Merci Pierre,
Sans parler du phénomène NIMBY (Not in my back yard: pas dans mon jardin (quartier)), mêmes les gens qui sont d'accord sur le principe, oublient toutes les facettes positives d'une telle démarche dès lors qu'il s'agit d'installer une de ces salles de consommation près de chez eux: cela va attirer les toxicomanes dans ma rue, dans mon quartier, cela faire faire chuter drastiquement la valeur de mon immeuble, de ma maison, de mon appart' si une salle de consommation, etc... Décidément, tous les phantasmes et a prioris reprennent vite le dessus sur l'utilité de ce genre de centres. Il n'y a pas si longtemps, un riverain expliquait qu'il n'osait plus sortir ou rentrer chez lui parce que de vilains toxicomanes le tourmentaient depuis qu'il avait refusé de donner une
cigarette à un toxicomane qui la lui avait demandée gentiment... Même notre télé commerciale débile avait fait un reprotage pour décrire le calvaire que subissaient ces voisins pas très futés...
D'ailleurs lorsque l'on fait un peu attention à l'image (feuilletons, reportages, articles de presse raccoleuse) que propagent les médias, c'est vraiment lamentable... Tout ceci étant repris par nos partis d'extrême droite qui ont trouvé là un moyen imparable pour faire grossir le nombre de leurs sympathisants/adhérents en mettant en scène des faits divers qui, d'après eux, justifient le retour à un état policier. Moi-même je ne me suis jamais reconnu dans la/les représentation(s) colportées par les médias (par exemple un héroinomane qui travaille dans la finance, ça n'existe pas! Pourtant la plupart de mes amis travaillent, avec des hauts et des bas comme tout le monde, c'est normal). Évidemment, le tox voleur et manipulateur c'est beaucoup plus vendeur. Même mon avocat m' avoué entre quatre yeux que des avocats et des magistrats consommaient des drogues.
Alors retrouver un travail avec un casier judicaire (même lorsqu'il s'agit uniquement de "consommation de stupéfiants") tient beaucoup de la double ou triple peine. Je m'explique, souvent on a été laché par la famille, trouver un(e) partenaire compréhensif(ve) au long terme c'est vraiment coton, le casier vous empêche de retrouver un travail, même si vous avez toujours été réglo chez vos anciens employeurs, particulièrement en période de crise alors que des dizaines d'autres convoitent cette place, le choix est vite fait. De plus, trouver une cure de désintoxication lorsque cela fait 20 ans que l'on consomme s'apparente souvent au parcours du combattant, pour finir (après trois entrevues minimum) par un refus (ils préfèrent prendre deux petits jeunes qui consomment depuis quelques mois, deux ou trois ans, leur semble de nature à maintenir leurs statistiques de réussite (et leur permet de maintenir leurs subsides...). Un juge au Tribunal de 1ère instance de Paris a dit très justement que depuis des années, les individus s'écartant ouvertement de la "normalité" sont systématiquement marginalisés et, leur peine effectuée, maintenus dans une précarité qui soit, après un séjour dans l'École du Crime, les ramène dans la délinquance ou vers une dévalorisation complète de leur personne. Le but est atteint: marche en cadence ou crève en silence! Mais ça c'est une autre histoire...
Salutations amicales,
Gromit