Bonjour Le Toxicophile,
Je consulte comme toi depuis plusieurs années ce site et n'ai eu envie (ou eu le courage) de ne poster qu'une ou deux fois.
Ton témoignage m'a tout de suite parlé, je m'y retrouve dans beaucoup de points.
Je n'ai pas la même aisance avec les mots, ou je ne l'ai plus, je n'en sais rien; Le mot ambivalent tourne en boucle dans ma tête.
L'ambivalence est au centre de toute ma vie; Je vais essayer de faire bref:)
J'ai 38 ans, 1 enfant, un mari aimant, un métier que j'aime et que j'ai choisi, des amis, bref en apparence, tout va bien.
J'ai commencé à tester différentes drogues assez tôt, j 'ai toujours été attirée par ce milieu, par cette envie de découvrir un autre soi. Le coté transgressif artiste meurtri, ouais je sais c'est con.
J'ai commencé par le
cannabis vers 15ans , puis s'en est suivi les premières expériences avec les extas, les premières teufs, les premiers kiffs.
J'ai essayé aussi les psychos mais moins mon trip, trop de pertes de contrôle.
Quelques années plus tard, j'ai testé la
coke, je devais avoir 22ans. Les débuts n'ont pas étés fous, j'ai gardé ça pour les cadres festifs uniquement.
J'ai continué a boire (plus que de raison) et à fumer, je bois en soirée, et je fume seule.
Vers 26 ans je redécouvre la
coke, et la petit à petit elle s'introduit en moi, pas de manière vicieuse, non, de manière cool et festive, j'ai trouvé ma meilleure pote.
Celle qui me donne des ailes en soirée et surtout qui me permet de boire beaucoup sans être trop bourrée.
Je continue mon petit chemin, tranquille, je rencontre mon mec et fait 1 enfant
Je ne touche à rien du tout durant les 9 mois de grossesse, même pas un pèt, je suis assez peu dépendante à ce moment là je m'en passe plutôt bien.
J'ai des
craving évidemment mais c'est tout a fait gérable, et puis j'ai encore cette petite voix dans ma tête qui me dit, déconne pas.
Quelques années se passent, je reprends rapidement de la
coke mais cette fois ci la prise devient différente.
Je m'éloigne des amis avec qui je consommais et je rentre petit a petit dans une conso toute autre, une conso seule mais en soirée. j'ai 30 ans a ce moment là.
Et c'est la que je rejoins ton Empire dans un Empire. Belle mise en abyme.
Mais pour maitriser l'art de ne pas se faire griller en prenant de la C il faut pas mal ruser, faire la meuf saoule, faire boire les autres pour ne pas qu'ils remarquent votre état, ralentir le rythme des mots, se concentrer pour ne pas couper la parole ni avoir la science infuse, bref du boulot quoi.
On pourrait penser que ca ne sert à rien du coup, mais c'est devenu une gymnastique fascinante.
Apres chaque cession j'ai mon rituel qui me permet de ne pas ressentir de
descente et pouvoir dormir , juste un lendemain dégueulasse et apres ça passe.
Je consommais à raison de 1g max par semaine, uniquement du snif, réparti en 2 soirées, j'ai tenu comme ça pendant 6/7 ans.
Il y' a évidemment un revers de la médaille assez pourri, une fatigue chronique, une irritabilité systématique, un manque d'envie pour les choses essentielles mais ayant une famille, un taf et des obligations à tenir j'ai toujours assuré ce qu'il fallait et fait illusion, à tel point que personne n'a jamais rien vu... ou n'a jamais rien voulu voir.
Je précise à ce stade que mon mari n' a jamais rien su de mes consommation sauf 1 ou 2 fois au tout début de notre relation, pour lui c'était occasionnel et c'est du passé.
Que seulement 3/4 amis sont au courant que parfois je tape mais je ne prends jamais avec eux.
Et voila, depuis plus d'un an j'ai découvert les drogues de synthèse, quel merveilleux portail sur le coup!
Moins cher que la C, moins voyant, plus doux , facilement procurable et prise en soirée "seule" avec du monde c'est parfait.
Je sors 2 soirs par semaine, jamais clean évidement et je prend 1 ou 2 autres soirs seule a la maison quand tout le monde dors. Ca revient a peu près a 2,5g/semaine
Je me fais livrer a mon taf, ni vu ni connu.
J'ai petit à petit remplacé la C par de la
3mmc,
3cmc et parfois
3fpm, je me suis beaucoup renseignée dessus, ai acheté ma petite balance et ai mis au point un programme de petit chimiste tout à fait adapté à mon rythme de vie.
Je tape parfois un peu de C quand j'ai envie de changer mais ça reste occasionnel.
Moins crevée le matin, plus de facilité à m'endormir et moins d'
alcool en soirée.
N'étant pas stupide, je me suis vite rendue compte que ça allait être difficilement gérable mais le souci c'est que je n'ai jamais envisagé de ne plus jamais rien prendre.
Cela fait 10 ans que je prends des substances seule.
Je consomme actuellement, un soir sur 2, je fais des cessions de 5 à 7h et arrive presque toujours a me coucher avant 3h du mat.
Je ne consomme jamais rien la journée et commence à 18h.
Je prend quelques medocs pour contrebalancer tout ça mais juste pour dormir.
J'arrive à tenir le rythme mais j'ai l'impression que ma vie ne s'articule doucement qu'autours de ça.
J'ai perdu toute envie d'activité autres, je remplie machinalement mes obligations.
Ma dernière cession remonte à mardi soir et j'essaye de me convaincre de ne rien prendre avant demain soir. 2 jours sans rien prendre devient une victoire, la dessus je me fais flipper.
Je savais que ça allait arriver mais je refuse encore d'ouvrir les yeux complètement.
J'aime la personne que je suis quand je prend mes
paras, j'aime ressentir cette chaleur au fond du ventre et j'aime surtout m'échapper seule sans mon coin.
Le rapport a l'autre n'est pas pour autant altéré il est juste modifié, je deviens plus égoïste dans le fond mais en surface plus impliquée.
Bref tout ça est peu être un peu brouillon, il est 13h10 je suis tout a fiat sobre et les belles formules que je voudraient employer ne sortent pas,
Juste un amas de petits mots qui se suivent et qui essayent a tâtons de résumer 15 ans de consos.
Ca me fait tout drôle car c'est la toute première fois que j'en parle, même mon psy n'est pas au courant. Le fait de ne jamais rien avoir dit rendait la situation presque irréelle.
Je ne dirais pas qu'elle est ingérable, juste ambivalente...
Je suis désolée ça ressemble plus à un vidage de sac qu' à une réponse au final, mais ton post m'a permis de me sentir moins seule, merci pour ça.
Je passe ma vie a articuler une vie autour d'une autre vie, je ne sais plus trop qui je suis et pourtant je ne me sens pas malheureuse, juste parfois creuse.
J'ai juste peur de cliquer sur le bouton "envoyer"
Dernière modification par Her (02 mars 2023 à 13:56)