J'ai commencé par un petit cognac, ça ne pouvait pas me faire de mal.
C'est temporaire, juste pour me faire penser à autre chose qu'à un mari qui vient de me planter là , avec un petit garçon de cinq ans, un bébé de onze mois, et à un avortement provoqué, en toute illégalité, il vaut mieux etre seule avec deux enfants qu'avec trois, nous sommes en 1970,si je m'étais faite arréter, c'etait la prison et je suis angoissée par ce qui vient de se passer, par ce qui m'attend . . .
Peur retrospective des risques que j'ai pris, peur de ceux que je vais devoir prendre, peur de l'avenir, saurai- je faire face?
Ma vie est à peine commencée et mon avenir se referme devant moi, dans mon esprit, elle est quasi finie. Il n'y a plus à l'horizon que la quéte de petits boulots, les veillées à préparer des concours administratifs ( pas la joie, mais la sécurité) pour mes tout-petits, et la solitude,
Mes enfants sont mon seul bonheur, mais si leur enfance est à moi, leur vie est à eux, et ils partiront un jour.
Voila, le décor est planté :Je ne suis qu'une gigantesque frousse ambulante.
Je poursuis dans les mois suivants mon programme, je suis obligée de faire face à l'attitude d'un père défaillant qui cumule les idioties vis à vis de mes enfants, et à subir le chagrin et la punition de les confier à un père qui est en somme un monsieur qui les prend un dimanche sur deux, les gate outrageusement pour essayer de faire oublier qu'il les abandonnés et se donner bonne conscience.
Alors, le petit cognac pour se donner du coeur au ventre, devient au bout de quelques mois la bouée de sauvetage des week end.Il devient n'importe quel
alcool, en grand verre ou a la bouteille, il est un moyen et un but, un plaisir et une obligation
Ce que j'ignorais, c'est que l'
alcool est un amant tenace, possessif, jaloux, il ne vous abandonne jamais, lui, il est tapi, à l'affut guettant les découragements, les joies qu'il faut " arroser , mais que de temps j'ai mis à m' en apercevoir.
Enfin, bref, jusque là , tout peut encore aller.
Je bois aussi le soir quand mes enfants sont couchés, mais je commence à étre mal dans la journée, gorge séche, frémissements dans les jambes,tremblotte dans les mains, enfin bref, les symptômes s'installent.Trop tard, je suis piégée . . . .
Il est vrai que lorsque l'on mesure 1,55m et qu'on pése 45 kg., on est vite possédée par l'
alcool.
Je décide de prendre alors le taureau par les cornes, je discute avec un médecin qui me prescrit
de l'espéral, et des anxyolitiques, des sommnifères, et en route . . . . . .pour quelques temps,
Je me retrouve de plain pieds dans ma pauvre petite vie étriquée et désespérante, et bien sûr, rebelotte re-saoulographies nocturnes, re- angoisses terribles, re-manque, re-tremblottes, re- journées d'enfer, le tout décuplé par les médicaments, etc, etc .... Et puis, re-espéral , enfin bref, j'aurai pu continuer comme ça jusqu'
ad vitam eternam !C'étais l'histoire du serpent qui se mord la queue .
En fait, j'étais doublement droguée, doublement dangereuse, absolument incapable de faire la clarté dans ce que je voulais.ce que je faisais. J'étais de plus en plus loin de moi même, j'allais me perdre, j'allais tout perdre.
Je m'en suis sortie très difficilement, avec plein d'épisodes horriblement douloureux, je passe sur les détails, mais ce qui m'a le plus marquée, c'est que dès que eu cessé de boire, je n'arrivais plus à cesser le
valium, le l'élavil, le tranxène, la mépronizine, et autres
Mon médecin m'a dit de poursuivre impérativement leur consommation, que je devrai les prendre pendant des années, probablement à vie.
Je pense que si je n'avais pas arrété toute seule, je continuerais encore. (Il est vrai que mon meilleur reméde, ma motivation, cela a été mes enfants.)
Alors, est- il normal de substituer une forme de drogue à une autre ?( avec le risque de ne plus pouvoir en décrocher)
Pensez vous que que ce genre de chose est inéluctable ?
Croyez vous que l'attitude de mon médecin a été la bonne ?
Je serais heureuse de connaitre votre avis
Merci de me répondre
Amitiés et Bisous à tous.
Dernière modification par mooreapastel (13 juin 2009 à 00:27)