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Salle de shoot: Débat enflammé© jdd.fr | 22.07.10 |
http://www.lejdd.fr/Societe/Sante/Actua … -enflamme/Depuis Vienne, Roselyne Bachelot a lancé l'idée d'une concertation sur les "centres d'injection supervisés" (CIS). Des endroits destinés aux toxicomanes pour se droguer de manière hygiénique et sécurisée. Une initiative qui suscite d'un côté, l'indignation, de l'autre, l'espoir d'une avancée.
Jean-François Lamour, président du groupe UMP au Conseil de Paris et Jean-Pierre Couteron, président de l'association Anitea, expliquent au JDD.fr leurs points de vue radicalement opposés sur la question.
Se droguer de façon hygiénique, sous la supervision de personnes spécialisées.
Le concept provoque un débat passionné. Roselyne Bachelot a en tout cas annoncé, lors de la conférence internationale sur le Sida à Vienne, qu'elle allait lancer une concertation sur ces "centres d'injections supervisés" (CIS). Si certains y voient un moyen d'accompagnement et d'insertion sociale pour les toxicomanes les plus démunis, d'autres dénoncent des "drogatoriums".
Joint par le JDD.fr, le président de l'Association nationale des intervenants en toxicomanie et addictologie (Anitea), Jean-Pierre Couteron, voit dans cette annonce un "signe positif", même s'il se dit "agacé par le tango infernal du gouvernement sur le sujet". De son côté, Jean-François Lamour, président du groupe UMP au conseil de Paris, estime que "ce n'est pas à l'Etat d'accompagner les toxicomanes dans leurs prises de drogues. Jusqu'où doit-on aller? Faut-il également leur fournir leurs doses?", lance le député de Paris. L'accompagnement contre la proscription? Telle est la question à laquelle devront répondre les acteurs de la concertation.
"Sortir la tête de l'eau"
Si leur implantation en France parait loin d'être acquise, les CIS existent déjà dans huit pays. Les partisans de l'initiative mettent en avant l'aspect hygiénique et social. "Il s'agit d'une réponse au problème de la transmission du virus du sida. Les toxicomanes pourront désormais se droguer dans des lieux sécurisés, sanitarisés", assure Jean-Pierre Couteron. "Ces centres, qui visent un sous-groupe de toxicomane exclus, leur permettront de prendre soin d'eux-mêmes, de sortir la tête de l'eau", poursuit-il. "La libéralisation de la seringue il y a dix ans a fait diminuer le nombre de toxicomanes. Dire que ces centres vont banaliser la consommation de drogue est entièrement faux!", s'emporte le président d'Anitea.
A la question de savoir s'il s'agit d'accompagner à défaut de pouvoir guérir, Jean-Pierre Couteron s'agace: "Opposer l'accompagnement à la guérison est insupportable et relève d'une nullité scientifique absolue. Il ne faut pas croire qu'accompagner soit synonyme de laisser faire. C'est simplement partir du point où se situe la personne pour l'aider dans un cheminement. Une grande partie des toxicomanes qui sont venus dans ces centres d'injections ont demandé une aide pour se sevrer", argue-t-il. Et de conclure: "Ce n'est pas la consommation de drogues qui augmentera ou baissera. C'est la souffrance des personnes qui diminuera."
"Inacceptable"
Hygiène, socialisation, baisse de la transmission de virus… Jean-François Lamour n'est pas pour autant convaincu. Loin de là . "Laisser penser à la population française qu'on accompagne les drogués dans leurs prises de produits est un très mauvais message à faire passer. Je ne peux pas accepter ce principe", tranche l'élu UMP, qui prône "un traitement thérapeutique". Si une concertation vient à être lancée, il n'y aura "pas de consensus possible sur le sujet", prévient-il. "Le centre deviendra par nature un lieu de concentration des consommateurs et des dealers. Tout ça n'est pas acceptable". Et d'insister: "Le meilleur moyen d'empêcher les overdoses, c'est le thérapie par la prévention et la répression."
Au delà des convictions de chacun, le rapport de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), commandé par Roselyne Bachelot, souligne en tout cas que ces centres "ont fait la preuve de leur capacité à assurer un fonctionnement stable, garantissant de bonnes conditions d´hygiène et de sécurité pour les usagers et le personnel."
Selon l'étude, "aucune overdose mortelle n´a été enregistrée dans un CIS, malgré des millions d´injections pratiquées." Et de mettre en avant "une diminution des comportements à risque de transmission du VIH". Quant à l'évolution possible vers un
sevrage, l'Inserm note "une augmentation du nombre d´usagers entrant en traitement pour leur dépendance." Enfin, sur la question cruciale de savoir si les centres d'injections spécialisés banalisent la drogue, l'institut assure qu"il n´existe pas de preuve que la présence de CIS augmente ou diminue la consommation de drogues chez les usagers ou dans la communauté ou bien qu´elle augmente les rechutes chez les usagers de drogues en traitement."