[ Gérer sa consommation ]

Consommation de cocaïne tous les week end quels dangers ?

Gastox a écrit

Hello,

Je me reconnais assez dans ton texte. La consommation de cocaïne se fait dans un contexte social, sinon pas trop d'intérêt pour moi. Mais si ce contexte social est récurrent, au moins une fois par semaine, l'habitude de consommer de la C peut s'installer... jusqu'à ce que ce soit le truc nécessaire à chaque fois.
Je me suis vu là dedans avec des potes de soirée. A la fin c'était la boucle habituelle. Soirée -> Alcool -> Cock -> After -> Cock - Repeat

Pour moi la plupart de tes questions elles sont déjà à se poser à toi-même et la personne avec qui tu consommes. Je vais développer.

Si on se sort de la tête que la drogue c'est mal et qu'il faudrait ne pas consommer je pense qu'on peut essayer d'entrevoir autre chose. Est-ce que cette consommation de cocaine est excessive pour toi ? Est-ce que tu sens que depuis que c'est plus récurrent cela a déstabiliser ta vie ? Est-ce que tu penses à arrêter ? Qu'est-ce que t'apporte cette consommation ?

Je pense que si on est suffisamment à l'écoute de soi même on peut avoir pas mal de réponses et cela pourra être très différent d'une personne à une autre. Il y a bien sûr les règles de réductions des risques qui s'appliquent pour "tout le monde pareil". Mais il y a tout l'aspect de chacun comment le vit qui va déterminer si c'est ok, pas ok, etc. Et ça il n'y a que toi qui peut le savoir.

Dans mon cas au début cette habitude était vraiment appréciable car je découvrais un peu le mélange cock + alcool que je n'avais jamais vraiment exploré beaucoup. Sauf qu'à un moment, passé quelques mois, je me suis vu, dès que je buvais 2-3 pintes mon cerveau me disait "cock". Je n'ai jamais consommé seul car je déteste ça aussi mais dès que j'étais bien socialement en soirée, même sans personne qui prenait de la cock j'étais tenté d'aller me prendre 1g. En gros l'habitude à finit par prendre un peu le dessus. Mais c'est toujours resté festif. Sauf qu'à l'intérieur de moi, à ce stade, ça ne m'allait plus. J'ai préféré prendre un peu de distance avec tout ça et ca s'est restabilisé après une longue pause.
En gros ce que je veux dire à travers mon expérience c'est qu'au moment où c'était trop je l'ai su à l'intérieur de moi et c'est à ce moment là que j'ai pris la décision de faire quelque chose. J'ai pris beaucoup de plaisir dans cette phase de ma vie si je peux dire et je ne regrette rien.

Si je résume un peu tout ça je peux dire que si ca te convient là où tu en es, au moment où tu le vis et bien je dirais de continuer à apprécier si ca te va comme ça pour le moment. Je pense qu'il faut resté vigilent quand même quand on parle d'habitude comme pour mon cas. Lorsque le cerveau associe la cock avec la fête par exemple ou avec autre chose. Et que ca se banalise complètement.

Je crois que le bon conseil pour éviter ça est de s'octroyer des pauses, comme tu as déjà dû le comprendre pour pas que ca devienne systématique. Et casser le côté "habitude".
Ensuite pour la réduction des risques je ne serais peut être pas le mieux placé pour parler de ça étant donné que je ne suis pas un grand consommateur de cock, mais la base pour moi c'est d'utiliser du matériel propre, chaque sniff une nouvelle paille. Se laver le nez peut aider à conserver son nez aussi. Avec du serum phy.

Ca m'évoque un épisode de Arte radio produit par des jeunes qui parlent de leur expérience, le titre de l'épisode est assez explicite. Ca peut être une bonne source d'inspiration étant donné que la réalisatrice donne d'abord son témoignage et fait ensuite intervenir toute sa bande de pote et on voit que chacun est pas du tout au même endroit dans sa relation avec la conso. J'ai trouvé ça bien fait et pertinent, ca nous amène un peu dans sa propre réflexion sur la conso de cock/drogue.

https://www.youtube.com/watch?v=sQgVwHZVatQ

Hello !

Merci pour cette réponse détaillée et empathique !

Alors tout d'abord je n'ai pas d'idées préconçues sur les drogues du genre "c'est mal parce que c'est ce qu'on dit dessus". J'ai toujours tenté de me renseigner sur les conséquences des prods et sur leurs effets en appliquant un minimum de RDR en consommant..

Toutefois tu as tout a fait raison, les conseils de réduction des risques ont leurs limites !.. Concernant certaines substances psychoactives (pour ne pas dire drogue) le conseil de RDR le plus pertinent à donner serait "évitez cette drogue au maximum (notamment les prods dont il est le plus difficile de se détacher, et où l'addiction est la plus forte)

Ce qui m'ennuie avec la C, et les prods"à craving" ultra axés sur le plaisir, avec un crash important et une sensation non pas de plénitude (comme avec la D) mais quasi orgasmique de "j'en veux encore", c'est qu'ils ont une fâcheuse tendance à prendre la place des objectifs dans ta vie à long terme - pour les substituer à des plaisirs éphémères (phénomène qui se retrouve davantage dans les drogues a craving)

Alors il est vrai que les autres drogues (comme la D) peuvent aussi permettre une fuite - mais la D a son lot d'inconvénients (redescentes difficiles, fatigue extrême pour ma part) qui la rend moins attrayante et qui pousse moins à reconsommer rapidement (au début je consommais beaucoup puis j'ai vite arrêté la D fréquemment vu les conséquences) !

Donc oui en court-circuitant la récompense à long terme par une récompense instantanée la C paraît inoffensive au début, un peu une sorte de petit coup de boost, avec une redescente gérable à faible dose et une limitation de la conso par un prix élevé (pour ma part) donc une bonne candidate !

Mais ce court circuit n'est pas sans conséquences sur un plus long terme je trouve ! Personnellement je m'imagine mal aujourd'hui pouvoir vivre au moins ponctuellement sans ce plaisir fort et instantané pas tant par addiction au produit mais par addiction à la déconnexion, au plaisir, à la fête, à la légèreté donc quelque part à ce que cela permet (je n'irai jamais consommer de C en dehors d'un moment festif même si je ne consomme qu'à 2 avec ma copine le week end j'ai trop peur de l'addiction : donc je limite les conséquences psycho sociales en ne tapant pas seul)

Autre problème c'est la consommation en couple : quand c'est pas l'un qui craque c'est l'autre, le contexte de consommation c'est le couple et les déclencheurs c'est aussi le couple en soi ! Donc même si on se limite au week end ça rend la gestion plus complexe ça fait partie d'une habitude difficile à casser !

Finalement oui je ne regrette pas spécialement ces moments où je me suis amusé, qui ont rehaussé mon expérience de vie de plus de plaisir, mais je me demande si ce n'est pas déjà un cercle vicieux que de n'y voir aucun problème, si cela ne m'empêchera pas d'avoir des objectifs plus à long terme ?... Parce que si je me contente d'une vie d'alternance entre travail en semaine et drogue le week end, quel temps me reste t il pour m'ennuyer, lire, m'instruire, m'imaginer dans le futur ?

Parce que la C, c'est beaucoup du fantasme, on s'imagine se construire tout un futur sous C, avoir des enfants, un appart etc. Mais dans la vie pour ma part je trouve que ça se résume à vivre semaine par semaine, weekend après weekend (enfin quand même pas mais attendre sa prochaine défonce peut un peu condamner des projets plus ambitieux et moins agréables !)

Tout cela participe à ou a pour cause des difficultés à être heureux dans le monde tel qu'il est, c'est une sorte de cercle vicieux (ou vertueux si on considère que l'amusement à ses vertus)...

Mais pour ce qui est des conséquences, ayant un travail au contact des gens, devant avoir des capacités cognitives pas trop impactées, je sens la nervosité après la C, moins d'apaisement et très certainement une baisse globale de fonctionnement.. donc je dirais que je vais probablement faire comme tu le dis ! Faire des pauses et comparer les moments de pause avec les moments de conso et essayer de trouver un équilibre entre amusement et risques psycho sociaux et de santé !

Par ailleurs j'ai aussi lu pas mal de truc anxiogène sur la perforation des cloisons nasales - alors certes je ne consomme pas beaucoup mais ça reste toujours un peu flippant !

Merci encore pour ta réponse ! Et super pour la vidéo je vais aller voir ça !

Et t'as raison tu peux avoir un moment où tu te dis "c'est trop là" et tu le ressens, j'essaie juste de pas en arriver là ahaha

Je sais pertinemment qu'idéalement il faudrait ne rien prendre pour ne pas dérègler son système de récompense mais en même temps qu'est ce que la vie manque de légèreté parfois, avec le quotidien et les contraintes et autres obligations...

Usager terrestre a écrit

Hello,

Déso j'aurais aimé pouvoir te répondre plus tôt !

Tout ce que tu dis est excellent à mon sens car tu as déjà conscience de beaucoup de choses. Ce que je pointais dans mon premier message était en gros de savoir quelle relation on a avec le produit, comment ca prend place dans notre vie, ce qu'on veut etc. Et tu as beaucoup de conscience sur tout ça et c'est très bien.

Tu vois bien que dans ton expérience il y a une dualité. Comme si le plaisir de la consommation se payait en répercussions désagréables. Pour moi c'est là où justement ca se passe. Tant que la balance intérieure penche dans le côté de la conso, car ces répercussions, tu les acceptes, tu apprends à les gérer, et le plaisir de la conso prend le pas sur le reste. Ca veut dire que à l'intérieur de toi c'est encore "ok" de consommer.

Si à l'inverse, tu me disais que ca prend tellement de place que c'est plus gérable, là cette balance va pencher dans le côté de la non consommation. (ou prendre une décision pour agir en tout cas)


Après je crois que je te comprends très bien. Dans la phase de ma vie que je te parlais j'avais aussi d'autres aspirations, comme faire du sport, faire de la rando etc. Et tous les weekends où je sortais et que je consommais me faisait perdre mon équilibre à ce niveau là. C'est vraiment pas évident de consommer et de réussir à garder un bon équilibre avec toutes nos autres parts de nous même qui demandent aussi à s'exprimer.

Il y a une grosse part psychologique là dedans aussi. Comme accepter sa consommation, accepter les répercussions que ca peut avoir sur sa vie et ne pas être en tension avec ça. Je veux dire, si je consomme tous les weekend et que ca me rend incapable de faire du sport et que la semaine je me dis ptn il faut que je fasse du sport, et que ca me met en tension, quelque part j'suis pas rationnel et pertinent. C'est contradictoire. A partir d'un moment c'est être le plus factuel possible et faire des choix. Si je me dis que ma conso me convient, pour ce moment là de ma vie, alors je me dis tant pis je ne fais pas de sport. Mais au fond de moi je l'accepte et j'ai une lucidité là dessus. Et pas une contradiction qui peut vraiment être pesante. C'est juste un exemple mais je pense que tu vois de quoi je parle.

Après plus on consomme, plus on va vivre d'expériences en lien avec ça, et plus on sait finalement comment on réagit dans telle ou telle situation; et à la fin on sait quand même mieux gérer, prendre de meilleures décisions en étant plus conscient et lucide sur nous même.

Je pense que pour un couple c'est d'autant plus important d'être le plus conscient et de parler avec l'autre pour voir si vous êtes sur la même longueur d'onde, à quels endroits vous ne l'êtes pas etc.

En tout cas tu as une très bonne réflexion et curiosité et je suis sûr que tu sauras prendre les bonnes décisions :)

Longue et joyeuse vie à toi :)

Dernière modification par Gastox (Hier à  22:08)