Suisse : Des médicaments avec du cannabis

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filousky homme
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Depuis 2011, dans sa pharmacie de Langnau (BE), Manfred Fankhauser élabore des préparations médicales à  base de cannabis.
Image: Sébastien Anex


RENCONTRE ”” Le pharmacien bernois Manfred Fankhauser fabrique des produits à  base de chanvre pour des patients souvent gravement malades. Sa démarche est unique en Suisse.
Par Sophie Gaitzsch. Mis à  jour à  12h47


Un groupe de travail constitué par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) s’apprête à  plancher sur la question du cannabis thérapeutique. Objectif: «exploiter toutes les possibilités de la loi pour que le cannabis puisse être utilisé comme médicament et pour pouvoir profiter du plein potentiel de cette plante médicale». Or, en Suisse, certains précurseurs n’ont pas attendu ses conclusions pour se placer sur ce terrain.

C’est le cas de Manfred Fankhauser. On l’imagerait volontiers dégaine de hippie, cheveux longs et pull tricoté. Mais le pharmacien de Langnau (BE) porte en fait une blouse blanche et de petites lunettes d’étudiant raisonnable. Dans son officine, il élabore et commercialise depuis 2011 des médicaments à  base de cannabis. Il est une exception en Suisse. Sa matière première ne pousse pas dans les champs alentour, mais au bord du lac de Constance, dans un endroit «caché et protégé».

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Philippe Süsstrunk, 61 ans, est atteint de sclérose en plaques depuis 1990. (Image: Sedrik Nemeth)

«Je revis»

Philippe Süsstrunk:
«Je souffrais de crampes et de spasmes dans tout le corps, accompagnés de douleurs insupportables. Les médicaments myorelaxants (pour décontracter les muscles), que je consommais aux doses maximales, ne m’apportaient rien: je me sentais comme un morceau de bois de la tête aux pieds. Je prends des gouttes de cannabis naturel trois fois par jour dans un peu d’eau depuis deux ans et je revis. Les spasmes et les crampes ont presque disparu. J’ai pu supprimer les myorelaxants qui me rendaient vaseux et ne souffre d’aucun effet secondaire.»

Pourtant, l’habitant de Fleurier (NE) n’est pas immédiatement emballé lorsque son médecin évoque cette option. «Je n’avais jamais touché au cannabis. La question a aussi provoqué de longues discussions avec ma femme et mon fils. Aujourd’hui, je ne comprends pas pourquoi la substance ne peut pas être utilisée plus librement.»Le traitement de Philippe Süsstrunk, qui touche l’assurance-invalidité, coûte 550 francs pour un mois et demi: une lourde charge que son assurance-maladie n’a accepté de couvrir qu’au terme d’une bataille acharnée.


Une petite culture d’environ 120 plantes qui suffit pour une année et demie de production. La récolte est d’abord transportée chez un chimiste, qui en extrait la teinture mère (un concentré liquide), avant d’atterrir dans le laboratoire du pharmacien pour le dosage du produit fini. Il contient deux principes actifs: du THC, la molécule qui possède un effet planant, et du cannabidiol. Manfred Fankhauser fabrique aussi un autre médicament, uniquement à  base de THC, appelé Dronabinol. Ici, le THC est synthétique et importé d’Allemagne, où il est fabriqué à  partir d’écorce de citron.

Les deux préparations se vendent sous forme de gouttes. «Cela permet de contrôler les doses de manière précise, souligne Manfred Fankhauser. En général, les prescriptions vont de 2 à  10 mg de THC par jour.» Bien moins que les quantités inhalées avec un joint, qui oscillent entre 20 et 30 mg.

Solution miracle?

Ce fils de paysan de 51 ans a déjà  conseillé et traité 850 patients. Les indications sont nombreuses: le cannabis est utilisé pour combattre nausées et perte d’appétit chez les personnes atteintes de cancer, crampes et spasmes liés à  la sclérose en plaques ou encore douleurs chroniques. «Les patients font appel à  nous quand les autres traitements n’ont pas fonctionné», explique Manfred Fankhauser.

La démarche n’a rien d’illégal! En principe, toutes les pharmacies pourraient produire des médicaments à  base de cannabis suite à  la révision de la loi sur les stupéfiants en 2008. La substance demeure interdite, mais l’OFSP accorde des licences spéciales pour l’usage médical. «Les procédures sont longues et compliquées. Il faut aussi connaître la plante, raconte Manfred Fankhauser. Je m’y intéresse depuis longtemps, j’y ai consacré mon doctorat.» De la part du patient aussi la persévérance est de rigueur. Pour obtenir le médicament, son médecin doit adresser une demande à  l’OFSP. Et le coût élevé – entre 5 et 30 francs par jour selon les prescriptions – n’est pris en charge par les caisses maladie qu’au cas par cas.

Manfred Fankhauser est toutefois loin d’être un pionnier. Les Romains et les Grecs employaient déjà  le chanvre comme remède. «Au début du XXe siècle, rappelle le pharmacien, la substance n’était pas considérée comme un stupéfiant: l’Université de Berne y consacrait des dizaines de recherches et de grandes entreprises pharmaceutiques comme Hoffmann-La Roche, l’ancêtre de Roche, l’utilisaient dans leurs préparations.» Le produit a peu à  peu disparu au profit des barbituriques ou de la morphine. Les difficultés d’importations pendant la Seconde Guerre mondiale – la plante était alors cultivée en Inde – et la diabolisation de la substance dans les années 1960 ont mis fin à  son usage.

Changement d’esprit

Depuis quelques années, les propriétés médicinales du chanvre font à  nouveau l’objet de recherches. «L’attitude change», se réjouit Manfred Fankhauser. Autre signal: le Sativex, un médicament en spray à  base de cannabis, déjà  en vente dans plusieurs pays européens, a été autorisé en Suisse et devrait arriver sur le marché ce mois. Et bonne nouvelle: pour cette préparation, exclusivement destinée aux malades souffrant de sclérose en plaques, plus besoin d’autorisation spéciale.
(Le Matin)

Créé: 31.03.2014, 12h47

Source : http://www.lematin.ch/sante-environneme … y/28893145

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bilou
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179 messages
il à  l'air bien stone Philippe

j'ai souvent envie d'envoyer tout ballader.Le probleme,c'est qu'après,ilfaut tout ramasser
                           Bilou

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YourLatestTrick homme
Adhérent PsychoACTIF
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1322 messages
C'est intéressant. Ça m'inspire deux réflexions :
-C'est dommageable que le statut légal du cannabis entrave la recherche à  des fins thérapeutiques (j'imagine que, dans une certaine mesure, c'est le cas)
-A l'inverse, je trouve déplacé, voire hypocrite, de mettre en avant ses éventuelles vertus thérapeutiques comme un argument pour la légalisation, tel que je l'entend souvent (la majorité des consommateurs, le font, je pense, de manière récréative).

Mais qu'on soit clair : je suis à  la fois POUR la possibilité de proposer aux patients un traitement à  base de cannabis, qui soulagerait leurs symptômes, et approuve toute recherche en ce sens. Mais je suis aussi POUR la dépénalisation de l'usage récréatif. C'est simplement deux problématiques différentes, et les mélanger dans un argumentaire "pro-cannabis" dessert, je pense cette cause.

Je dévie un peu hors du sujet, je m'en excuse.

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Intervenant Nuit Blanche homme
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1287 messages
Je suis aide soignant et j'ai, en 2007, 2008, aidé un jeune patient de 25 ans, qui avait la sclérose en plaques, a fumé ces joints. Je précise que je travaillais à  Genève dans un foyer qui était ouvert a cette pratique et que son médecin lui avait prescrit.

Je suis pour dans certains cas, mais pas de généraliser cette pratique. En l'occurrence, ce jeune malade était un gros consommateur avant d'être atteint de cette maladie. Il en avait fait la demande et gérait très bien cela (je suis ensuite parti travailler ailleurs, il avait déjà  arrêté sa consommation quotidienne car son état nécessitait des traitements plus lourds).

Mais serais ce le cas de tout le monde ? Je sais pas... Ce sujet est tellement complexe et délicat !!

Je serais d'avis d'accepter pour les personnes faisant la demande mais pas de généraliser ou de banaliser

Intervenant Nuit Blanche - Action de réduction des risques en milieu festif à  Genève - www.nuit-blanche.ch

Travail photographique personnel : www.regards-et-perceptions.com

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