Salut Swissmann,
D'avance, je tiens à préciser que j'ai toujours appelé un chat un chat et que parfois mon style plutôt direct peut être mal perçu mais il ne le faut pas; jamais je ne juge et ne jette l'opprobre sur quiconque. Je serais le dernier des cons auquel cas, vu que je suis passé par là !
Pour terminer, l'humour employé parfois, cette autodérision, est un blindage qui m'est nécessaire. Il protège et me permet de rester lucide.
Il y a autant de "cas" que de personne, ma réponse sera donc celle de mon (sur)vécu en tant qu'(ex...) - note les points de suspension - gros conso (je dois m'être "empiffé" de quoi plâtrer un immeuble entier de 69 (
) étages)
Après trois ans sans rechute et médocs (mauvais souvenirs que j'expliquerai par ailleurs), la garce m'obsédait toujours 24H/24 et ce 7j/7. Après 5 ans, ces chiffres ont un peu baissé...parce que je dormais plus...
Je considère (et ça n'engage que moi) que je suis comme un alcoolo: on l'est et le restera jusqu'au bout, même si on a arrêté. Si physiquement on peut s'en tirer, au niveau cérébral, c'est le cadeau à vie (pour ma part) de cette amante qui s'est muée en mère maquerelle qui s'accroche comme un morpion dans les méandres de ton cerveau
Après avoir courageusement détruit et balancé tout ce qui pouvait rappeler le rituel (c'est souvent cette "nostalgie" qui "empêche de". Enfin, en partie), mais après un retour en (forcément) arrière pour les cartes de paiements/retraits (après être passé au supermarché du coin et avoir en vain cherché ta carte, tu te dis que sur le coup tu as peut-être été trop excessif, d'autant plus si ton boulot t'amène à beaucoup voyager hein), je me suis dispersé. Trop dispersé...
J'ai déménagé, j'ai fait des tas de choses, souvent de manière excessive croyant mieux pouvoir compenser: sport, activités culturelles, etc. Le trop est l'ennemi du bien. Je me suis posé sur ce qui m'avait jusque-là maintenu la tête hors de l'eau: l'écriture. Au début, stylo et feuilles (le PC, c'est génial mais tu as tendance à effacer, sans sauvegarder), niveau concentration, ça m'aidait
Peu à peu, les minutes passées à penser à cette saloperie si bienveillante se sont muées en quart d'heure, puis en heure. Aujourd'hui, plus de 10 ans après, sans rechute, j'y pense encore au moins une fois par jour... Pour le "bon côté" du récréatif. Mais au fond de moi, il y a toujours ce gyrophare de mise en garde qui clignote: je suis faible d'être fort! Et, restons lucides: rien ni personne peut me prétendre que je ne croiserai plus jamais un rail. D'où le hasard qui m'a amené ici, en guise de prévention sans doute...
Donc, après ce pavé (sorry mais le naturel est difficile à chasser), tu as passé le cap des deux ans, c'est super. C'est dur, tu en baves. Honnêtement, tu vas encore en baver. Concentre-toi sur ce que tu kiffes le plus (à part cette saloperie bien sûr), change de coin, éloigne-toi de tout ce qui peut t'attirer en la matière. Bref, tout ce qu'on "conseille" d'habitude.
Reste lucide, tu vas encore en "chier" (c'est la seule certitude à avoir en ce domaine) mais garde à l'esprit que tu as franchi les 2 ans sans replonger et que chaque jour qui passe est gagné et que le suivant en appellera d'autres.
Je ne te connais pas, chacun a sa "sauce" pour y remédier mais continue à résister et pour les "Up and down", si besoin, trouve au moins une personne à qui te confier, partager cette souffrance, qui n'aura aucun jugement, c'est primordial... J'ai un caractère plutôt fort pourtant, bien que je le croyais, la souffrance permanente que cette garce m'a si généreusement prodiguée, m'a submergé. Elle m'a niqué pendant longtemps. Depuis, c'est moi qui la nique. Jusqu'à présent. Je garde en tête que la C est la pire de toutes...
Ce n'est qu'un témoignage, pas la panacée. Il n'y a pas de bouton miracle sur lequel appuyer mais un (plus ou moins long) cheminement à trouver et négocier avec soi-même.
Et si j'osais, pour "alléger" l'ambiance, je terminerai ce post par un texte écrit par l'un de tes compatriotes (Jacques Chessex, 1934-2009). Une analogie un peu "Olé Olé", je le conçois...
"Madame au fond de vous j'ai mangé au fruit rose
Et je n'en suis pas encore rassasié
Pour être vrai j'accours à ce nouveau cellier
D'avoir
Madame en vous mangé si claire chose
Madame j'ai tâté de l'enfer je suppose
En m'abandonnant de la langue à ce beau fruit
Depuis j'erre assoiffé affamé jour et nuit
Ne pouvant me passer d'une nouvelle dose
Quel secours appeler?
Je ne sais pas attendre
Ni ne peux plus aller par un autre sentier
Sans que le goût de votre pulpe me poursuive
Vous perdant comme on perd les perles d'un collier
Si de votre déduit ne puis être la grive
Me soûlant à votre raisin tendu et tendre"
Dernière modification par JeFus (28 avril 2017 à 16:34)