Bonjour Aurore!
Tout d'abord, félicitations, grosses félicitations pour être parvenue à stopper totalement ta consommation d'
alcool.
L'excès d'
alcool est vraiment une purge sans nom, il abîme le corps, les organes (pas que le foie), augmente un tas de risques...
Si il y a bien une drogue que je considère comme ultra dangereuse, c'est bien l'
alcool.
C'est un destructeur en puissance.
Donc bravo, vraiment, car il n'est pas simple du tout de se debarasser de cette addiction monstrueuse.
Tu peux être fière de toi, tu as sauvé ta vie, quelque part, bravo.
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Ton problème de
Coke: Je vais être totalement honnête avec toi, et tu le verbalises toi-même: Tu as besoin de te sentir différente par moments, avoir cette sensation de pouvoir te sentir libre, euphorique, d'expérimenter l'effet
empathogène (facilité d'aller vers les autres, de discuter à bâtons rompus, quenprocure notamment la C.)
Tu as remplacé ton addiction à l'
alcool, qui devait plus ou moins te procurer le même type d'effets.
Je pense, de ma petite fenêtre, car je serais bien présomptueuse d'avancer une réponse sûre, je te donne simplement mon avis, en toute bienveillance, que tu devrais tenter de découvrir d'où provient ce besoin (en plus effectivement, de la possibilité d'une hérédité) de te sentir "différente" par moments.
Je ne connais que trop bien ce problème, j'y ai été moi-même confrontée ces 20 dernières années, et je ne peux me baser que sur ma propre expérience, en espérant de tout cœur qu'elle pourra t'aider, ne serait-ce qu'un petit peu.
Ayant eu une enfance et adolescence clairement "gâchées" par une mère perverse narcissique+++, ayant de plus de forts traits de la personnalité anti-sociale (psychopatique et non pas sociopathique, dans son cas précis).
J'étais sa cible. Et mon père était (et est toujours d'ailleurs) sous son emprise absolument totale. Et absent, très souvent, du fait de son boulot.
Elle a cassé, bousillé beaucoup de choses. M'a empêchée de me construire normalement.
Je suis donc arrivée dans l'âge adulte où j'ai commencé à développer des soucis psys divers et variés: TCA chroniques, qui ont duré 12/13 ans, dont j'avais très peu de chances de me sortir réellement, étant donné qu'ils sont devenus chroniques... J'étais atteinte de
TDAH très sévère depuis l'enfance, évidemment, rien ́n'a été fait pour moi, j'ai été obligée de m'en occuper seule, et j'ai été diagnostiquée à la toute fin de la vingtaine, et placée sous
Ritaline à doses élevées, ce qui m'a aidée, et m'aide encore énormément aujourd'hui.
Ma personnalité s'est développée avec un trouble de la personnalité borderline, heureusement, à "bas degré", et j'ai vécu en bataillant chaque jour, absolument chaque jour contre des angoisses quasi permanentes, et un sentiment de "vide", qui maccompagnait également quasiment chaque jour.
Comment vivre ainsi?
J'ai toujours eu un instinct de survie très fort, j'ai toujours aimé la vie, j'étais certaine qu'autre chose était possible pour moi. Et j'avais raison...
Tout cela a donc abouti à 20 ans de guerre incessante, sans jamais pouvoir baisser les armes, ni pouvoir me reposer.
Mais à force d'un bon suivi pluridisciplinaire, psychiatre, médecin généraliste ainsi que l'équipe de mon
CSAPA (j'en arrive donc à l'addiction dans laquelle je suis tombée), un traitement enfin parfaitement équilibré, et énormément de travail sur moi-même, grâce à tout cela, depuis deux ans les choses ont vraiment commencé à bouger, et l'amélioration s'est nettement accélérée depuis un an, pile poil quand j'ai été mise sous
Méthadone, pour arriver aujourd'hui à quelque-chose d'inespéré depuis plusieurs mois: Une grande sérénité, l'abolition quasi totale de mes angoisses, et disparition également totale de mes sentiments de vide intérieur.
Je suis parvenue à une bonheur et une qualité de vie qui font que je n'ai PLUS RIEN à demander à la vie, je ne pensais même pas atteindre cet état un jour.
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Pour en revenir à toi (je suis navrée d'avoir pondu un roman sur ma propre histoire=|),je pense très sincèrement que le problème se trouve probablement dans ton passé, dans ton présent peut-être, aussi.
Il faut que tu cherches ABSOLUMENT ce qui t'amène à avoir ce besoin d'être, de te sentir différente, mieux, sans y parvenir naturellement.
Il y a, à mon sens, un couac quelque part.
Peut-être enfoui très loin dans ton enfance, dans ton présent sûrement aussi.
Ces choses là, Aurore, ne se produisent pas pour rien.
Il y a quasi systématiquement un catalyseur, sûrement quelque-chose dont tu n'as même plus conscience, ou sont tu ne te rappelles pas.
Tu as aussi pu avoir conscience de choses, mais ton cerveau t'a empechee de t'y attarder, "pour te protéger", car affronter certaines situations ne sont juste pas possibles pour nous, à certains moments, notre cerveau nous "met à l'abri", en occultant la donnée, tour bonnement et simplement.
Mais tout ressurgit un jour où l'autre, sous des formes diverses et variées. Et pour toi, cela me semble assez clair, même si je peux être totaleme à côté de la plaque, je ne suis pas psychiatre.
Je ne peux pas m'empêcher, en te lisant (je t'ai lue attentivement deux fois), d'y voir "que quelque-chose cloche", que tu ne recherches pas ces états juste par amusement.
Pour ma part, ayant donc été dépendante au
Tramadol durant 16 ans, en étant arrivée à des doses de cheval, bien, bien au-dessus des doses maximales recommandées...
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J'étais infirmière à l'hôpital, en réanimation, j'étais chargée de ranger la pharmacie (étant de plus, de nuit, une bonne partie de ma carrière), je pouvais ainsi me servir autant que je le désirais, aucune comptabilité n'étais tenue, excepté pour les produits stupéfiants, auxquels je ne touchais jamais.
J'avais vraiment l'impression, au début, de très bien gérer ma consommation de
Tramadol.
Et, sans avoir eu le temps de dire ouf, je me suis retrouvée à en emporter chez moi, puis à en prendre quotidiennement pour pouvoir démarrer ma journée.
Puis, la tolérance est arrivée, il m'en a fallu très rapidement de plus en plus, pour obtenir de nouveau les effets "du début"...
Bref,l'histoire terriblement banale d'une addiction qui s'installe...
Et il m'est devenu strictement impossible, je dis bien impossible, de me sevrer, même en
sevrage dégressif, en y allant très lentement.
Cette sensation d'être joyeuse, bien dans ma peau et bien avec les autres s'estompaient, et je ne le supportait pas.
Et même lorsque je tenais le coup, plus je descendais les doses, plus je me sentais horriblement mal, déprimée, sans compter les effets physiques du
sevrage qui sont INTENABLES, tout du moins pour moi.
J'avais aussi conscience du
PAWS (sevrage, notamment aux
opiacés, de longue durée), tu dois normalement pouvoir cliquer sur le mot dans mon texte, pour lire de quoi il s'agit.
D'où, après des années d'errance face à cette atroce addiction, mon nouveau psychiatre que j'ai commencé à consulter il y a plus d'un an, m'a tout de suite orientée avec beaucoup de bienveillance vers le
CSAPA le plus proche de chez moi (idem, tu trouveras sur PsychoActif tous les renseignements nécessaires concernant ce qu'est un
CSAPA, sur leurs actions etc...)
Et de là, on m'a placée sous
Méthadone, (sans essayer de me faire baisser le
Tramadol de façon dégressive, ce qui n'avait pas du tout fonctionné par le passé.)
Je suis tombée sur une équipe formidable, on a mis plusieurs mois à identifier le bon dosage pour moi, et depuis environ Seprembre, je suis stabilisée à un dosage (140mg), qui me convient à la perfection, et qui m'offre une qualité de vie proche des 100% pour moi.
En parallèle, je reste suivie de près par mon psychiatre que je vois une fois par mois (je n'ai plus besoin de davantage de séances, j'ai mené aussi une véritable guerre personnelle, de remise en question, de travail sur moi absolument quotidien) ainsi que mon médecin traitant que je vois tous les 15 jours pour renouveler mon ordonnance de
Méthadone, c'est une personne géniale, avec qui j'échange presque comme avec mon psychiatre.
Encore une fois, désolée d'avoir causé une fois de plus de moi...
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Mais je ne pouvais pas te conseiller sans évoquer ma propre histoire.
Je peux te dire une chose, ce qui m'a réellement aidée, puis sortie de tout cela, c'est un bon suivi psy. De prendre la décision, de me lancer.
Je pense que dans ton cas, tu n'es même pas encore en danger au niveau de ta dépendance à la C, mais attention, la dépendance, ainsi que la tolérance au produit arrivent très, très vite, sans même que tu aies le temps d'en prendre conscience...
Tu fais très bien de réagir DÈS MAINTENANT!
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Tu as parfaitement cerné que quelque-chose n'allait pas. C'est vraiment maintenant qu'il faut agir, le bon moment, pour tenter de trouver un bon psychiatre ou psychologue qui saura t'orienter afin que tu sois entourée de l'équipe médicale adéquate, même si il te faut en changer plusieurs fois avant de trouver LE OU LA BONNE!
Puis ensuite, te laisser guider.
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Je suis persuadée que tu prends le problème à temps, tu as déjà eu la volonté et l'endurance pour te débarrasser de l'
alcool, je suis certaine que tu peux le faire.
Voilà mon conseil, et surtout, n'oublies pas que cela fait beaucoup de bien de vider son sac, donc n'hésites vraiment pas, si tu en as envie, besoin, de me contacter par MP!
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N'hésites surtout pas!
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Je te souhaite le meilleur, en espérant que tu viendras nous donner des nouvelles!
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Très belle journée à toi, Myna.