Les saisies de ces végétaux explosent avec le développement de la vente sur Internet. 1,5 million de Français disent avoir consommé au moins une fois ces champignons dont les effets peuvent être dévastateurs.« Mangez-moi, mangez-moi! » chantait à l´orée des années 1990 le groupe Billy Ze Kick. Un hymne à la gloire du
psilocybe, un champignon hallucinogène poussant dans certaines campagnes françaises, qui avait valu à ses auteurs des poursuites pour « incitation à l´usage de stupéfiants. » Le groupe, qui avait été relaxé, a aujourd´hui sombré dans l´oubli. La consommation des « psilo », punie jusqu´à un an d´emprisonnement, est loin, elle, d´être en berne, notamment en raison de la recrudescence des champignons étrangers, mexicains par exemple, que les adeptes se procurent désormais sur Internet, avant de se les faire envoyer par la Poste sous pli discret. Les mêmes importent également des spores, fournis avec des kits destinés à faire pousser soi-même ces champignons. Une pratique punie jusqu´à dix ans d´emprisonnement.
Les douanes multiplient les saisiesA partir de 20 €, des sociétés basées à l´étranger promettent ainsi 200 à 300 g de récolte en à peine deux semaines. « Dans la réalité, c´est autrement plus compliqué, et les amateurs ont peu de chance d´y parvenir », nuance un mycologue averti.
Preuve, en tout cas, de l´engouement pour les champignons hallucinogènes, facilité par l´autorisation de certaines variétés dans un pays comme les Pays-Bas, les douanes multiplient les saisies : 18 kg en 2007, 30 kg en 2009, et 314,80 kg l´an dernier, soit une hausse de 1720%! Mis à part quelques prises « incidentes » lors d´opérations ciblées ou de perquisitions, « l´essentiel de ces quantités a été découvert dans du fret express transitant par les centres de tri, commente-t-on du côté des douanes. Les importations viennent généralement d´Allemagne ou de Hollande. Là -bas, certaines variétés sont cultivées sous serre tout au long de l´année. »
Les chiffres fournis par l´Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) témoignent de cette évolution. Certes, la consommation de champignons n´a rien à voir avec celle du
cannabis (1,2 million d´usagers réguliers) ou de la
cocaïne (150000), mais en termes d´expérimentation, les champignons hallucinogènes se rapprochent dangereusement de la
cocaïne. Ainsi, l´an dernier, 3,2% des 18-64 ans, soit 1,5 million de Français, disaient en avoir ingéré au moins une fois au cours de leur vie. C´est plus que pour l´ecstasy (2,7%), mais seulement à peine moins que pour la
cocaïne (3,8%). Les spécialistes, d´après les rapports de l´OFDT, notent par ailleurs que « l´expérimentation des champignons hallucinogènes apparaît en légère hausse », notamment chez les jeunes.
Source :
http://www.leparisien.fr/societe/l-inqu … 717303.php