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Le 6 mai 2015, trois corps de Poilus étaient découverts dans le chantier du Mémorial. Parmi les objets retrouvés à côté des soldats, un objet exceptionnel, une fiole d’alcool de menthe de la marque Ricqulès, pleine et toujours très parfumée cent ans après. Le vin, la bière, les spiritueux faisaient partie de la vie des soldats sur le front. En cette année du Centenaire, le musée de la Bière de Stenay a choisi de consacrer une exposition temporaire à ce sujet. « C’est un thème qui est peu étudié, l’expo pourra peut-être être à l’initiative de recherches plus approfondies », souligne Estelle Comte, responsable du musée et créatrice de l’exposition avec Denis Mellinger. Baptisée « l’Ivresse de la Bataille », elle est visible jusqu’au 1er décembre.
« Le bon pinard de France »
« La première partie se concentre sur l’aspect sociologique de la consommation d’alcool. Les soldats boivent pour supporter les maux et leurs terribles conditions de vie », détaille Estelle Comte. « Mais l’alcool est aussi utilisé comme médicament, pour se soigner ». L’époque connaît aussi de forts messages de propagande. « La population s’identifie par rapport à ses alcools, le vin pour les Français, la bière et le schnaps pour les Allemands ». On attribue par exemple les victoires françaises « au bon pinard de France », et on imagine mal les soldats résister « sans leur gnole ». Mais l’exposition montre que les Français consommaient aussi de la bière, et les Allemands du vin. L’alcool est aussi sur le front un moyen de construire les groupes. « Il y a un aspect fraternel entre soldats, un esprit de corps se crée en consommant de l’alcool ensemble. Les jeunes Poilus étaient intégrés en prenant leur première cuite ».
« Ils ne boivent pas en montant à l’assaut »
La seconde partie de l’exposition se concentre sur les trois alcools majeurs consommés sur le front. Grâce à des collections privées, mais aussi à la collection Diors du conseil départemental et celle du musée de la Bière, l’exposition présente des pièces rares, des bouteilles, des gourdes, des fioles, des cruchons, qui viennent toutes du front. Mais aussi des cartes et des affiches de propagande. À l’image de celle utilisée pour la communication autour de l’exposition, qui représente des soldats allemands qui tentent d’attirer des Français dans un piège en les appâtant avec une bouteille de pinard.
Temps fort de l’exposition, la reconstitution d’un cantonnement allemand, grâce à la collection d’un particulier, Camille Tridon, qui met en évidence la construction de la fraternité. « Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les soldats ne boivent pas en montant à l’assaut pour se donner du courage. Ils savent qu’ils ont besoin de conserver leurs réflexes. Ils boivent après les combats, pour décompresser, et supporter leur sort ».
Source : http://www.estrepublicain.fr/edition-de … -de-stenay
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