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http://www.chanvre-info.ch/info/fr/Un-j … nabis.htmlUn jour où l´autre, le cannabis sera légaliséSelon Bill Piper « En dépit d´une politique répressive, de toutes les interpellations et condamnations, de sommes colossales consacrées à la « guerre à la drogue », la consommation de
cannabis chez les jeunes reste importante. Des overdoses non répertoriées, des criminels en liberté, des prisons surchargées notamment par la présence de contrevenants non violents ». « Au même titre que l´alcool, c´est la consommation abusive qu´il faut empêcher, pas le simple usage, ...... . un jour où l´autre, le
cannabis sera légalisé. Mais il s´agit de savoir combien de vies seront brisées et de budgets seront gaspillés avant d´y arriver ».
Un jour où l´autre, le
cannabis sera légal
Aussi vrai que le soleil se lève et se couche, même si la police a procédé à plus de 850 000 interpellations relevant du
cannabis l´an dernier, une récente note gouvernementale indique que la consommation chez les jeunes américains a augmenté de 9%. Bien entendu, les opposants à la
légalisation réclameront plus de police et une augmentation des budgets pour plus d´arrestations et d´emprisonnements. En d´autres termes faire la même chose en plus grand. Fort heureusement, les partisans du « rien changer » font partie d´un club qui se réduit comme peau de chagrin ces temps-ci, 76% des américains estiment que la prohibition a échoué, et des millions appellent un changement.
Depuis la déclaration de « guerre à la drogue » du Président Nixon, il y a quarante ans, ce sont des dizaines de millions de citoyens américains qui ont été arrêtés, et des centaines de milliards de dollars dépensés. Malgré tout, les drogues sont tout autant disponibles aujourd´hui qu´elles l´étaient à l´époque.
Il est très difficile de trouver, ne serait-ce qu´un élu qui n´ait jamais consommé de
cannabis ou une autre drogue. Le Président Obama a consommé des drogues. Egalement son prédécesseur George W Bush, comme le suggèrent les commentaires causés par certaines traces. Puis il y eût le célèbre aveu de Bill Clinton qui aurait goûté au «
joint » sans avaler la fumée. Al Gore, Newt Gringrich et même Sarah Palin ont reconnu qu´ils avaient consommé des drogues.
L´usage de drogues est si répandu que le FBI a dû changé de politique, en n´acceptant plus les services d´usagers de drogues pour leurs enquêtes, car cela rendaient les procédures caduques.
La guerre aux drogues n´a pas seulement échouée. Elle a aussi généré des problèmes. Les lois interdisant la disponibilité de seringues stériles ont facilité la propagation de l´hépatite C et du virus du SIDA.
Les campagnes agressives pour l´arrestation et l´incarcération des usagers ont accru le nombre des décès liés à l´usage de drogues, tout simplement à cause de la peur d´alerter le 911 (le samu US) en cas d´overdose d´un ami. Les gouvernements se sont trompés dans leurs messages adressés aux jeunes, qui n´ont réussi qu´à les rendre méfiants aux conseils parentaux ou ceux de leur entourage.
L´incarcération massive des personnes enfreignant la loi a épuisé les ressources des états et de l´état fédéral, détourné les forces de police des réelles affaires criminelles et produit une génération d´enfants avec un ou deux parents derrière les barreaux au lieu d´être à la maison.
Les disparités ethniques sont épouvantables. Comme le démontre de manière éloquente Michelle Alexander dans son dernier livre « The New Jim Crow », une condamnation liée aux stupéfiants fait automatiquement de vous un citoyen de seconde zone avec moins de droits pour l´obtention d´un logement, d´un emploi, d´une bourse d´étudiant, qui ne pourra plus jamais devenir juré, obtenir certaines aides sociales ou tout simplement voter. Alors que les afro-américains ne constituent que 13% de la population, et environ 15% de celles des usagers de drogues, ils représentent environ 38% des personnes interpellées pour des infractions liées aux stupéfiants, et de manière très préoccupante près de 59% des personnes incarcérées.
Comme du temps de la prohibition de l´alcool, la prohibition des drogues enrichit les organisations criminelles. Au lieu de réguler et de contrôler l´accès au drogues, telles le
cannabis, les décideurs politiques ont cédés le contrôle, d´un marché annuel estimé à plus de 400 milliards de dollars, aux cartels de trafiquants et aux voyous.
Au
Mexique, où certaines parties du territoire ressemblent au Chicago d´un Al Capone gonflé aux stéroïdes, 28 000 morts sont comptabilisés depuis que le Président Felipe Calderon a choisi, il y a trois ans, d´envoyer l´armée pour éradiquer des mafias de la drogue sur-armées et sans problèmes financiers. Le gouvernement américain ne produit pas de telles statistiques sur les morts de la prohibition, le nombre de défenseurs du droit, d´usagers, de trafiquants ou autres civils qui meurent chaque jour dans notre pays lui aussi en guerre contre les drogues.
Il est grand temps d´abandonner cette idée désuète et stupide que les Etats Unis peuvent être un pays « sans drogue ». La vérité qui dérange, c´est que les américains aiment les drogues, que ce soient l´alcool, la
caféine, le
cannabis, la
cocaïne, ou celles prescrites médicalement pour tous les problèmes, de l´anxiété à la fatigue. Même si certains développent un usage problématique des drogues, pour le plus grand nombre, ce n´est pas le cas. Et cela se vérifie aussi bien pour les drogues licites telles l´alcool et le
tabac, que pour celles illicites comme le
cannabis ou la
cocaïne. Plusieurs décennies prouvent que la plupart des usagers de drogues ne deviennent pas "accro", et ne causent pas de dommages à autrui, même si cela peut arriver.
Tout cela est reconnu lorsqu´il s´agit de drogues légales : il ne semble pas utile d´arrêter les dizaines de millions d´américains qui boivent de manière responsable, mais ceux qui alors prennent le volant, deviennent insultants ou provoquent des rixes. Chaque année, nous gaspillons des dizaines de millions de dollars en arrêtant des Américains en possession de
cannabis ou d´autres drogues, même s´ils ne nuisent à personne. On en surcharge les prisons où ils occupent une place revenant aux véritables criminels ou bien on les place dans des programmes de cure, encombrant ainsi un espace déjà limité pour des personnes en demande d´aide.
Le plus important n´est pas de savoir quel est le nombre d´usagers de
cannabis, d´alcool ou d´autres drogues, mais quelle est la meilleure façon de réduire les risques consécutifs à une pratique abusive, mais sans pour autant générer plus de dégâts sociaux. L´augmentation ou la diminution du nombre d´usagers de drogues ne dépend pas de ce que les politiques disent ou font, mais la criminalisation de l´usage rend la situation bien pire. La prohibition ne stoppe pas l´usage de drogues. Elle en augmente les dangers, en remplissant les prisons de simples contrevenants non violents, tandis qu´elle permet aux gros délinquants de s´enrichir. En dépit des décennies d´une politique uniquement répressive, la consommation de
cannabis chez les jeunes continue d´augmenter, cela devrait motiver la classe politique à réformer celle-ci. Peut-être, les électeurs le feront à leur place.
En novembre, les électeurs de la Californie voteront pour la Proposition 19, qui a pour but de contrôler le
cannabis au même titre que l´alcool, et d´orienter les budgets de la police vers la répression des actes criminels, tout en débarrassant une fois pour toute la Californie d´une politique raciste à l´égard du
cannabis. Actuellement, les sondages sont à 50-50.
Mais même si la proposition 19 est rejetée, ce ne sera que temporaire. Car le soutien à la
légalisation du
cannabis s´accroît, et pas seulement en Californie. Dès lors, la
légalisation arrivera. Il s´agit juste de savoir combien de vies brisées et d´impôts seront gaspillés avant. Quelques intérêts particuliers, bien entendu, combattront tout changement, quel qu´en soit le prix. Les progrès ne peuvent pas toujours être acceptés par tout le monde.
Les opinions contenues dans ce texte sont celles de leur auteur, Bill Piper.
Par Bill Piper (Directeur de la Drug Policy Alliance en charge des affaires intérieures)
Contribution du 28 septembre 2010 publiée par CNN
Traduction : CSF