Mercredi, comme d’habitude je suis de congé.
Comme je suis un peu maniaque, je décide de faire une mise à niveau côté ménage. Il fait beau, c’est encore l’été et je me sens presque motivé.
Café avalé, j’entreprends ma tâche et un truc me titille :
Quelques semaines plus tôt, j’avais vécu un super Astropolis au Château de Kériolet, lieu vraiment magique, ambiance fluo, du bon tempo et rien de surprenant à avoir kiffé « my life » pendant deux jours total love, particulièrement connecté au décor et aux gens.
Plateau de choix entre karl Cox en scène, manu le malin aux sous-sols, danseurs suspendus, jardin de ouf avec des sphères transparentes abritant des créatures grimées digne d’une parade à la Jean-Paul Goude. Il y avait une énergie folle, une communion instantanée. Cette soirée : Pour celles et ceux qui connaissent le lieu enchanteresque, faut avouer que le week-end était particulièrement bien loché.
Bien entendu j’avais chopé mes petites boules de pur plaisir :
Ecstasy je t’adore !
J’avais prévu large et je m’étais même mi de côté des
Taz au cas où. Du bon matos cela dit en passant.
Descente avec mon assurance
Seresta, un peu de chon, même pas de mauvaise down. Plutôt cool, sauf les jambes et la mâchoire mode
bruxisme ++. Pas un scoop hein !
Donc ce dernier
Taz, planqué dans mon frigo, me fait de l’œil et je cède, alors que je suis seul et que je ne prends jamais d’XTC … seul, comme ça. Le ménage promet d’être musical et festif.
Je gobe le bidule, lance un peu de Laurent Garnier et commence mon activité sportive. Ça monte gentiment, mais pas franchement. Bon je me dis que ma pilule du bonheur doit être périmée et après avoir tout de même bougé mon corps, je jette mon dévolu sur la réalisation d’une peinture, mode un peu énervé quand même
La musique m’agace, je switch sur du J.S Bach, sors mes pinceaux et tout mon merdier de plasticien.
Je tente un grand format, mais bien vite ça ne me convient pas. Tant pis je décide de me fabriquer une petite boite en carton, taille paquet de clopes, spéciale prod (bien que n’ayant plus rien à y stocker^^) et je passe de la station « up & move », à l’assise, le nez collé sur ma fabrication, super attentif, mais zen à la fois ... Curieux. Je rentre illico dans la musique sacrée, et là ça monte d’un coup tout en restant contenu. Je deviens alors complètement obnubilé par ce que je fais. Je passe du macrocosme au microcosme, d’un coup dans une détente incroyable, avec quelques saccades, par paliers.
Je kiffe mon job, c’est ahurissant. Tout devient couleur, les pourpres et les bleus sont les plus beaux que je réussis à sortir depuis des siècles, je m’étale mais organise méthodiquement mon plateau de travail, stupéfiante maniaquerie. A cet instant, j’ai l’impression que je suis un robot conscient manipulé par le plus génialissime des artistes, un Dieu perché, mes gestes ne deviennent que pure précision et j’ai le sentiment d’être un horloger quand j’applique la dorure avec un pinceau à trois poils dans une sorte de calme olympien. Je suis dans l’introversion, mais toute l’énergie déborde en fait. Je fais des sertissages et des charnières au fil de cuivre dignes des plus belles Œuvres de Fabergé. La musique me saisit, j’augmente le volume, je suis dans du pur fractal, chou romanesco, et ma boite passe par toutes les tailles d’avant en arrière, sur des plans différents, je fais vite tout en étant redoutable, chirurgical. L’objet est vivant et je passe à la suivante, sur format boite à pilules, que je perçois à la fois gigantesque autant que minuscule. C’est l’euphorie ; Mazette je SUIS la boite et ce n’est pas du domaine de l’hallu (pas de
LSD en interlude hein ^^), Je suis couleur et je fais l’amour avec les formes et les couleurs, c’est frénétique, envoutant, et plus je m’avance dans le petit, plus je suis à fond dedans. Le temps n’existe plus, je me mets à gesticuler sur ma chaise comme si je faisais partie de la musique, tout est carré, mais tout est rond, en volutes. C’est comme une crise mystique et un véritable orgasme pictural, tout en brillance, en flashs ténus, c’est doux mais violent, je grince des dents et je ne me rends même pas compte que je bosse déjà sur plusieurs mini boites, dans mon mini univers qui est en fait aussi vaste que le cosmos : Les boites dans les boites et moi au milieu dans une toupie vertigineuse, tout ça avec un seul excta périmé !
Le lendemain je retrouve ma production assez faramineuse, à peine sèche, et là je constate la minutie et la beauté du travail sans trop savoir ce qui s’était vraiment passé. Ok je suis artiste mais j’avoue avoir eu rarement autant de plaisir et d’immersion dans la couleur à ce point, ni même dans la technique, car je ne fais que des toiles grand format en temps normal, et surtout jamais des boites, quelle drôle d’idée !
C’était il y a quasi 20 ans, mais je classe ce trip
taz comme l’un des meilleurs de mon existence (pourtant j’en ai gobé, j'ai été bien love, etc ...) et je n’ai jamais réussi à atteindre à nouveau un tel état de fusion dans la création, même avec d’autres prods. Et je n'évoque pas les acides, car ça n'a rien à voir. En revanche « ces » révélations et ce voyage cosmique ont carrément changé ma perception artistique, c’est évident, et ont initié une nouvelle approche dans mon travail.
Petite pointe de nostalgie là ...