
méthadone en maintenance. L'année dernière, le même docteur Deglon (créateur de la fondation phoenix en Suisse) a publié un rapport sur 40 ans d'usage de la
méthadone qui se trouve ici :
https://www.psychoactif.org/forum/uploa … hadone.pdfJe t'invite à lire ce document qui est le reflet très exact de l'usage de cette molécule par quelqu'un qui a une longue expérience de son usage.
Résumé :
- si tu penses avec beaucoup de force que la solution est dans l'abstinence, refuses la
méthadone, elle va te rendre malheureux(se).
- si tu cherches une solution non violente pour sortir des traces en sachant que ta consommation de
méthadone, tu pourrais éventuellement la garder à vie, acceptes là.
Je ne vois pas d'autre chose à ajouter, sauf mon vécu qui est 18 ans avec 100 mg de
méthadone et aucune pensée de diminuer. Tant qu'elle me convient, je garde ma vie actuelle, très stabilisée, plutôt heureux, mais j'ai 66 ans.
Si, j'ajoute que deux des effets secondaires qui sont permanents (les suées et la constipation finissent par disparaître) :
- perte de la libido
- impossibilité de me faire un extra opiacé
me sont plus bénéfiques que privatifs. Ma libido a été un diablotin qui me poussait à pas mal d'excès, quant aux extras
opiacés, pas grave du tout pour moi, j'ai la peut-être fausse impression d'en avoir fait le tour.
Amicalement
Fil
Dernière modification par filousky (25 novembre 2020 à 09:23)