Chefs d´Etats, prix Nobel, milliardaires… s´engagent contre la guerre à la drogueSource : Inrocks du 01/02/2011
Quatre ex-chefs d´Etat, les anciens responsables des diplomaties européenne et américaine, deux milliardaires, un prix Nobel de littérature, deux hauts-fonctionnaires de l´ONU… Qui peut encore dire que la
dépénalisation des drogues est une lubie de hippies attardés? La semaine dernière, à Genève, ces quinze personnalités ont annoncé la création d´une « Commission mondiale sur les politiques en matière de drogue » dont l´objectif est:
« De permettre, au niveau international, d´engager, à partir de données scientifiques, un débat sur les manières les plus efficaces de réduire les dommages causés par les drogues aux gens et aux sociétés ».
Le casting est des plus prestigieux. Aux côtés du président de la commission, l´ancien chef de l´Etat brésilien Henrique Cardoso, on trouve: ses ex-homologues mexicain, Ernesto Zedillo, colombien, Cesar Gaviria, et suisse, Ruth Dreifuss ; les anciens secrétaire d´Etat américain George Schulz et représentant spécial de l´Union européenne, Javier Solana; le directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida Michel Kazatchkine et l´ex-Haut commissaire de l´ONU aux réfugiés Thorvald Stolenberg; le prix Nobel de littérature péruvien Mario Vargas Llosa et l´écrivain mexicain Carlos Fuentes, l´homme d´affaire britannique Richard Branson ou encore l´ancien patron de Goldman Sachs John C. Whitehead.
Malgré cet aréopage, la nouvelle est, sauf erreur de ma part, passée totalement inaperçue dans la presse française, signe, une fois de plus, que nos concitoyens se passionnent peu pour cette question qui est pourtant de plus en plus d´actualité à l´étranger. Dans leur communiqué, ces personnalités expliquent en effet que, hors de la Gaule qui résiste encore et toujours…
« La guerre à la drogue est de plus en plus perçue comme un échec. L´éradication de la production et la criminalisation de la consommation n´ont réduit ni le trafic ni l´usage des drogues. Dans beaucoup de pays, les dommages liés à la prohibition des drogues, en termes de corruption, de violence et de violation des droits de l´homme, excèdent largement les dommages liés aux drogues elles-mêmes. »
Dans une tribune publiée la semaine dernière par Libération, Cardoso et Kazatchkine expliquent également que:
« La Commission a notamment pour ambition de montrer que la guerre contre la drogue est perdue. La Suisse, le Portugal et d´autres pays ont démontré qu´une meilleure solution existe, qui associe le pragmatisme et la rentabilité à la compassion et au respect des droits de l´homme. »
Enfin dans une interview à l´AFP, Henrique Cardoso se montre plus explicite encore: «
Il faut décriminaliser la consommation de la drogue »
Les travaux de la Commission s´appuieront sur ceux de la la Commission latino-américaine sur les drogues et la démocratie, dont faisaient déjà partie Cardoso, Zedillo et Gaviria. La prochaine réunion de la Commission aura lieu à New York les 2 et 3 juin. Un rapport devrait être rendu public dans les six mois.
Arnaud Aubron