Bonjour à tous,
J'ai eu, il y a quelques jours, mon RDV au
CSAPA. Le sujet ne porte pas sur ma consultation, mais pour décrire un peu, routine, renouvellement d'ordonnance et une prescription d'un gros paquet de Macrogol (oui, ça fait chier
)
Depuis que je vois mon médecin, on a réussi à nouer une belle relation de confiance et je sais que, même si ça devais être normal, c'est en ces temps de
stigmatisation (même dans ce milieu) un luxe.
On blablate un peu, et elle me parle un peu du milieu addicto en France. Evidemment aucun nom, aucune statistique, elle m'a surtout donné un avis :
Pour elle grossomodo, la présence des
opioïdes en France s'est dégradée ces dernières années, alors que le nombre de primo-consultations est en augmentation.
Elle à vu exploser le nombre de consultations pour le
tramadol ou la
codéine, tandis que le nombre pour les plus forts, comme la
morphine, l'
oxycodone ou l'
héroïne est en diminution.
Finalement, j'ai cette impression la :
- Les
opioïdes pharmaceutiques forts sont de plus en plus difficiles à trouver ; les médecins sont plus méfiants et les règles de plus en plus strictes,
- La pureté moyenne de l'
héroïne est en chute libre, avec un legislateur toujours plus restrictif ; L'approvisionnement en
opium dans le monde baisse, avec l'arrêt de la production en Afghanistan depuis 2021 et au triangle d'Or, la situation est complexe.
Loin de l'époque de la "French Connexion", c'est une myriade de petits laboratoires qui tentent d'en fabriquer avec des étapes de production omises et l'utilisation d'acide acétique à la place d'anhydride, qui devient difficile à trouver.
- Les fentaniloïdes et
RC opioïdes augmentent progressivement sur le territoire, sans comparaison avec les US ; Moins cher, 1g tiens énormément de temps pour un naïf/utilisateur faiblement à modérément accoutumé, mais pour des risques absolument énormes,
- Enfin, que la société en manque de bonheur (et c'est pas étonnant quand on voit la belle situation de m**** qui règne dans l'hexagone) se rue sur ce qu'on trouve à savoir
tramadol et
codéine, même si avec les règles mises en place en 2017 (mise en liste 1 de la
codéine), 2020 (renouvellement du
tramadol) et récemment (tramadol en boite de 10), c'est plus difficile.
- Concernant la
buprénorphine, j'ai l'impression qu'elle est de plus en plus disponible en France. Et mes larmes coulent quant à au fait de voir peut-être un jour cette substance qui sauve des vies devenir plus difficile à obtenir, à cause d'un legislateur qui ne sait pas ou il vas et dont ses mesures profitent à son image publique.
Je m'inquiète surtout de toutes ces restrictions. Si l'
héroïne, les
opioïdes pharmaceutiques et les
TSO deviennent de plus en plus difficile à obtenir, quelles molécules vont alors les remplacer ? Et j'ai bien peur que la réponse porte sur le
fentanyl et ses dérivées ainsi que des
RC dont le recul n'équivaut en rien, celui d'une molécule connue depuis un voir des siècles.
Alors est-ce ça l'avenir des
opioïdes en France ? Est-ce la fin de la consommation "propre" avec l'obligation de se reporter sur des trucs un peu crades (fentaniloïdes et
RC opioïdes) ?
D'une manière générale, j'ai vraiment l'impression que le "Deal français" préfèrent investir dans la
cocaïne/cannabis (j'ai l'impression d'en voir partout) plutôt que les
opioïdes forts.
J'attends votre avis et je regrette de ne pouvoir vous sortir de statistiques précises et d'ailleurs, si vous en avez, n'hésitez pas à les partagées, ça serait super intéressant.
Lâchez-vous
Amicalement,
Cyp'
Edit : Le terme "Crade" ne visait pas les consommateurs mais les substances
opioïdes elle-même comme les fentaniloïdes synthétiques et les nouveaux
RC opioïdes ('j'y exclue volontairement le ODSMT).
Le terme "Crade" renvoie à leurs difficultés de dosés la molécule (d'une puissance de 50-100 à plusieurs milliers de fois la
morphine) avec un risque proéminent d'overdose, à l'impossibilité de savoir réellement la composition du
RC et à un recul largement insuffisant. Contrairement à un
opioïde "Propre", qui est le contraire de tout ce qui est cité : molécules pharmaceutiques avec compositions connues, facilement dosable (au mg, dizaine de mg ou centaine de mg) et avec un recul largement suffisant pour affirmer, outre les risques inhérents à la consommation moyen/long-terme (dépendance, addiction, etc.), qu'elles sont
safe.
Bien évidemment, ce terme NE S'APPLIQUE PAS au consommateur ; Il n'est pas crade parce qu'il consomme des fentaniloïdes/RC
opioïde.
Ne pouvant modifier mon texte (hors charte), je voulais apporter ma justification pour un terme qui n'était pas forcément adapté (et je m'en excuse sincèrement).
Dernière modification par Cypion (27 septembre 2024 à 10:21)