Personnellement je suis entièrement d'accord avec ce "non" de William burroughs , signifiant que l'
héroïne n'est "pas une drogue intéressante". Dans son ouvrage "Junkie" il explique que "l'
héroïne est la drogue la plus bête du monde. Elle rend bêtement normal!"
Je pense depuis longtemps que la seule chose intéressante dans l'
héroïne est la dépendance induite. Cela rend la vie intéressante dans la mesure où cette dépendance amène à une forme de "vécu très riche".
Me remémorant les années 80, j'avais parfois le vertige quand je pensais à tout ce que j'avais fait en une journée pour trouver les thunes nécessaires, la
came de qualité ... et tout ça sans me faire chopper par les keufs. Cela m'a rendu, d'une certaine manière, inventif, obligé d'être fin psychologue afin de préserver mon tissu social et mes activités professionnelles, protéger les apparences, développer un réseau pour avoir, dans la mesure du possible, de la
came de qualité...
Obligé d'être à 100% pour assurer les thunes et la
came tout en refusant certains compromis avec ma conscience. Celle-ci étant facilemement soluble dans une petite cuillère, j'ai bien sûr fait certains arrangements avec mon "sens de l'éthique" (deal, trafic...) mais n'ai jamais volé, escroqué"... "Facile, pourra-t-on me répondre, mais les gens qui t'achetaient la
came eux, souvent étaient plus ou moins obligés d'arnaquer, de voler... pour pouvoir te l'acheter... et ça ne te pose pas de problème?" J'avoue que ça ne m'en posait pas à l'époque et je ne' me rappelle pas y avoir pensé plus que ça ... Sans doute une des principales "vertus" de l'
héro, cette redoutable capacité à neutraliser les émotions et à rendre le sentiment de sa propre médiocrité supportable....
Enfin, je vais pas m'appesantir sur ces aspects "moraux" et "pseudo philosophiques"...
C'était juste pour dire que l"intensité", le mode de vie, le "Lifestyle" lié au monde de l'
héroïne et ses aléas sont pour beaucoup, nettement plus intéressants que les effets, en soi, de la drogue. Mais souvent on ne le réalise pas avant un certain âge, une certaine réflexion et ... un bilan honnête.
"Time wait's for no one" ( Le temps qui passe n'attend personne - le temps perdu n'est pas rattrapable ) chantaient les Rolling Stones (qui avaient une certaine expérience en la matière) dans les "stupéfiantes" années 60
http://www.youtube.com/watch?v=g7BqdaFL … e=related. Ce n'est pas se renier que de réaliser qu'on a passé une bonne partie de sa vie à piquer du nez et de penser qu'on aurait pu mener une vie plus fructueuse, en l'occurrence pour William Burroughs, d'écrire et d'être créatif. C''est juste de la lucidité ... qui vient avec la maturité
Car après avoir été un jeune con... on est irrémédiablement condamné à devenir un jour un vieux con...
Sans cette expérience, toutefois, William Burroughs n'aurait pas créé une telle œuvre.... mais ceci est une autre histoire. Sans doute son œuvre aurait-elle été radicalement différente SI... (mais avec des SI ...car Si ma tante en avait...
Ceci étant dit, l'usage des
opiacés, bien au delà de leurs propriétés analgésiques, ont de tout temps joué un rôle thérapeutique "psy" et aidé bien des gens à supporter "la mélancolie, la fatigue, l'adversité, les conflits - y a pas mieux dans les contextes de guerre - , les belles-mères, la fureur utérine, le célibat, la médiocrité, le personnel des "lieux de soins spécialisés" l'ennui, la religion, les vilains drogués, les mèches rebelles, les trous dans les chaussettes, les entrepreneurs de morale et tous ceux qui veulent le bien des drogués et les sauver, l'intolérance, le dimanche après-midi, les petites contrariétés et inconforts de la vie, la solitude, les traumatismes et leurs conséquences, l'existence du Front national, Jean Pierre Foucault, la mauvaise humeur du patron, les "cons" et les "autres" en général ... ainsi que le sentiment de culpabilité pour avoir oublié les pâtes sur le feu et qu'elles sont maintenant trop cuites ....
mais il est trop tard... y en pas d'autres.... et l'épicerie est fermée
et
L'
opium et surtout les anciennes préparations Laudanum, Thériaque, poudres de Dover, cynoglosse.... mais aussi la
morphine,
héroïne... ont joué un rôle important, généralement largement sous estimé, en tant que régulateur social pour mettre de l'huile dans les rouages souvent grippés ou du diluant dans la pesante soupe du quotidien.
Mais l'usage des
opiacés n'a jamais rendu génial, intelligent ou ouvert les portes de la perception au contraire de certaines expériences hallucinogènes.
Voilà mon humble avis que je partage avec moi-même.
Petites s@lutations p@régoriques et pardon d'avoir été si long... mais ça me démangeait du clavier.
Dernière modification par Gilac (18 février 2010 à 16:14)