Le Flyer recommande que le metabolisme variables de la
codéine, qui a entrainé sa non recommandation formelle chez l'enfant, soit aussi pris en compte chez l'adulte. Et le problème ne concerne pas que la
codéine !!!!
Surtout quand on sort des doses thérapeutiques et que du coup le risque d'OD devient très présent, mais aussi celui d'expériences décevantes.
Amicalement
Cher(e)s correspondant(e)s
Il y a quelques jours, l'American Academy of Pediatrics publiait un réquisitoire plaidant contre l'utilisation de la
codéine pour traiter la douleur de l'enfant. La raison étant que l’effet de la
codéine est lié à sa métabolisation en
morphine par le cytochrome P450, en particulier la forme 2D6, fortement variable d’un individu à l’autre et pouvant provoquer des effets imprévisibles.
http://pediatrics.aappublications.org/c … .2016-2396 Cette position rejoint celle de la HAS qui, en France, demandait il y a quelques mois (février 2016) d'écarter la prescription de
codéine chez l'enfant
http://www.has-sante.fr/portail/upload/ … e_memo.pdf En cas de douleur résistante aux antalgiques de palier inférieur, la HAS recommandait avec prudence le
tramadol, celui-ci empruntant les mêmes voies métaboliques que la
codéine et sujet donc aux mêmes variations et inconvénients (risque d’inefficacité chez les métaboliseurs lents, et de surdosage chez les métaboliseurs rapides)
La HAS préférait se prononcer en faveur de la
morphine, quand la prescription d'un
opioïde s'impose :
" La
morphine orale est recommandée dans la prise en charge des douleurs intenses ou en cas d’échec d’antalgiques moins puissants. Elle est la molécule de choix pour ce type de douleurs [ndlr : la
morphine n'est pas métabolisée par le cytochrome P450]. Des formes galéniques adaptées à l’enfant doivent être mises sur le marché, en particulier pour les enfants les plus petits et les traitements de courte durée, car les flacons actuels avec compte-gouttes contiennent de grandes quantités de
morphine [ndlr : le risque d'erreur médicamenteuse est réel avec les formes de
morphine buvable actuellement disponible]. Les enfants doivent être surveillés par un soignant pendant 1 heure, en particulier après la première administration. De faibles doses doivent être proposées initialement (0,1 mg/kg/prise) pour les enfants de moins de 1 an chez qui la surveillance sera renforcée. Ces posologies faibles pourront aussi être utilisées devant des douleurs modérées."
S'il est bien sûr toujours judicieux de se préoccuper de la sécurité des médicaments chez les enfants, on peut toutefois rappeler que les variations du métabolisme touchent également les adultes.
Elles touchent aussi bien sûr les sujets âgés, aussi vulnérables que les enfants, chez lesquels une métabolisation importante de la
codéine et du
tramadol peuvent entraîner des conséquences dramatiques en termes de risque de surdosage (ou de non soulagement de la douleur). Ces personnes reçoivent de surcroît de nombreux médicaments susceptibles d’altérer le métabolisme des
opioïdes empruntant le 2D6 (antidépresseurs, antifongiques, médicaments pour les troubles cardiovasculaires)
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23759977 En synthèse, nous pensons que l'attention portée sur les risques de la
codéine chez l'enfant doit être élargie d'une part à l'adulte et au sujet agé et, d'autre part, à toutes les molécules empruntant le cytochrome P450 2D6 :
codéine,
tramadol mais aussi
oxycodone. Des travaux ont été menés sur les variations du métabolisme de cette dernière, présentés notamment l'année dernière à la SFETD (Dr Desmeules, références ci-dessous). Chez des sujets vulnérables (enfants, sujets âgés...) ou en cas de co-prescription avec les nombreux médicaments qui empruntent le cytochrome P450 2D6, les antalgiques empruntant eux-mêmes le cytochrome P450 2D6 doivent être prescrits avec grande précaution, selon les auteurs de ces articles. Ou, plus simplement, on peut leur préférer des analgésiques n'empruntant pas cette voie de métabolisation sujette à d'importantes variations (ex :
hydromorphone, tapentadol,
morphine...).
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20590587http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20590588 Une publication récente de Sebastiano Mercadante fait un excellent panorama des aspects cliniques liés au métabolisme des
opioïdes et confirme les précautions à prendre.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26522929 Pr Daniel ANNEQUIN, Hôpital Armand Trousseau, Paris
Dr Patrick KIEFFERT, CHR Metz-Thionville
Dr Jacques POUYMAYOU, Oncopôle, Toulouse
Dr Stéphane ROBINET,
CSAPA Ithaque, Strasbourg