Le président bolivien Evo Morales a défendu lundi le droit des Boliviens à mâcher les feuilles de coca, ingrédient principal de la
cocaïne, en faisant valoir qu'il s'agissait d'une vieille tradition et que son pays luttait par ailleurs contre le trafic de drogue.
Brandissant dans une main une
feuille de coca pour illustrer son message, lors d'une réunion des Nations unies consacrée à la drogue, à Vienne, le président socialiste, Indien et lui-même ancien planteur de coca, a souligné que les producteurs de ces feuilles n'étaient pas des "trafiquants de drogue" et que ce n'était pas la même chose que la
cocaïne.
La
feuille de coca a été déclarée narcotique illégal lors de la "Convention unique des Nations unies sur les stupéfiants", au même titre que la
cocaïne, l'
héroïne, l'
opium, la
morphine et une série de drogues chimiques.
La Bolivie a dénoncé cette convention l'an dernier mais espère la réintégrer, moyennant une réserve - la reconnaissance du droit de mâcher les feuilles de coca.
On ignore cependant si elle ralliera suffisamment de soutiens parmi les autres pays membres.
"Nous savons que certains pays nous ont déjà fait part de leur vive opposition", a déclaré lors d'une conférence de presse Iouri Fedotov, qui dirige l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime.
Pour Fedotov, le genre d'exemption que réclame la Bolivie pourrait, à long terme, saper le droit international dans le domaine du contrôle des stupéfiants et avoir un "effet domino".
Pour Evo Morales, mâcher des feuilles de coca est un "droit ancestral" des Boliviens. "Nous ne sommes pas dépendants de la drogue lorsque nous consommons la
feuille de coca. La
feuille de coca n'est pas la
cocaïne, nous devons en finir avec cette confusion", a-t-il dans un discours qui a été applaudi par l'assistance.
"C'est une tradition millénaire en Bolivie et nous espérons que vous comprendrez que les producteurs de feuilles de coca ne sont pas des trafiquants de drogue", a-t-il continué.
Après son discours, des milliers de planteurs de coca se sont rassemblés sur les places des villes de Bolivie en mâchant des feuilles de coca, en soutien au président Morales.
La Bolivie, troisième producteur de
cocaïne après le Pérou et la Colombie, s'efforce de promouvoir un usage médical de la coca et de développer un usage légal des feuilles de cette plante.
Les Boliviens en mâchent les feuilles pour leurs propriétés stimulantes. Elles ont la vertu d'apaiser la faim et le mal des montagnes.
Fredrik Dahl; Eric Faye pour le service français
Source :
http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20 … -coca.html