Un Français sur deux favorable à la
dépénalisation du
cannabisPour la première fois, dans un sondage Ifop publié jeudi, la barre symbolique des 50% de soutien est dépassée. Les Français seraient également majoritairement favorables à une commercialisation du
cannabis sous contrôle de l’Etat. (Amir Cohen/Reuters)
par LIBERATION
publié le 3 juin 2021 à 12h46
Weed,
shit,
beuh… Le
cannabis s’invite à intervalles plus que réguliers dans le débat politique français : l’Etat est l’un des plus conservateurs d’Europe sur le sujet alors que la France se distingue comme le champion de la consommation. En France, 900 000 personnes fumeraient quotidiennement du
cannabis selon la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca). Faut-il dépénaliser sa consommation – un sujet mêlant sanitaire, sécuritaire et politique – à l’approche de la présidentielle ? Selon une étude de l’Institut français d’opinion publique (Ifop), publiée jeudi par le Parisien, 51% des Français y seraient favorables. C’est huit points de plus qu’en 2017, et même deux fois plus qu’il y a quarante-cinq ans (27% d’adhésion en 1977).
«Reprendre le contrôle»
«Force est de constater que l’opinion publique est aujourd’hui mûre aussi bien pour une
légalisation de son usage que pour sa commercialisation sous le contrôle des pouvoirs publics», analyse Gautier Jardon, chargé d’étude à l’Ifop, interrogé par le Parisien. Sur une semaine en mai 2021, 2 025 personnes majeures, représentatives de la population, ont répondu au sondage. Au-delà d’une
dépénalisation, une large majorité est même favorable à la
légalisation de la substance, 67% des sondés estimant que cela permettrait de «reprendre le contrôle» face aux trafiquants, et d’améliorer la santé publique. Une majorité juge «inefficaces» les politiques de lutte et répression contre la drogue.
Le
cannabis n’est pour l’instant autorisé en France qu’à des fins d’expérimentations médicales. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a lancé une phase test fin mars, à Clermont-Ferrand. L’expérimentation concerne 200 centres de références, dans 170 hôpitaux. A l’étranger, outre-Atlantique, un Américain sur trois, soit 93 millions de personnes, peut déjà consommer du
cannabis pour un usage médicinal ou récréatif.
La thématique revient pourtant régulièrement dans l’agenda politique français : en 2017, Emmanuel Macron, candidat, avait ouvert la porte pour réfléchir à un assouplissement, avant qu’Emmanuel Macron, président, ne la ferme définitivement en avril 2021. Victime d’un calendrier défavorable, entre élections régionales, départementales et questions sécuritaires omniprésentes, la mission d’information parlementaire sur la «réglementation et l’impact des différents usages du
cannabis», favorable à une législation encadrée du
cannabis, rendra finalement son rapport après l’été, initialement prévu pour la mi-mai.
En France, l’«usage illicite de l’une des substances ou plantes classées comme stupéfiants est puni d’un an d’emprisonnement et de 3 750 euros d’amende». Si la personne paie l’amende forfaitaire, le montant s’élève à 200 euros. Le trafic, lui, comprend «le transport, la détention, l’offre, la cession, l’acquisition ou l’emploi illicites de stupéfiants», et est puni de dix ans d’emprisonnement et 7 500 000 euros d’amende.
Source : Libération