Voici une copie de ma traduction de l'article (le sujet complet est dans etudes et recherches scientifiques, mortalite avec et sans
TSO)
Amicalement
Comme promis, sauf que j'ai traduit l'article plutot que le résumé (qui etait à mon avis insuffisant, vu la grande importance de cette etude)
Amicalement
Risque de décès pendant et apres
TSO en Médecine Generale : etude prospective observationnelle à partir de la
Base de Données de Recherche en Médecine Générale du Royaume Uni (UK).
Risk of death during and after opiate
substitution treatment
in primary care: prospective observational study in UK
General Practice Research Database
Rosie Cornish, statistician,1 John Macleod, professor in clinical epidemiology and primary care,1 John Strang,
professor in the psychiatry of the addictions,2 Peter Vickerman, senior lecturer in mathematical modelling,1,3
Matt Hickman, professor in public health and epidemiology1
1 School of Social and Community
Medicine, University of Bristol,
Bristol BS8 2PS, UK
2 National Addiction Centre,
Institute of Psychiatry, King´s
College London, London, UK
3 London School of Hygiene and
Tropical Medicine, London
Correspondence to: M Hickman
matthew.hickman@bristol.ac.uk
Cite this as: BMJ 2010;341:c5475
doi:10.1136/bmj.c5475
http://www.bmj.com/content/341/bmj.c5475.fullRésumé
(non traduit)
Introduction
Les usagers d'
opiacés ont un risque élevé de décès et contribuent notablement à la mortalité des (jeunes) adultes. Les revues de littérature montrent un risque annuel de décès d'environ 1% soit plus de 10 fois celui de la population générale, qui contribue pour plus de 10% à la mortalité des (jeunes) adultes. Au Royaume Uni et dans de nombreux autres pays, la plupart des décès des usagers d'
opiacés et due aux overdoses et les
opiacés sont la cause la plus frequente de deces par empoisonnement par substance controlée dans la population générale. Les estimations de prévalence de consommation d'
opiacés au Royaume Uni suggèrent une augmentation de 30 fois entre 1970 et 2000 mais les estimations plus recentes sont stables autour de 250 000 usagers (approximativement 0,8% des adultes de 15 à 64 ans).
Il existe de bonnes raisons de penser que les Traitements de
Substitution des
Opiacés (TSO) , essentiellement
Methadone et
Buprenorphine, sont efficaces sur une gamme d'objectifs, tels que la reduction de la mortalité globale, l'amelioration de la santé physique et mentale, la diminution des consommations illegales, de l'activité criminelle et du risque d'infection HIV. Dans le Royaume Uni , les
TSO sont delivrés essentiellement dans le cadre de la Médecine générale, souvent en collaboration avec des institutions specialisées. Dans la derniere decennie , les prescriptions de
TSO ont plus que doublées alors que le nombre de décès par
Méthadone et les saisies policières de
Methadone ont diminués , coincidant en partie avec l'introduction et le deploiement de
TSO mieux supervisés Toutefois, le nombre global de décès par overdose par
opiacés n'a pas diminué et les objectifs de réduction du taux d'overdose en Angleterre et au Pays de Galles n'ont pas été obtenus, malgré une stabilisation du nombre de consommateurs et des investissements considerables dans les prises en charge.
Le risque de décès pendant et après
TSO ne paraît pas uniforme. Les Guides Therapeutiques, et des études récentes le confirment, suggèrent que les premiers 28 jours de traitement peut vetre associé à un risque accru de décès. De plus , deux grandes etudes de cohorte en Italie et Australie, suggérent une augmentation de mortalitéé dans la periode suivant immediatement l'arret du traitement (TSO).
Notre étude s'est donc attachée à montrer l'effet des
TSO sur la mortalité (toutes causes confondues) en contexte de Medecine Generale dans le Royaume Uni, à rechercher une augmentation de la mortalité à l'initiation et à la fin du traitement et à predire l'impact probable des
TSO sur la mortalité liée à la toxicomanie pour differentes durees de traitement.
Methodes
Les Données de cette étude proviennent de la
Base de Données de Recherche en Médecine générale (
www.gprd.com), une grosse
base de données anonymisée venat de plus de 460 cabinets de Médecine Générale du Royaume Uni. Elle collecte les données de 3,5 millions de patients, soit 5,5% de la population. La cohorte étudiée comporte les patients ayant reçu au moins une prescription de
Methadone ou
Buprenorphine entre le 1er janvier 1990 et les 31 decembre 2005 et ayant un diagnostic de toxicomanie. Nous avons exclu les patients de plus de 60 ans à la primoprescription, ceux qui avaient une prescription par voie injectable et ceux qui avaient une prescription d'opaicés spécifiquement contre un etat douloureux. Les enregistrements de prescription comprenaient le numero d'identification du patient, la date de prescription, la nature, quantité et durée de traitement ainsi que la dose quotidienne. Le numero d'identification a permis de relier ces enregistrements au dossier général pour determiner kl'age, le sexe et les coprescriptions. Si la quantité prescrite, la durée ou la dose quotidienne n'etaient pas mentionnées elles etaient calculées (si possible) à partir des autres données de la prescription. Nous avons defini les patients comme « traités » juqu'à la date de leur derniere prescription. Toutefois s'il existait un delai de moins de 28 jours entre la fin d'une prescription et un renouvellement de prescription les patients etaient considérés comme « traités » durant ce délai. Nous avons choisi cette option car , alors que les ehnregistrements peuvent etre incomplets en cas de prescription au long cours, nous pensons qu'il et improbable qu'un patient arrete et redemarre reellement un traitement
TSO en moins de 4 semaines en contexte de medecine generale. De plus, en etudiant les données générales nous avons identifié un certain nombre de patients avec une prescription de
dihydrocodeine à des doses de
TSO et des antecedents d'utilisation dans la
Base. Nous avons donc inclus ces patients comme ayant un
TSO, mais nous n'avons pas inclus ceux qui ne presentaient qu'une prescription isolée de
dihydrocodeine.
Pour chaque episode de traitement, nous avons recherché si le patient recevait au moins une dose queotidienne excedant les recommandations de doses de maintien de 60 mg pour la
Methadone, 12 mg pour la
Buprenorphine et 600 mg pour la
dihydrocodeine. Pour les patients sous
Methadone ou
Buprenorphine nous avons défini le «
sevrage planifié » sur la
base d'une diminution progressive du traitement avec une derniere prescription de 10 mg ou moins pour la
Methadone et 4 mg ou moins pour la
buprenorphine. Nous avons calculé un score de comorbidité comme le nombre total de prescriptions pour d'autres traitements que les
TSO pendant chaque année de suivi. Cette methode donne des resultats equivalents aux mesures plus complexes de comorbidité, qui n'etaient pas disponibles dans la
base jusqu'à recemment.
Etude statistique
Le critère étudié etait la mortalité, toutes causes confondues. Le suivi des patients cessait soit un an apres la derniere prescription de
TSO, ou à la date du décès ou du transfert dans un autre cabinet de Medecine générale, s'il survenait pendant la prescription de
TSO ou dans cette période d'un an apres la fin du
TSO. Nous avons calculé la mortalité « brute » (raw) comme le nombre de deces sur la pomulation suivie dans chaque sous groupe. Nous avons utilisé la regression de Poisson pour estimer le ratio de mortalité (entre periodes de traitement et sans traitement) ajusté sur le sexe , l'age , la periode, la comorbidité etc..).
Nous avons calculé la mortalité standardisée indirecte sur la
base des taux de mortalité par sexe et tranche d'age de 5 ans, pour l'Angleterre et le Pays de galles en 1998.
Nous avons utilisé Stat version 10.0 pour les analyses.
Etudes de sensibilité et secondaires
(non traduit)
Resultats (note du traducteur=résumés)
Cohorte initiale = 6252 patients (16 à ,59 ans)
Apres exclusions (diverses, voir « methodes ») restent 5577 patients. Avec 231 272 prescriptions de M ou B + 35 731 de
dihydrocodeine soit 267 003 prescriptions.
Caracteristiques de l'echantillon (voir table 1)
Methadone seule 57%
Bupre seule 8%
Methadone et
Buprenorphine (note du traducteur =pas en meme temps bien sûr) 9%
Methadone et
Dihydrocodeine 19%
Bup et DHC 4%
Les 3 successivement 4%
Age 58% < 30 ans
Sexe Masculin 69%
Au total 13593 traitements (mediane 2 par patients) avec une mediane de duree de 70 jours et une moyenne de 240 jours
Note du traducteur
La mediane est le nombre de jours de traitement pour lequel il y a autant de patients ayant moins de durée que de patients ayant plus que cette durée. (partage le nombre de patients en deux effectifs egaux).
La moyenne est la moyenne des durees de traitement = quand le traitement est long, par exemple 240 jours il pèse autant que 6 traitements de 40 jours. C'est pourquoi la moyenne est tres superieure à la mediane. Elle indique un grand nombre de traitements courts mais un certain nombre de traitements tres longs.
De fait, 36% des patients ont eu un traitement superieur à 12 mois (duree moyenne de Tt 245 j pour la Metha vs 181 pour la B).
24% des traitements ont au moins une dose quotidienne au dela des doses recommandées ( rappel M=60 mg , B=12 mg, DHC=600mg)
Effets des
TSO sur la mortalité
Un total de 178 patients sont décédés (3%), dont 62 (35%) sous
TSO. La mortalité brute est presque double « hors
TSO » que « traité » (1,3 vs 0,7 par 100 patient-années). Et apres ajustement (age, sexe etc..) le taux de mortalité etait plus de 2 fois plus élevé (multiplié par 2,3 CI 95% 1,7 à 3,1)
Note du traducteur CI 95% indique que la « vraie » valeur a 95% de chance de se situer dans cet intervalle.
Le taux standardisé de mortalité (par rapport à la population d'Angleterre et du Pays de Galles, statistiques de 1998) etait de 5,3 (CI 95% 4 à 6,8) sous traitement vs 10,9 « hors
TSO »(9 à 13).
note du traducteur = cela signifie que la mortalité des usagers d'
opiacés sous
TSO est égale à 5 fois celle de la population générale de même âge et sexe , mais quand ils ont interrompu le traitement (soit entre deux episodes de traitement, soit « definitivement » depuis moins d'un an) elle est de 10 fois celle de la population générale, ce qui rejoint la declaration ouvrant l'introduction.
Le taux de mortalité est double chez les hommes (par rapport aux femmes) mais comme c'est aussi le cas dans la population générale, les taux standardisés sont equivalents chez l'homme et la femme.
La table 2 ( cf le document initial en anglais) montre les principaux resultats
La mortalité augmente avec l'age et avec le taux de comorbidité (= autres prescriptions medicamenteuses = moins d'une fois par mois, entre une fois par semeine et une fois par mois, plus d'une fois par semaine) . Elle est inferieure dans la periode 2005-2006 que 1990-1994. (mais cette relation n'est plus significative apres ajustement). Il n' y a pas de difference en fonction du taux de depassement des doses recommandées.
La mortalité brute sous
TSO mais apres plus de 4 semaines de traitement etait de 0,6 par 100 patients-années, mais elle etait multipliée par 3,1 dans les 2 premieres semaines de traitement (semaines 1 et 2) et 2,4 dans les semaines 3 et 4 (par rapport à la mortalité sous
TSO apres 4 semaines de TT).
Elle etait aussi notablement élevée dans la periode suivant immediatement l'arret du traitement (4,8 /100 pts-années) dans les deux premieres semaines d'arrets et 4,3 dans les deux semaines 3 et 4 apres arret) pour se stabiliser à 1 /100 pts-années dans le reste du suivi (et pendant un an).
Taux standardisé de mortalité par rapport aux periodes sous
TSO (apres 4 semaines de Tt) = mortalité multipliée par 8 pendant le premier mois d'arret et par 2 pendant le reste du suivi sans
TSO (pour un maximum d'un an).
Analyses de sensibilité et secondaires.
Pas de difference de mortalité apres le traitement selon le caractere planifié ou non du
sevrage.(planifié = detection « informatique » de prescriptions à doses decroissantes avant l'arret).
Pas de difference entre
Buprenorphine et
Methadone.
La figure 2 montre le rapport de mortalité sous et hors
TSO, selon la durée du traitement
note du traducteur = risque relatif de 2 dans les 10 premieres semaines de traitement mais devenant inferieur à 1 (= la mortalité sous
TSO est inferieure à la mortalité hors
TSO ) apres 30 semaines de traitement et diminuant progressivement jusqu'à 2 ans de traitement (environ 60% de la mortalité hors
TSO).
La figure 3 montre la probabilité d'une reduction de la mortalité par le
TSO en fonction de la durée de traitement. Cette probabilité est presque nulle pour les
TSO de 10 à 20 semaines, augmente à 65% pour les
TSO de 40 semaines et culmine à 85%apres 2 ans.
Discussion
En comparaison de la population générale, les usagers d'
opiacés ont dans cette étude une mortalité notablement augmentée. Le risque sous
TSO etait inferieur à celui apres arret du
TSO.
Note du traducteur = ici rappel des resultats, notamment comparaison des mortalités avec et sous Tt, en debut ou immediatement apres la fin du Tt et effet de la durée du Tt.
Forces et faiblesses de l'etude
Jusqu'ici les etudes portant sur des populations importantes n'avaient pas recherché l'effet des
TSO.
Il est important de faire des etudes avec des populations importantes. Par exemple , bien que la mortalité au debut du traitement soit notablement plus élevée, il s'agit d'un etat transitoire et comme cela represente un mort pour 1000 traitements environ, il est improbable qu'un medecin, même avec une grosse clientèle, puisse l'evaluer dans son experience quotidienne.
Notre etude a plusieurs faiblesses et biais potentiels.
D'abord la classification « sous
TSO » et « hors
TSO » peut etre affectée par des erreurs ou manques dans le fichier. Toutefois les resultats restents coherents lorsqu'on etudie des groupes restreints (dernier episode de traitement avant arret) et ne sont pas en contradictions avec d'autres etudes.
Ensuite 10% des patients ont quitté la
Base (apres transfert dans un autre cabinet medical) et n'ont pas pu etre suivis. (Note du traducteur = reponses « techniques »)
Troisiemement, nos covaraibles sont relativement « limitées » , notamment en ce qui concerne la comorbidité et la qualité de prises en charge.
Quatriemement, le resultat etudié etait la mortalité toutes acuses confondues et nousd n'avons pas pu etudier la mortalité spécifique
Enfin, nos comparaisons de mortalité en fonction de la durée du traitement sont des données calculées et non directement constatées. Il faudra donc necessairement dans le futur des etudes prospectives de cohorte.(note du traducteur = suivi prospectif de groupes de patients pendant un certain temps apres initialisation du traitement et non etude retrospective à partir de fichiers informatisés comme cette étude).
Mise en perspective par rapport à d'autres études
Nos resultats sont coherents avec les statistiques relevées dans la litterature médicale.
Le taux de mortalité etait superieur chez l'homme , ce qui est coherent avec un taux d'overdose plus élevé chez l'homme. Toutefois dans certains pays où le taux de mort par infection est plus élevé, le taux brut de mortalité chez les usagers d'
opiacés peut etre similaire chez l'homme et la femme.
La difference de mortalité avec et hors
TSO est importante et bien connue mais jusqu'ici la surmortalité en début et fin de traitement etait moins étudiée ; Des etudes en Hollande et Australie ont montré un risque de mort multiplié par 2 dans le10 premier mois de traitement (l'etude australienne a montré que c'etait lié à des overdoses et d'autres atteintes). Par contre l'augmentation de mortalité immédiatement apres la fin du traitement mise en evidence dans notre etude est bien plus élevée que celle trouvée dans l'aetuse australienne (fois 3) et surtout hollandaise (pas de surmortalité). Par contre nos resultats sont similaires à ceux d'une etude italienne qui montre une surmortalité par overdose multipliée par 10 apres la fin du traitement.
De plus le quadruplement du risque (multiplié par 4) est en coherence avec la surmortalité immédiatement apres sortie de prison (etude dans le Royaume Uni, surmortalité de la période immédiate comparée à la periode non immediate apres sortie de prison).
Implications pour la pratique
Notre etude n'a pas pu examiner les mecanismes de la mortalité, donc les conclusions doivent etre prudentes. Toutefois nous savons deja que le risque d'overdose est élevé quand la tolerance aux
opiacés a été réduite par une periode d'abstinence volontaire ou involontaire et , par ailleurs, que le taux de rechute est élevé après
sevrage.
C'est pourquoi les premieres utilisations d'
opiacés, après
sevrage, comportent un risque élevé d'overdose. L'induction d'un
TSO, noatemment par la
Methadone, comporte egalement un risque élevé d'overdose, notamment quand la dose initiale est trop élevée ou qu'il existe des consommations parallèles (d'autant que le changement peut induire une detresse psychologique).
Un meilleur contrôle de l'initialisation des
TSO , ainsi que des methodes plus efficaces pour prevenir la recidive pourraient attenuer ces effets et des recherches sont souhaitables. Mais l'identification et l'evaluation de tels programmes sera complexe et demandera d'autres etudes de grande taille.
L'etude future de l'impact de l'usage d'
opiacés sur la mortalité, au Royaume Uni et ailleurs, est necessaire, notamment avec l'etude des causes specifiqueRisk of death during and after opiate
substitution treatment
in primary care: prospective observational study in UK
General Practice Research Database
Rosie Cornish, statistician,1 John Macleod, professor in clinical epidemiology and primary care,1 John Strang,
professor in the psychiatry of the addictions,2 Peter Vickerman, senior lecturer in mathematical modelling,1,3
Matt Hickman, professor in public health and epidemiology1
s de mortalité. Comme la plupart des etudes n'ont pas acces à ces données, il est necessaire d'evaluer la validité des criteres de
substitution de la mortalité comme le delai avant rechute ou la proportion d'usagers.
Enfin rappelons que, bien que le nombre de
TSO ait notablement augmenté auRoyaume Uni, le nombre total de deces par overdose d'
opiacés n'a pas diminué et les objectifs nationaux de reduction du risque n'ont pas été obtenus.
Nous faisons l'hypothese que la surmortalité observée au debut et à la fin du traitement peut annuler l'effet protecteur des
TSO sur la mortalité, à moins que les
TSO n'aient une durée suffisante. Dans notre etude la durée moyenne de traitement etait de 34 semaines, ce qui d'apres les données de notre étude (cf figure 3) ne conduit pas necessairement à une reduction de la mortalité. Des etiudes supplementaires sont necessaires pour tester cette hypothese et etudier l'effet de la duree du traitement sur la mortalité liée à l'usage d'
opiacés.