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Migrants et sida. Voilà un sujet sensible, propice aux idées reçues et aux raccourcis. « Immigration thérapeutique », disent certains politiques. « Les Africains viennent en France pour se faire soigner », affirment aussi, à mots couverts, certains médecins.
La réalité est bien plus nuancée, comme le montre une étude parue dans The Lancet Public Health(1). Un travail passionnant, mené sous l’égide de l’Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS) et de l’Institut de recherche pour le développement. Et qui met en exergue une réalité dérangeante : les violences sexuelles subies en France par les femmes migrantes multiplient par quatre leur risque d’infection au VIH.
Les immigrés d’Afrique subsaharienne, le second groupe le plus touché par le VIH
Cette étude est issue d’une enquête détaillée dans un livre paru l’été dernier (2). Cet ouvrage rappelle d’abord qu’après les homosexuels masculins, les immigrés d’Afrique subsaharienne représentent le deuxième groupe le plus touché par le VIH en France. En 2013, parmi les 6 620 patients ayant découvert leur séropositivité sur notre sol, 31 % étaient originaires de cette région.
Quand et comment ont-ils été contaminés ? Et quel impact a eu leur parcours de vie et de migration sur leur comportement de prévention et de soins ? Voilà les questions au cœur de l’enquête « Parcours » qui, en 2012 et 2013, a permis d’interroger près de 2 500 hommes et femmes : 926 personnes vivant avec le VIH, 779 porteuses d’une hépatite B et 763 n’ayant aucune de ces deux infections.
Un travail au long cours dont le premier mérite est de torpiller l’image d’une épidémie « d’importation ». Dans près de la moitié des cas (44 %), ces hommes africains n’ont pas quitté leur pays pour être soignés en France. C’est après leur arrivée qu’ils ont été infectés par le VIH. Ce qui est aussi le cas de d’un tiers (31 %) de ces femmes.
Des migrants contaminés durant les premières années en France
À quel moment ces personnes ont-elles été contaminées ? Le plus souvent durant les premières années de vie en France. Durant ces mois de forte précarité administrative et sociale. Sans titre de séjour ni logement stable.
Voilà l’autre enseignement majeur de l’enquête. La vulnérabilité face au sida est très liée aux conditions de vie des migrants. « Les années de précarité sont aussi des années où la sexualité est plus à risque : toutes choses égales par ailleurs, les hommes et les femmes ont plus de relations sexuelles occasionnelles les années où ils n’ont pas de logement stable », soulignent les auteurs.
Les femmes, les plus exposées à une sexualité transactionnelle
C’est particulièrement frappant pour les femmes qui, en situation de précarité, sont souvent exposées à des rapports non consentis ou une sexualité transactionnelle. « En échange d’un hébergement, d’une aide matérielle ou par peur d’être expulsées », souligne Julie Pannetier, démographe, qui a participé à l’étude.
« Les années où les femmes sont sans logement stable apparaissent associées à un risque de relations transactionnelles multiplié par 8 », relèvent les auteurs, en ajoutant que les femmes, ayant été infectées en France, sont quatre fois plus nombreuses à avoir déclaré ce type de relations.
Le sida, maladie de toutes les vulnérabilités. Éternel « révélateur social » selon l’expression de Daniel Defert le fondateur de l’association Aides. La conclusion des auteurs de cette enquête fait date : « La première chose dont les immigrés ont besoin pour prendre soin d’eux-mêmes et se protéger du VIH/sida et autres risques sexuels, c’est de pouvoir y penser. Cela n’est possible qu’une fois libérés de l’extrême insécurité, de l’angoisse liée à des démarches administratives lourdes et à l’issue incertaine, du souci d’avoir un toit pour dormir. »
Source : https://www.la-croix.com/Sciences-et-et … 1200908041
1- https://www.thelancet.com/journals/lanp … 6/abstract
2- Parcours de vie et santé des Africains immigrés en France, sous la direction d’Annabel Desgrées du Loû, France Lert, la Découverte.
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mikykeupon a écrit
Un travail au long cours dont le premier mérite est de torpiller l’image d’une épidémie « d’importation ». Dans près de la moitié des cas (44 %), ces hommes africains n’ont pas quitté leur pays pour être soignés en France. C’est après leur arrivée qu’ils ont été infectés par le VIH. Ce qui est aussi le cas de d’un tiers (31 %) de ces femmes.
Tel que c'est formulé, on peut en déduire que 66% ont été infectés avant leur arrivée sur le sol, ce qui ne torpille rien du tout, au contraire. Ou alors, on suppose que c'est 44% de la population totale, mais ce n'est pas dit explicitement/pas clair. Est ce que tu sais ce qu'ils ont voulu dire avec ces chiffres ?
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Et oui, les migrants sont une population très touché par le VIH. En partie dû à la pauvreté qui règne en Afrique, ce qui fait qu'ils ont moins de préservatifs, moins de contraceptions, moins de médicaments...
C'est pour ça que l'association Act Up c'est mis à défendre le droit des immigrés et qu'il est plus qu'important d'ouvrir les frontières.
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