Je tiens à apporter ma propre histoire des cures et post cures dans le cadre de dépendance alcoolique douloureuse. Ce récit se passe entre 1989 et 1990, à une époque à laquelle n'existait pas de moyens de communications tels que nous les connaissons aujourd'hui. Le seul credo était : l'abstinence !!!
J'ai fait plusieurs cures et post cures pour l'
alcool. Non seulement la volonté était présente (à chaque demande d'hospitalisation, j'étais au bout du rouleau côté manque d'
alcool au réveil et bourré tous les jours ..attendant le jour d'entrée à l'hôpital avec impatience).
Ma démarche était donc de stopper définitivement l'abus d'
alcool. Malgré cette volonté, les 3 premières fois (hospitalisation suivie d'un voyage vers une centre de post cure) ont connu une re-consommation assez rapide. j'avais toujours l'obsession de la bouteille de n'importe quel
alcool et ne passais pas plus d'une semaine avant de remettre le couvert.
La quatrième cure s'est passée en service psy fermé, dès le deuxième jour et une post cure de 3 mois sur les bords de la Seine dans un centre pour post cure uniquement axée sur l'
alcool, qu'avec des hommes, tenu par un alcoologue ayant son cabinet privé dans le 16° et roulant dans une des plus grosse Mercedez-benz que j'ai vu. Ce type était froid comme un iceberg et j'ai de suite capté son absence d'intérêt autre que le chiffre d'affaire et ses honoraires.
J'y ai passé trois mois qui ont été les bons pour moi. Passer toutes ces semaines avec une centaine de miroirs de moi-même m'a été très bénéfique. Ces camarades d'infortune étaient très amicaux et l'équipe encadrante très chaleureuse. J'observais avec intérêt tous ces personnages hauts en couleur. J'y ai côtoyé des gens plus ou moins connus, sincères car hors du cadre de la représentation publique. Rencontres intéressantes.
Retour à la case humilité avec trois mois de vie réglée qui m'a remis dans un cycle activité le jour, sommeil la nuit et de l'appétit à l'heure des repas. Une fois le corps un peu remis du saccage de mon foie, j'ai retrouvé le plaisir de lire et la bibliothèque était bien garnie, j'ai donc pu redévelopper l'imagination qui accompagne la lecture et passé ce séjour sans autre souci que de m'occuper de ma reconstruction après ce passage très destructeur dans l'
alcool. J'en suis sorti en 1989 et suis resté écœuré par l'
alcool depuis.
Mes quelques tentatives de remettre le couvert ont été catastrophique, la panique étant de me retrouver plusieurs jours à la limite du coma éthylique à Moscou en hiver, incapable de m'exprimer en russe et totalement flippé. Ça m'a laissé une grande détestation de l'ivresse alcoolique.
Je ne peux que témoigner de mon propre vécu, n'ayant pas de théorie sur les post-cures autre que c'est par ce biais que j'ai enfin arrêté l'
alcool qui, chez moi, était systématiquement une successions de verres pleins de whisky, jusqu'à approcher le coma éthylique.
En plus de la cure et de la volonté, j'avais un profond dégout des effets de l'
alcool et des réveils malade jusqu'à l'ouverture du petit épicier en bas de chez moi vers 8 h.
C'est ce dégout qui m'a le plus aidé. Dégout de l'
alcool et de ma propre personne auto-stigmatisé à fond par mes échecs, mais avec une envie de vivre et un espoir de vivre autre chose fort après remise des compteurs à zéro.
J'avais avec moi, dès le début de cette dernière post-cure la certitude que ce serait la bonne. Ça a forcément joué en ma faveur.
Désir fort de réussite + dégout + le bon moment du ras le bol = bye bye les
alcools !
Ces faits remontent à 34 ans en arrière et j'ose espérer que les techniques ont bien évolué, surtout dans le sens que les théories basées sur l'abstinence ne sont plus les seules voies possibles pour se soigner de l'abus de cette drogue forte.
Amicalement
Fil