Bonjour Miaou (et les contributeurs
),
Je viens de m'inscrire après avoir découvert ce fil de discussion.
Je suis moi-même accro au dafalgan codéiné sans jamais avoir dépassé 6 cps/jr, et peux facilement tomber à 0 du jour au lendemain en période de vacances ou quand l'esprit va mieux, simplement. Donc "vraie addiction" ou pas ? j'avoue que je ne sais pas. L'effet recherché est plutôt une certaine euphorie, même si au départ le problème était lombalgique (les hernies discales sont toujours bien là , mais plus si gênantes qu'avant).
Je voulais réagir au fait que je bosse aussi dans un grand groupe (cadre sup), que j'ai traversé une "sorte de burn-out" il y a 8 mois qui s'est traduit par 4 mois d'arrêt de travail. Je dis "une sorte de" car la cause n'était pas qu'une surcharge de travail, mais aussi une perte de sens, de compréhension du "comment fonctionne cette boîte", de changements insidieux vers des missions moins intéressantes, d'une organisation de travail subie et de moins en phase avec moi, et au final d'une forme d'isolement progressif et d'une anxiété chronique me faisant perdre peu à peu mes liens sociaux. Et avec ça de gros problèmes d'endormissement (ruminations). Un jour, je n'ai tout simplement pas pu retourner au bureau. Angoisse totale, panique. Direction le médecin traitant. Anti-dépresseurs (visée anxiolytique) + BZP à la demande (la
codéine, c'est moi qui me la procure "de mon côté depuis longtemps...). Arrêt de travail. 15 jours, puis 1 mois, et ainsi de suite. Il faut dire que jusque-là je n'étais JAMAIS en arrêt de travail. Il faut vraiment que je sois cloué sur le trône avec une gastro-entérite des familles pour que je déclare forfait le temps que je sois sevré des WC :)
Bref, je veux en venir au fait que, même s'il est préférable "d'éviter" le burn-out (appelons ça plutôt un "pétage de plombs"), de détecter les signes avant-coureurs et d'anticiper, ce n'est pas la fin du monde quand on tombe dedans. Ni une impasse. En tous cas, pour moi :
- 4 mois d'arrêt de travail ne m'ont pas transformé en zombie restant dans son lit, incapable de quoi que ce soit.
- au début j'étais super mal car je culpabilisais à mort de ne pas être au bureau. Impression de profiter du "système" (genre "c'est pour les autres, pas pour moi"). J'avais des heures de sortie libres, et pourtant je n'osais pas sortir de chez moi : "mes voisins vont voir ce qui se passe", "comment vais-je faire pour éviter de parler de ça autour de moi ?", "c'est pas bien de se faire du bien alors que les autres bossent", etc.
- je me suis fait aider dès le début de l'arrêt de travail par une psychologue : vraiment une bonne chose, car même si j'étais déjà beaucoup trop dans l'analyse de ce qui m'arrivait, je ne me posais pas les bonnes questions... et donc ne trouvais pas les réponses, évidemment :)
- je me suis réouvert à des choses que je plaçais derrière la priorité accordée au travail : sport, photographie, et même mes premiers cours de guitare !
- le comble, c'est quand le médecin de la sécu m'a contrôlé au bout de 3 mois et m'a dit : "mais monsieur, 4 ou 5 mois d'arrêt, ça risque fort de ne pas être suffisant vu ce que vous traversez", alors que je m'attendais à recevoir l'ordre de reprendre le travail dès le lendemain !
Au final, qu'est-ce que j'en retiens ?
Que quand on commence à s'accepter tel qu'on est, et qu'on est honnête avec soi-même, tout va beaucoup mieux.
J'ai repris mon ancien travail. Est-ce que les choses ont changé de ce côté-là ? Pas vraiment. Mais j'ai découvert de la bienveillance autour de moi à mon retour. Les gens se sont mis à parler de "ce genre de problème". Le côté humain des relations au travail s'est mis à ressortir. Et on se sent subitement bien moins seul. J'ai dit à tous ceux qui voulaient l'entendre ce que j'ai traversé, et je me moque des conséquences directes ou indirectes (mutation, licenciement, démission...?). Si on estime que je ne fais pas ou plus le job, que je suis un "faible", on discutera. De toute façon je ne resterai pas dans cette entreprise à moyen terme, c'est impossible, c'est aussi ce que m'aura fait voir cette parenthèse dans ma vie.
J'essaye de ne faire que ce que j'ai envie de faire.
Je dis ce que je pense aux autres. A ma famille, à mes collègues, à mes amis (ceux qui restent).
Et j'ai réduit la
codéine. 2 dafalgan codéiné/jr. Je n'arrive pas à tomber à 0 (hors vacances).
J'ai toujours sur moi ces 2 cps et 1 cp de BZP, pour le cas où. Mais je m'aperçois au final que les avoir sur moi me rassure plus que de les consommer :-)
Et je partage totalement l'opinion de Away "
il vaut mieux quelqu'un sous prod mais qui a trouvé son équilibre et qui se sent bien plutôt que quelqu'un qui se met en difficulté pour un retour à une norme dans laquelle elle ne se sent pas forcément à l'aise".
Voilà , désolé si j'ai encombré cette discussion
Portez-vous bien :)
A signaler : chez moi la
codéine avait de plus en plus tendance à ajouter du stress et de la nervosité, une tension intérieure (surtout à 6 cps/jr). On ne réagit évidemment pas tous de la même façon, mais je constate que depuis que l'anxiété/angoisse s'est fortement amplifiée chez moi, la
codéine n'a fait que l'aggraver (durant la durée d'effet des cachets).