La police tient Ali pour un «cas extrême». à‚gé de 11 ans, il a été arrêté onze fois en quelques semaines. Le sort réservé aux mineurs délinquants suscite une vive polémiqueen Allemagne. Crédits photo : Abaca
En Allemagne, les enfants délinquants de moins de 14 ans bénéficient de l'impunité.
Impuissante, la police berlinoise ne sait plus comment lutter contre les enfants immigrés dealers de drogue. Ils sont moins d'une trentaine de garçons à proposer de l'
héroïne, de la
cocaïne ou du hachisch à la sortie des bouches de métro de Berlin. Ils habitent dans des foyers ou à l'hôtel, portent sur eux de la drogue et des liasses contenant plusieurs centaines d'euros, possèdent deux ou trois téléphones portables. Leurs «grands frères» roulent en BMW ou Mercedes dernier modèle. Ils sont devenus un véritable fléau. à‚gés de moins de 14 ans, ils ne peuvent être condamnés par la justice allemande. Aussitôt placés en foyer d'accueil, ils s'en échappent pour continuer leurs trafics.
Le cas d'Ali, un réfugié palestinien venu du Liban, a provoqué un véritable ras-le-bol au sein de la police de la capitale et une polémique nationale sur le sort à réserver à ces enfants. La police tient Ali pour un «cas extrême». à‚gé de 11 ans, il a été arrêté onze fois en quelques semaines. Dépourvu de papiers d'identité, il ne peut être expulsé. Ali a établi son commerce à la station de métro Kottbusser
Tor, haut lieu du trafic de drogue situé dans le quartier alternatif de Kreuzberg. Lors de sa onzième interpellation, lundi dernier, il était accompagné par un autre garçon libanais âgé de 12 ans. Les policiers ont retrouvé six boulettes d'
héroïne dissimulées dans la bouche d'Ali.
Failles juridiques
Le jeune Palestinien se plaint alors de maux de ventre. Craignant qu'il ait avalé des doses avec son camarade, les policiers conduisent les deux mineurs à l'hôpital, d'où ils n'ont mis que quelques minutes à s'échapper en trompant la vigilance du personnel hospitalier. Entraîné par ses aînés, Ali connaît bien les failles juridiques allemandes. Lorsqu'il est interpellé, il se contente de sortir un bout de papier sur lequel sont inscrits son prénom et son âge. à‚gé de moins de 14 ans, il ne peut être jugé et les policiers se contentent de le reconduire dans son foyer. «Parfois on a l'impression de se transformer en chauffeurs pour jeunes délinquants, se plaint un policier. Certains d'entre eux se jettent délibérément entre nos griffes lorsqu'ils ont fini leur journée de travail pour que nous les raccompagnions».
Les policiers ont retrouvé Ali dans son foyer, d'où il s'échappait chaque jour pour se livrer au trafic de drogue en ville. Les policiers en ont eu ras le bol d'Ali et l'ont placé dans un centre d'aide aux jeunes, où il est plus étroitement surveillé en attendant de clarifier sa situation. Car Ali leur paraît plus âgé qu'il ne l'affirme, notamment en raison d'un duvet très prononcé sur le bas du visage. Ils ont prévu de mener des examens médicaux - notamment sur ses os, sa dentition et son sexe - pour déterminer son âge. S'il s'avère qu'il a plus de quatorze ans, Ali sera jugé et envoyé dans une prison pour jeunes délinquants. Les policiers pensent avoir démantelé une partie du réseau d'Ali. Mercredi, ils ont retrouvé plusieurs dizaines de milliers d'euros venant du trafic et 160 kg de
cocaïne répartis dans sept appartements. Deux de ses complices âgés de 28 et 31 ans ont été arrêtés. Mais ils ne peuvent pas mener de véritable interrogatoire sur les mineurs de moins de 14 ans.
Sur les 26 enfants immigrés âgés de moins de 14 ans qui sévissent dans les rues de Berlin, une vingtaine ont la nationalité allemande. Les autorités ont bien essayé d'expulser les autres avec leurs familles vers le Liban ou la Turquie. Mais leurs efforts ont échoué face au refus de Beyrouth et d'Ankara de les accepter sur leur territoire. « Nous n'arrivons pas à nous débarrasser de ces gens, déplore Ehrart Körting, ministre de l'Intérieur de la ville-État de Berlin. C'est pourquoi nous devons au moins essayer de sauver les enfants. «Le ministre social-démocrate affirme ne pas vouloir revenir au système de «prisons pour enfants», expérimenté en Allemagne dans les années 1970. «Je veux des foyers d'où les enfants ne peuvent pas s'échapper. Je veux éviter qu'ils puissent entrer et sortir comme s'ils passaient une porte tourniquet» , explique Körting.
Source :
http://www.lefigaro.fr/international/20 … #xtor=AL-5