vers une distribution contrôlée de cocaine en Suisse

La ville de Berne soutient un projet pilote "cocaïne"

07 Juin 2023 
Politique des addictionsStimulants

Le législatif de la Ville de Berne a accepté un postulat qui demande un projet de distribution contrôlée de cocaïne.

Alors que le projet pilote cannabis est en cours, la motivation pour ce nouveau projet vise une politique identique et globale des drogues. Si la cocaïne n'est pas inoffensive, la vente contrôlée peut conduire à une prévention simplifiée et à une meilleure possibilité de contrôle, selon les initiants.

Par 43 contre 18, le  Conseil de Ville de Berne(link is external) a accepté jeudi 1er juin 2023 le postulat d'une élue de la Gauche Alternative, Eva Chen, pour un projet de distribution contrôlée de cocaïne. Selon elle, la stratégie de répression actuelle ne mène pas au but. Elle punit en premier lieu les consommateurs et les petits dealers, et il n'y aurait pas de possibilités de mesures de prévention. Les oppositions au texte sont venues de l'UDC, du PLR, du PEV mais également de certains élus socialistes. Selon eux, cette question est du ressort du niveau fédéral.
Le PLR zurichois et bâlois sur la même longueur d'ondes

La Confédération n'a rendu possible les projets pilotes sur le cannabis que sous la pression des villes, a fait remarquer la Directrice bernoise des affaires sociales Franziska Teuscher (Verts). Contrairement au cannabis, la ville n'assumera pas de rôle de chef de file. Ce sera probablement la ville de Zurich. Le PLR zurichois est motivé : il a publié une prise de position à ce sujet (voir la news du GREA, 2021). "Ce serait certainement une bonne tentative d'acquérir de l'expérience", déclare Përparim Avdili, président du parti de la ville de Zurich. La ville qui a été traumatisée par les scènes des années 80 et 90, est ouverte sur la question et compte sur la jeune génération "qui a une nouvelle idée des drogues", estime l'élue au législatif cantonal, Angie Romero. Le PLR zurichois peut compter sur son homologue bâlois qui a pris récemment une position pareille : "Sur la base de la liberté des personnes de se faire du mal, les drogues ne devraient pas être interdites, mais légalisées, contrôlées et taxées afin de supprimer la base du marché noir qui fait souffrir.» Cette proposition est controversée, notamment chez certains médecins qui craignent pour la santé des consommateurs.
Dans l'air du temps

En mai 2019, le législatif bernois avait rejeté de justesse une motion de la Gauche Alternative avec des revendications identiques sur la cocaïne. Le non de la majorité du PS, qui voulait d'abord obtenir des expériences avec la vente contrôlée de cannabis, avait été déterminant à l'époque. Cette fois-ci, la majorité du PS a voté en faveur de l'intervention parlementaire sous la forme atténuée du postulat. La règlementation des drogues est dans l'air du temps. En 2021, le Conseil fédéral a fait le bilan sur la répression et les interdictions internationales sur les drogues. Son constat est sans appel: c'est nettement raté. Il est temps d'emprunter d'autres chemins.