Pleine d'amour depuis peu, vraiment trop pleine de lui, j'ai décidé de nourrir le monde de nous. Et de vous faire part, naïvement, d'une belle expérience sous trips et
MD qui a eu lieu dans ma vie il y a quelques semaines, qui m'a confortée dans l'idée selon laquelle, rien ne vaut l'amour, puisque c'est la seule chose au monde qui nous transcende tous réellement, qui puisse nous rendre meilleur(e) que nous-même, la seule chose à la fois concrète et abstraite qui puisse nous lier les uns aux autres. C'est vrai, en définitive, c'est si simple et si beau d'aimer.
Je me perds dans mes élucubrations de hippie, alors je préviens mon lecteur ennuyé: ma niaiserie amoureuse ne peut que s'exacerber au fur et à mesure de mon récit. Ben oui, c'est ça, une meuf in love. Quittez vite ce post si vous détestez la guimauve, les papillons, les fleurs en guise d'armes de guerre et aussi les sourires figés dans la pénombre, ceux qui n'en finissent pas tant ils sont vrais. Mais que dis-je: personne ne peut détester tout ça
J'ai rencontré il y a quelques temps la complétude de mon vide intérieur, la lumière crue qui viendrait l'éclairer, mon frère sensible, mon évidence naturelle. Nous apprenons tous les deux, ensemble, qu'il est possible, aussi, de s'aimer autrement qu'à travers le filtre de nos douleurs familières. Notre amour puise uniquement le bon en nous. C'est pour cela, que ça ne pouvait être que de l'amour. Ce soir d'anniversaire de son amie, toute pleine de
MD, les pointes d'orteil aussi sensibles que la pointe de mes tétons percés, toute frétillante au coin du feu, je le regardais danser et s'agiter comme un gamin au milieu des gens, je le trouvais si beau que même si je brûlais de désir dans toutes mes petites cellules épithéliales, j'aurais pu passer la soirée entière à le contempler de loin et à me nourrir de sa beauté. On faisait l'amour de loin, je suis sûre qu'il le savait. J'ai dû me poser la question mille fois au cours de la soirée: "Et si cette nuit, c'était la nuit pour lui dire je t'aime?", question cent fois réprimée par ma conscience raisonnable, forte de me rappeler que, merde, ça peut le faire flipper, vous n'êtes ensemble que depuis un mois, et puis t'es vachement droguée ce soir, vaut mieux pas qu'il croit que c'est la prod qui parle, garde tout cet amour qui te brûle en toi, attends quelques mois et puis... Et puis nous avons partagé un trip, et soudain tout ce qui me retenait de lui dire -mon gars tu es le plus beau de ce monde, tu m'offres toute la vie qu'un jour la mort ne me donnera plus, les autres peuvent mettre des mois pour arriver à aimer, et à aimer peu, moi, ce fut le temps d'un battement de tes paupières violacées, un battement de paupières, le temps d'un baiser dans un champ, à côté des chevaux, et mon âme s'est accrochée à tes longs cils abricot recourbés, et c'était toi, toi à jamais- tout cela s'est envolé. C'était comme si le feu, l'air froid de la nuit, les chèvres dans l'enclos (oui, il y avait des chèvres
), les chiens, les gens, tous les éléments de mon décor spectaculaire m'encourageaient à le faire. Après tout, quelle convention sociétale de merde, que d'attendre pour dire je t'aime! On devrait tous avoir le courage de se le dire, chaque jour. J'ai pensé, un instant au cours de mon trip, que l'amour effrayait les gens. Ce fut le trip le plus rempli d'amour que je n'ai jamais fait. Le plus serein. L'amour me reconnectait à moi-même, et aux autres, corollairement.
Cette nuit-là , nous dormions dans une yourte (oui, il y avait aussi une yourte). Après une petite marche dans la montagne pour y accéder, et une pause pour admirer les étoiles, nous arrivâmes enfin. Quelle ne fut pas ma surprise quand en entrant tout était illuminé de bougies, des peaux de bêtes sur le sol, la capote de la yourte ouverte sur un ciel magique constellé. J'aurais pu pleurer d'amour, de joie, de bonheur, de paix, de vie! J'aurais aimé lui dire tout de suite, là , mes cheveux dégueulasses et emmêlés, mes chaussures pleine de boue et ma mâchoire grinçante, là à l'entrée de cette jolie yourte qu'il a dû mettre tant de temps à décorer, avec ma gueule de perchée de quatre heures du matin, j'aurais aimé lui dire putainjet'aime,jet'aime,jet'aime,jet'aime et merci...
Je me suis retenue. J'ai pleuré, mais me suis retenue de lui dire que personne n'avait jamais fait une si belle chose pour moi, et qu'il était l'être le plus lumineux et bon que je connaissais. Je me suis assise sur le lit, et puis on s'est embrassés, encore, et encore, et encore, jusqu'à ce que je ne puisse plus contenir cette passion retenue durant toute la soirée, et que je lui demande dans le silence de mes paupières dilatées de me faire l'amour. Evidemment, et peut-être que certains messieurs se reconnaîtront dans cet épisode somme toute banale de la consommation de certains stupéfiants, trop de
MD tue la
MD, et faire l'amour est apparu comme impossible du moins pas tant que son corps n'aurait éliminé un petit peu de tout le petit peu qu'il avait pu taper durant la soirée. Et il était si frustré, si triste, si énervé, et moi si heureuse, simplement, de l'avoir contre ma poitrine, de sentir ses mains brûlantes serrer ma nuque fiévreuse, si pleine de lui, de notre amour. Et cette question persistante dans ma tête: "et si, maintenant, je lui disais que je l'aimais? Mon amour je n'ai pas besoin de faire l'amour cette nuit, je t'aime, je veux m'abreuver de ton sommeil." Et là , alors que je m'apprêtais à le dire, il a relevé ses yeux bleu ciel trop écartés comme ceux des chats, et tout tremblotant c'est lui qui l'a dit, et le monde entier était à moi, à nous, et la vie n'a jamais été aussi belle, et je ne veux plus jamais vivre de nuit sans ce bonheur secret mais universel d'aimer, de ne vivre que pour cela.
Le matin (vers quinze heures), la forêt animée brillait sous le soleil brûlant, sans téléphones, nus, sans aucun moyen de communiquer avec le monde, on se sentait plus en lien avec lui, notre monde immense, qu'à aucun autre moment de notre vie. C'était beau.
Je n'ai jamais vécu de redescente aussi délicieuse.